Publié le Samedi 30 mai 2020 à 09h33.

Gabriel, 14 ans, tabassé par les policiers !

À Bondy, dans la nuit du 25 au 26 mai, Gabriel Djordjevic est interpellé par des policiers après avoir tenté, semble-t-il, de voler un scooter avec un autre jeune1. En voyant arriver la police, ils fuient chacun de leur côté. Pour cela il sera tabassé.

Du quartier aux urgences pédiatriques

Gabriel rattrapé par les policiers est plaqué au sol, maintenu par un genou sur la tête et un autre sur les épaules, menotté et bourré de coups de bottes. Le jeune ado dira qu’il a crû mourir. Il aurait pu en effet être tué. Dans la nuit sa mère est avertie que son fils est en garde à vue mais qu’il va bien. Cela ne la rassure pas, par deux fois elle téléphone au commissariat le lendemain matin, on lui répond que son fils va l’appeler. En fait, c’est le service des urgences pédiatriques de l’hôpital de Bondy qui la rappelle pour lui annoncer que Gabriel souffre d’un sérieux traumatise facial et crânien, il a des dents cassées, de nombreux hématomes et une fracture maxillaire gauche avec atteinte de l’orbite. Il est sous le choc. Son état nécessite 30 jours d’ITT (incapacité totale de travail) et un transfert dans le service de chirurgie maxillo-faciale de l’hôpital des enfants Necker où il devra subir une intervention. Son avocat, maître Thomas Marieri déclare « la police arrête des gens… mais il y a disproportion entre arrêter et éclater la tête d’un jeune de 14 ans. On a fréquemment des personnes qui ressortent de garde à vue avec la tête au carré ». Ici, en France, on massacre même des enfants !

La répression sans limite avec l’état d’urgence sanitaire

Le tabassage de Gabriel n’est pas un acte isolé, il est systémique. Moins la parole et les actes politiques de Macron et de son gouvernement est crédible et efficace pour nous tous, plus le nombre et l’intensité des actes de violence policière augmente. Cette violence s’exerce comme toujours sur ceux et celles d’entre nous que ce régime pour les riches fragilise le plus. Ainsi les habitants des quartiers populaires payent le prix fort l’épidémie de coronavirus. C’est dans les villes et les banlieues paupérisées que la maladie a le plus frappé, dans les quartiers populaires qu’habitent souvent les premiers de corvée au boulot chaque jour souvent sans protections efficaces, c’est encore dans les quartiers populaires que les travailleurs/ses précaires se retrouvent aujourd’hui au chômage. Quant aux personnes sans papiers ils sont souvent restés « confinés dehors » ou rassemblés dans des lieux au confinement impossible. C’est sur tous ceux-là que s’abat une répression ciblée, raciste, permanente de policiers investis de pleins pouvoirs. De nombreuses vidéos tournées par des citoyens confinés sur leurs balcons montrent dans les rues vides la violence des coups, jusqu’à la mort parfois, de personnes racisées qui n’avaient souvent qu’oublié leur attestation de sortie… Ce sont des humiliations et une culpabilisation sans fin : « les jeunes des quartiers ne se confinent pas », « les parents devraientgarder leurs enfants à la maison »... Les victimes sont coupables. La fabrication des boucs émissaires n’est pas confinée ! 

Oui les quartiers ont raison de se rebeller

Parce que trop c’est vraiment trop. La déclaration haineuse « les bicots ça sait pas nager », référence même pas voilée à un crime d’État colonial (le 17 octobre 1961 la police de Paris avait jeté dans la Seine des centaines d’Algériens qui manifestaient pacifiquement) a suscité le puissant rassemblement d’Argenteuil où les manifestants ont crié leur colère devant ce mépris de l’État. Aujourd’hui la Marche des solidarités à Paris et dans de nombreuses villes de France va exiger : des tests de dépistage systématiques, des distributions massives de masques, de gants et de gels gratuits pour tous et toutes, la fermeture des centres de rétention, l’ouverture inconditionnelle de lieux d’hébergement dignes et pérennes, la suspension des loyers et des charges, la régularisation inconditionnelle et définitive de tous et toutes les sans-papiers, l’égalité des droits.

Nous n’oublierons pas Gabriel. À sa famille, à ses amis nous apportons toute notre solidarité et notre aide. Avec eux nous exigeons que justice soit faite. Et plus que jamais nous sommes mobilisés avec rage, avec ténacité, pour que ce monde change radicalement !