Publié le Mercredi 25 octobre 2017 à 17h57.

La fraude généralisée, stade suprême du capitalisme ?

Kobe Steel emploie 37 000 salariéEs. Créée en 1905, la firme fournit des pièces à des grandes entreprises sur les cinq continents. Elle vient de reconnaître avoir livré des marchandises n’ayant pas fait l’objet des contrôles de qualité prévus, les documents relatifs à ces contrôles ayant été falsifiés. Des portières de voiture Nissan, des pièces de Boeing ou de lanceurs de satellites Mitsubishi n’ont ainsi pas les caractéristiques attendues. En France, Renault et Valeo sont aussi clients de Kobe Steel.

Plus de 500 entreprises ont reçu des éléments qui ne correspondaient aux spécifications commandées et étaient accompagnés de faux certificats. Mais la triche pourrait remonter à une dizaine d’années, voire un demi-siècle.

Des phénomènes de « triche » ont été révélés ces derniers mois à propos de plusieurs entreprises japonaises : Takata a dissimulé des défauts de ses airbags, Mitsubishi Motors a menti sur la performance énergétique de ses véhicules et, plus récemment, Nissan a annoncé le rappel de tous ses véhicules produits et vendus au Japon entre octobre 2014 et septembre 2017 car les inspections règlementaires ont pu ne pas avoir lieu... Certains commentateurs veulent y voir une spécificité du Japon. Mais l’archipel est loin d’être le seul pays concerné par des présomptions d’informations erronées sur la production comme en témoignent, dans l’automobile, les enquêtes sur Volkswagen, Fiat-Chrysler ou encore Renault.

C’est un nouveau stade de la fraude comme mode de gestion du capitalisme. Acrobaties comptables, fraude et évasion fiscales sont depuis longtemps déjà pratiquées par des banques, des multinationales et des riches particuliers. Les banques communiquent des informations erronées. Tout cela concerne des entreprises « respectables » avec des sièges visibles et flamboyants (par ailleurs, plus discrètement, l’imbrication entre systèmes mafieux et capital international est de plus en plus étroite). Comme l’écrit l’économiste Jean-Marie Harribey, « peut-être, un jour, les historiens diront que la période que nous traversons aujourd’hui aura vu le capitalisme tellement engoncé dans une crise multiforme et inextricable qu’il n’avait pas d’autre recours que d’instaurer la fraude en mode de gestion permanent de la société »