Publié le Mercredi 3 février 2016 à 11h26.

A Calais et partout... Bienvenue aux réfugiéEs !

Ces deux dernières semaines, 82 migrantEs - hommes, femmes et enfants - sont morts noyés en mer Egée. En 10 ans, ce sont près de 30 000 naufragéEs, fuyant les zones de guerre qui auront laissé leur vie aux portes de l’Europe forteresse. Et la probabilité d’une nouvelle intervention militaire en Libye annoncée par le gouvernement ne fera qu’alourdir ce bilan.

Calais, pointe avancée de la répression

Depuis lundi, les bulldozers sont de nouveau entrés en action, détruisant des dizaines d’habitations de fortune, ainsi qu’une église et une mosquée qui servaient également de lieux de réunions. Le harcèlement policier permanent, les provocations et les violences de milices néo fascistes, mettent le bidonville à ébullition...

C’était donc certainement cela le « serment de Calais » rendu public ce dimanche par le lyrique député PS Yann Capet, en appelant, de concert avec Xavier Bertrand, François Hollande à se rendre rapidement à Calais. Les 25 mesures préconisées par la « feuille de route » accompagnant l’événement ne sont pourtant qu’un resucée du plan Cazeneuve orienté vers un seul but : réprimer et disperser les migrantEs. L’objectif de diminuer des trois quarts (1500) le nombre d’habitantEs de la « jungle » ne pourrait se réaliser qu’au prix d’une déportation massive. Tout laisse à penser que les autorités s’y préparent. En créant un « délit d’intrusion », toute tentative de pénétration dans le tunnel ou sur un ferry entraînerait des poursuites judiciaires, et probablement la mise en détention.« Interdire les rassemblements et manifestations qui font converger les extrémistes vers Calais et qui attisent les tensions »Cette mesure préconisée par notre socialiste en carton pâte et par la très droitière maire de Calais résonne comme une invitation à récidiver pour les 3 000 antiracistes qui, le samedi 23 janvier, sont venus apporter leur soutien aux migrantEs, par une belle manifestation internationaliste, joyeuse et colorée, lueur d’espoir en une société fraternelle débarrassée des flics, des barbelés et des miradors !

Car nous n’accepterons jamais le huis clos de l’État dans sa sale besogne. Tout a été fait pour décrier et minimiser cette manifestation, la plus grosse que Calais ait connue depuis fort longtemps. On a même été jusqu’à nous infliger des « reportages » complaisants sur des « riverains excédés » se sentant menacés par les manifestantEs, contraints malgré eux de sortir un fusil pour se protéger. Vérification faite, il s’agissait de deux néonazis bien connus, dont un avait déjà été condamné pour des actions violentes commises contre des migrants...

Le 22 février, unité contre la répression

A l’issue de la manifestation du 23 janvier, plusieurs dizaines de migrantEs et quelques soutiens se sont introduits dans la zone portuaire et ont réussi à monter sur un ferry en partance pour l’Angleterre, illustrant en actes leur principale revendication : déposer une demande d’asile dans le pays où ils ont décidé de s’établir. Six d’entre eux, ainsi que deux soutiens, ont été arrêtés et seront traduits devant le TGI de Boulogne le lundi 22 février. Les six migrants ont été incarcérés, les deux soutiens en liberté sous contrôle judiciaire.

Tous risquent de six mois à un an de prison, et 3 500 à 7 000 euros d’amende.Nous devons rapidement organiser des cadres de mobilisation unitaires pour faire du 22 février une journée de solidarité envers nos camarades, pour nous rassembler devant le tribunal pour celles et ceux qui peuvent se déplacer, et organiser des rassemblements locaux pour les autres. C’est la proposition que fait le NPA aux différentes forces déjà mobilisées contre l’état d’urgence et en soutien aux migrantEs.

Le 19 mars, mobilisation internationale contre le racisme et le fascisme

Après le succès des mobilisations à Calais et à Evros le 23 janvier, nous devons redoubler d’efforts pour augmenter la pression contre les gouvernements et leur politique criminelle dont sont victimes les migrantEs partout en Europe. Athènes, Londres, Hambourg, Genève, Vienne, Amsterdam... Les appels se multiplient pour faire du samedi 19 mars une échéance importante de convergence des antiracistes et des antifascistes.

Pour dire stop aux naufrages criminels en Méditerranée et en mer Egée, pour exiger l’ouverture des frontières terrestres, seule solution pour que cessent ces carnages. Pour réaffirmer la légitimité du droit à circuler et s’établir. Pour dire non aux guerres impérialistes qui contraignent des centaines de milliers d’êtres humains à fuir leur pays. Pour dire que décidément, on n’en veut pas de cette société-là !

Alain Pojolat