Publié le Samedi 2 mars 2024 à 12h35.

L'imam Mahjoub Mahjoubi doit pouvoir rentrer en France

La campagne raciste de longue durée orchestrée par l’État contre les musulmanes et les musulmans est rythmée par les fermetures injustifiées de mosquées, d’associations et d’établissements scolaires, ainsi que par les expulsions particulièrement médiatisées d’imams accusés de porter atteinte à la France ou à ses valeurs. Après Hassan Iquioussen, expulsé spectaculairement grâce à un dossier monté de toutes pièces, la nouvelle cible de cette violence raciste est Mahjoub Mahjoubi, l'imam de la mosquée de Bagnols-sur-Cèze, qui vit en France depuis plus de 40 ans. 

Comme toujours, c'est l'extrême droite qui est à l'origine de cette agression raciste et qui désigne la cible : ici, le député Rassemblement national Nicolas Meizonnet qui, dans un tweet publié le 18 février, a demandé directement à Gérald Darmanin d'expulser Mahjoub Mahjoubi. La raison invoquée ? La vidéo d'un prêche dans laquelle l'imam qualifierait le drapeau tricolore, c'est-à-dire le drapeau français, de satanique. Des propos de que dément l’intéressé. Malgré les nombreuses explications apportées par Mahjoub Mahjoubi lui-même, l'intégralité des médias a continué de reprendre à son compte la version de l'extrême droite, sans qu’il soit possible pour quiconque de vérifier ses propos. Cela est symptomatique de l’oppression  musulman·es en France : être toujours objet de discours et jamais reconnu comme sujets ayant une parole autonome.

Cette histoire abjecte et raciste est couronnée par l'expulsion effective de Mahjoub Mahjoubi le 22 février, suivie de la communication expresse de Darmanin se vantant d'avoir pu l'expulser 12 heures seulement après son interpellation grâce à la loi immigration entrée en vigueur le mois dernier. Une nouvelle fois, le ministre de l'Intérieur se met non seulement au service de l'agenda de l'extrême droite, mais répond aussi à ses requêtes. 

Au-delà des propos, dont il reste à démontrer s’ils ont été tenus ou non, cette expulsion montre le caractère liberticide de la loi immigration, qui permet à la police d’expulser qui elle veut en cas d’« atteinte aux principes républicains fondamentaux », sans avoir à rendre compte à la justice, et en dehors de toute condamnation judiciaire, bafouant ainsi les droits fondamentaux et mettant ainsi en cause les fondements de l’État de droit.

Le NPA s'oppose à l'expulsion de l'imam Mahjoubi et soutient toutes les musulmanes et musulmans visé·es par l'islamophobie d’État. Nous demandons le retour de Mahjoub Mahjoubi et l’abrogation de la loi immigration.

Montreuil le mardi 27 février 2024