Publié le Mardi 3 mars 2020 à 11h48.

Des humains monnaie d'échange

Pour amener les autres membres de l’OTAN à soutenir son offensive en Syrie, le président turc Erdogan a annoncé qu’il n’arrêterait plus les les réfugiés voulant passer de Turquie en Europe. En 2016, l’Union européenne avait « dealé » avec la Turquie pour qu’elle ne laisse plus passer les réfugiéEs, notamment syriens, en échange de quelques milliards d’euros.

Les réfugiéEs qui se sont mis en mouvement ces derniers jours sont mus par l’espoir d’entrer en Grèce, que ce soit par voie terrestre, via la ville d’Edirne en Thrace orientale, ou maritime, depuis les côtes de la mer Egée vers les îles grecques. Au-delà, ils et elles voudraient poursuivre vers d’autres pays qui, tous, ont de fait fermé leurs frontières.

Des centaines de réfugiéEs bloquéEs par la police grecque s’entassent aujourd’hui à la frontière terrestre gréco-turque. D’autres essaient de passer par la Bulgarie. Des affrontements avec la police ont fait des blessés sur les îles grecques de Lesbos et Chios : des habitantEs et des groupes d’extrême droite protestent contre la construction de nouveaux camps pour les migrantEs et s’attaquent à ces derniers. Il est clair que sur certaines de ces îles, d’étendue réduite, un afflux massif de migrantEs, qui ne peuvent en repartir, crée une situation difficile à gérer si une véritable politique d’accueil n’est pas mise en œuvre. L’inverse de ce que fait le gouvernement actuel de la Grèce, de droite avec des éléments d’extrême droite, qui distille un discours xénophobe qui gangrène les mentalités.

Non seulement la Turquie, mais tous les États européens, sont responsables de ces évènements, y compris ceux qui, comme le gouvernement français se donnent le beau rôle mais, en fait, se sont accommodé de voir les îles grecques transformées en prisons surpeuplées à ciel ouvert.

« Une fois de plus, des personnes en quête d’asile sont utilisées comme une monnaie d’échange dans un jeu politique meurtrier, conséquence prévisible de l’accord UE-Turquie », a déploré Massimo Moratti, directeur adjoint d’Amnesty International. Les réfugiéEs, les êtres humains, devient effectivement une monnaie d’échange dans ce capitalisme pourrissant où chacune des puissances veille au grain de ses intérêts fluctuants, sans se préoccuper des conséquences sur les peuples.