Publié le Mercredi 22 juillet 2020 à 18h40.

ITER, le stade ultime de la folie nucléaire

Comprendre leur « monde d’avant » pour construire notre « monde d’après » : état des lieux du nucléaire en France (série en sept épisodes, sixième épisode).

Dans les années 1950, Eisenhower, président des USA, affirmait : « L’énergie nucléaire va fournir à l’humanité de l’énergie gratuite en quantité illimitée ». Aujourd’hui, les adorateurs de l’atome nous vendent une « nouvelle source d’énergie propre pour l’humanité » : « Grâce à la fusion, la France deviendra l’Arabie saoudite du 21e siècle » (Raffarin, 2005).

 

Un délire mégalo

Le consortium de 35 pays chargé du réacteur ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor) en construction depuis 2010 à Cadarache (Bouches-du-Rhône) nous explique : « La fusion consiste à reproduire dans une machine les réactions physiques qui se produisent au cœur du soleil et des étoiles. Dans cet espace, on va avoir une machine au cœur de laquelle on va allumer un petit soleil qui va générer de l’énergie pour produire de l’électricité ». Dans cette cage magnétique (le tokamak), des électro-aimants refroidis à – 270 °C emprisonnent un plasma (gaz radioactif) à une température de 150 millions °C. Pour ce monstre de 10 millions de pièces pesant plus de 400 000 tonnes, entouré de 40 bâtiments et deux usines de « cryogénisation » et « détritiation », on a rasé 45 hectares de forêt domaniale et fait sauter à l’explosif 200 000 m3 de rocher. Le projet a déjà pris 10 ans de retard ; son coût (20 milliards d’euros) dépasse désormais celui de l’EPR. Vu les problèmes techniques, il pourrait atteindre les 60 milliards. Le premier plasma est prévu en 2025, pour tester jusqu’en 2035 des matériaux résistant à ces températures : pas gagné ! L’objectif pour 2050 est de produire 500 MW (le tiers de la puissance de l’EPR)… pendant six minutes : pas gagné non plus. Ensuite, un prototype pré-industriel devra prouver qu’on peut produire de l’électricité, avant de construire une centrale… on ne sait quand. Les prix Nobel de physique Pierre-Gilles de Gennes, Georges Charpak ou Masatoshi Koshiba n’y ont jamais cru : bilan énergétique désastreux, sans parler du bilan carbone. Alors que le soleil, le vrai, produit déjà.

Un GPII (Grand projet inutile imposé) mortifère à stopper 

Les charlatans du nucléaire nous prennent pour des gogos. Dépités par les fiascos de l’EPR et du projet Astrid (réacteurs dits de 4e génération), ils ont un nouveau joujou, très instable et dangereux : risques d’explosions, de secousses magnétiques (disruptions), avec dissémination de tritium (hydrogène radioactif, très toxique)… Avant que le scandale n’éclate ou que les fonds publics se tarissent, ce projet délirant est un gaspillage éhonté d’argent, de temps et de matières premières au profit des multinationales capitalistes. Par son statut d’extraterritorialité, c’est aussi une « zone de non-droit du travail » : cotiser pour la retraite ou la sécu est facultatif...  

Oui : « Sortir du nucléaire en moins de 10 ans, c’est possible ! » (brochure du NPA). L’organisation socialisée de la production au sein d’un monopole public de l’énergie, un vrai service public débarrassé du nucléaire, cogéré par les salariéEs et les usagerEs est la meilleure garantie pour développer de vraies solutions, réalistes celles-là : réduction de la consommation électrique, production et stockage d’énergies renouvelables…