Publié le Lundi 18 décembre 2017 à 16h30.

Une belle manifestation à Menton le 16 décembre

Nous partîmes 500 et arrivâmes à 1000! Manifestation pas énorme mais pas ridicule non plus, dans une lointaine “petite” ville. Il s’agissait d’aller sur la frontière pour dénoncer ce qui s’y passe en terme d’inhumanité, de contester fermement les politiques, dont celle de Macron, qui organisent ce rejet des migrants, de leur apporter notre solidarité ainsi qu’ à leur soutiens locaux, poursuivis pour cause de solidarité. Une minute de silence a aussi été respectée à la mémoire de tous ceux, toutes celles qui sont morts dans cette mer. Le maire de droite, Jean Claude Guibal, qui tient la mairie d’une main de fer depuis un quart de siècle avec son clan familial et à coups de clientélisme parfaitement assumé ne s’y était pas trompé. Il avait pour l’occasion mobilisé massivement ses policiers municipaux, accompagnant un grand nombre de CRS et policiers en civil. La veille, il s’était également fendu d’une lettre aux citoyens au sujet de tous  les inconvénients, notamment en terme de circulation, qu’ils allaient devoir subir tout au long de la journée. Le tout dans un climat politique hostile: l’opposition municipale la plus forte est celle de l’extrême droite (plus de 27% des suffrages aux dernières élections). Des affiches de guerre civile particulièrement haineuses, non signées, placardées sur les murs de la ville, dénonçaient « un rassemblement de casseurs d’extrême gauche en soutien aux clandestins » et affirmaient que « Menton ne serait pas un deuxième Calais ».  Malgré le contexte, il n’y a eu que deux incidents, réglés fermement et immédiatement par des manifestants, avec des militants d’extrême droite, pas avares de saluts nazis.

Le cortège très dynamique avec quelques banderolles, des drapeaux, des pancartes et des slogans justes « des papiers pour tous et toutes, ouvrez les frontières, c’est pas les immigrés qui sont de trop… »  fortement repris. Beaucoup de diversités :  un gros cortège de la coordination sans papiers 75, très pèchu, une banderolle et un bon nombre de membres de l’UJFP, de Solidaires. Egalement des personnes badgées CGT, PCF, FI, LDH, EELV, FSU. Des jeunes libertaires. J’en oublie.

Nous avons fait un cortège NPA en fin de manif qui avait de la gueule, avec de nombreux jeunes, des camarades de Lyon, Annecy, Chambéry, Valence, Romans, Montpellier, Avignon, Marseille, Grenoble, et bien sûr les camarades du 06. Des militants NPA avaient aussi choisi de rester dans les nombreux collectifs locaux unitaires.

Les prises de paroles ont été variées  et riches: cheminots de la gare de Menton Garavan exprimant leur émotion devant ce qu’ils voient et leur solidarité, migrants africains apportant des témoignages à la fois terribles et très politiques, affirmant qu’ils sont là et que toutes les polices du monde ne pourront jamais les faire repartir de manière durable dans l’enfer d’où ils arrivent, très solidaires également, plusieurs interventions des soutiens, membres de l’association Roya Solidaires et avocats notamment, puis les quelques politiques présents ont pris la parole. Philippe Poutou, seul leader national à être là, était bien en phase avec les manifestants, concis, juste et chaleureux, il a bien exprimé l’engagement durable du NPA sur cette question humaine et politique, nos revendications de liberté de circulation et d’installation, notre soutien indéfectible aux personnes mises en cause par la justice pour "délit de solidarité". Il été très applaudi et ensuite salué amicalement par de nombreux manifestants.

Malgré une sono défectueuse, René de l’association Roya solidaire a parfaitement animé l’ensemble des interventions, avec patience, fermeté et… poésie! 

En conclusion : les présents étaient assez enthousiastes. Aller sur place, sur la frontière, voir comment les choses se passent, entendre les témoignages des habitants migrants ou pas est une bonne expérience.  Beaucoup de discussions dans les (longs!) trajets en car, comme toujours. Donc une réussite, qui en appellent d’autres. Ce qui passe par la perspective d’une nouvelle initiative nationale en mars, voir au moment des nouvelles discussions autour de Dublin, une inscription dans les etats généraux des migrations qui auront lieu également au printemps? La dimension internationale absente de cette manifestation devra se construire. Lors du prochain congrès du NPA en février 2018, nul doute que la question des migrations, comme l’un des enjeux politiques central de la période, sera réaffirmée clairement.

Roseline Vachetta