Publié le Mardi 24 décembre 2019 à 14h12.

Climat : encore une COP pour rien

Même si elle a été la plus longue en un quart de siècle d’existence, la COP25 – 25e conférence de la Convention des Nations unies sur le changement climatique – se conclut à nouveau sur une inaction criminelle.

La révision à la hausse des engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre des différents pays est renvoyée à... la prochaine fois, en 2020 à Glasgow. Pourtant les engagements pris en 2015 à Paris sont scandaleusement insuffisants : même s’ils étaient respectés, ils aboutiraient à une hausse de la température supérieure à 3 °C. Il n’y a aucune avancée sur les aides pour les pays les plus pauvres, premières victimes du changement climatique, appelées les pertes et dommages (loss and damages). Comme le dit le représentant de Tuvalu, « des millions de gens souffrent déjà des effets du changement climatique. Ne pas fournir de l’assistance peut être interprété comme un crime contre l’humanité ». Il n’y a rien non plus sur le financement à long terme… 

Marché du carbone

Le sujet central de cette COP est résumé par le Financial Times du 15 décembre : « Cette année, l’enjeu sera de trouver un accord sur un marché global de la compensation carbone, et de convaincre les signataires de Paris de soumettre des objectifs ambitieux plus ambitieux en 2020 ». Il s’agit de l’article 6 de l’accord de Paris qui porte sur le marché du carbone. Ce mécanisme offre la possibilité d’échanger sur un marché des droits d’émissions, dit autrement la possibilité d’acheter le droit de continuer de polluer en faisant reposer sur d’autres les efforts de réduction. Typique du « capitalisme vert », il existe depuis le protocole de Kyoto – signé en 1997 entré en vigueur en 2005 – et a démontré son inefficacité. Selon Daniel Tanuro, « le bilan est sans appel : 73 % des crédits échangés étaient largement factices, 2 % à peine correspondaient vraiment à des réductions effectives. De plus, beaucoup de ces crédits ont été acquis au détriment des populations du Sud, notamment des peuples indigènes chassés de leurs terres. Les tentatives de "corriger" le dispositif ont éliminé les fraudes les plus énormes mais sans rien changer sur le fond… »1

Foncièrement injuste et colonial dans sa mise en œuvre concrète, c’est le principe même du marché du carbone qui est à la fois inefficace et inacceptable. Il repose sur la fable capitaliste qui voudrait que le marché, en donnant un prix aux émissions de gaz à effet de serre, établisse une équivalence entre du carbone émis en continuant de brûler du gaz, du charbon et du pétrole en un lieu (de préférence au Nord) et du carbone absorbé par des forêts ailleurs (de préférence au Sud). Comme tous les mécanismes de compensation il prétend réduire la nature à une marchandise. « Il ne faut pas compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre » disait Albert Einstein. On ne peut pas espérer que le marché qui est la cause de la catastrophe climatique en soit aussi la solution.

Parce que, comme le dit Greta Thunberg, « la solution ne viendra pas des sommets, mais des peuples », nous ne pouvons compter que sur nos mobilisations et continuerons plus que jamais à construire un mouvement pour la justice climatique anticapitaliste. 

Commission nationale écologie