Publié le Mercredi 26 juin 2019 à 10h02.

Finance : Natixis dans la tourmente

À défaut d’eau, la banque Natixis a dû avaler un peu de bouillon. C’est le résultat de ses liens avec un fonds spéculatif, dont la stratégie repose sur des prises de risques élevées dans ses placements, avec comme objectif des gains élevés. Le fonds en question, créé en 2010, s’est baptisé H2O Asset Management. Son nom n’a pas été choisi au hasard : « L’eau, c’est la performance, mais aussi la liquidité et la transparence », assurait, selon le Monde, Vincent Chailley, le directeur des investissements et cofondateur d’H2O Asset Management avec Bruno Crastes, directeur général. La liquidité, c’est important : ceux qui placent leur argent veulent être rassurés sur la possibilité de le retirer si s’est nécessaire.

On a beau faire l’éloge de la transparence, il faut faire de l’argent :  H2O s’est acoquiné avec un financier allemand, Lars Windhorst, qui compte à son actif deux faillites et une condamnation à une forte amende et à un an de prison avec sursis pour tromperie, et serait actuellement visé par diverses procédures judiciaires. Non content de placer l’argent qui lui avait été confié dans les affaires de Windhorst, Bruno Crastes était membre du comité consultatif de la société d’investissement de ce dernier. Détail supplémentaire : l’actionnaire principal de H2O Asset est la banque Natixis, qui détient 50,01 % du capital et qui, d’après les deux fondateurs du fonds, leur laisse « une liberté totale de gestion ».

Un récent article de la presse financière britannique a pointé le risque d’illiquidité de titres détenus par H2O, dont une partie a été émise par des sociétés détenues par Lars Windhorst. Résultat : les investisseurs commencent à retirer leur argent : 1,1 milliard d’euros en une journée. Et l’action Natixis boit le bouillon : – 14 % tandis que la banque s’acharne à expliquer qu’elle n’est pas responsable de la politique de H2O et qu’elle considère n’avoir aucune relation avec Windhorst.

Face à ce début de débâcle, diverses mesures ont été prises qui ont permis une stabilisation de l’action Natixis le lundi 24. Sous réserve de nouveaux développements, il est probable que l’hémorragie sera stoppée et que tout cela n’ira pas plus loin. Mais c’est une bien belle histoire où l’on retrouve tous les ingrédients du déclenchement des crises financières : des financiers que l’appât du gain amène à se lier avec un homme d’affaires sulfureux, un actionnaire qui laisse faire tant que ça marche, une panique qui commence… Tout ceci, alors que les ingrédients fondamentaux d’une nouvelle crise économique s’accumulent (ce qui ne veut pas dire qu’elle est pour demain).

HW