Publié le Lundi 17 octobre 2016 à 17h16.

Contre les crimes de Monsanto

Les 15 et 16 octobre s'est tenu à La Haye un tribunal citoyen contre Monsanto. Pas moins de 24 témoins, scientifiques, juristes... ont dénoncé les crimes de la multinationale, de ses OGM, de son herbicide le Roundup à base de glyphosate.

Les victimes sont nombreuses : enfants malformés, comme Théo dont la mère a été intoxiquée au glyphosate pendant sa grossesse en 2008, agriculteurs et agricultrices exposéEs aux herbicides, mais aussi bétail malade, rivières polluées et sols détruits, terres et semences traditionnelles confisquées...

Il est pourtant extrêmement difficile de faire condamner Monsanto comme le dit la juge sénégalaise Dior Fall Sow  : « L’arsenal juridique est très important. Les preuves du lien entre le glyphosate et les dommages causés existent. Pourquoi en sommes-nous encore là ? Quels problèmes font que les comportements de cette multinationale ne sont pas poursuivis et réprimés ? ».

L'agriculteur Paul François, intoxiqué en 2004 par l'herbicide Lasso, est un exemple des immenses difficultés rencontrées par ceux qui cherchent à obtenir réparation face à la multinationale : « C’est long, violent et coûteux. Les avocats de Monsanto n’ont pas cessé de me démonter. J’ai déjà engagé plus de 40 000 euros dans la procédure. Malgré sa condamnation en appel en septembre 2015, la multinationale ne m’a pas encore versé un centime. » Il doit encore attendre le pourvoi en cassation en 2017.

C'est pour bousculer cette situation de quasi-impunité que les 5 juges ont enquêté sur différents terrains : le droit à la santé, le droit à l’alimentation, le droit à un environnement sain , le droit à l’information, le droit de la guerre, afin de mettre en évidence la culpabilité du groupe. Ils rendront un avis consultatif autour du 10 décembre. La juge Françoise Tulkens pense qu’il permettra « à des avocats, des juges, des tribunaux, d’intervenir, d’aller plus loin sur les questions de responsabilité, de réparation des dommages causés par Monsanto. Mais aussi de faire progresser le droit international des droits humains ».