Publié le Mercredi 7 novembre 2018 à 11h16.

Grève du 12 novembre : pour une journée « école morte » et le début d’une lutte prolongée !

Alors que, depuis la rentrée, le ministre Blanquer a multiplié les déclarations provocatrices et les attaques directes contre l’ensemble du système scolaire, le 12 novembre sera la première journée de grève nationale spécifique au secteur de l’éducation.

Ce sont d’abord la FSU, le Sgen-CFDT et l’UNSA qui ont lancé l’appel à mobilisation, mais seulement contre les 2 600 suppressions de postes dans le second degré car la CFDT et l’UNSA ne demandent pas le retrait des « réformes » gouvernementales (« école de la confiance », réforme de la voie pro, réforme du lycée et du bac, Parcoursup). Cet appel a été lancé juste avant la mobilisation interprofessionnelle du 9 octobre, avec pour conséquence le fait de voir des collègues renoncer à participer à la première pour se « réserver » pour la seconde. Les autres syndicats (CGT, FO, SUD, SNALC) ont ensuite rallié l’appel en insistant sur la nécessité d’exiger également le retrait des réformes Blanquer, car les suppressions de postes sont intrinsèquement liées à celles-ci. Résultat : il n’y a pas d’appel unitaire de toutes les fédérations mais des appels séparés. La FSU a préféré s’arrimer aux deux organisations syndicales qui ont accompagné toutes les réformes du gouvernement Hollande et qui continuent de faire de même avec celles de Macron. Cela aura forcément des conséquences sur l’évolution de sa stratégie, déjà bien peu combative ces dernières années…  

Une occasion à saisir pour que s’exprime la colère montante

À tous les niveaux du système éducatif, on assiste à une dégradation brutale des conditions de travail et d’étude. Le 12 novembre doit d’abord être l’occasion de rassembler dans la grève et dans la rue tous les personnels, de la maternelle à l’université, mais aussi les lycéenEs et les étudiantEs. C’est un des premiers enjeux car ni les fédérations étudiantes ni celles des personnels de l’enseignement supérieur n’y appellent. Comme si on pouvait encore « saucissonner » les problèmes qui touchent notre secteur, voire tenter d’opposer le primaire qui aurait été « mieux loti » au « secondaire sacrifié » ! Nous sommes touTEs frappés par le même mal, nous devons lutter ensemble sous peine d’en crever les unEs derrière les autres ! 

Les mesures Blanquer pour le primaire sont de la poudre aux yeux, puisque la limitation à 12 élèves dans les classes de CP et de CE1 des zones d’éducation prioritaire est en partie assumée par les autres classes de ces mêmes écoles et par les autres écoles où les effectifs d’élèves sont à la hausse. Quant à la nouvelle réforme du lycée général et technologique, son but est de mettre en cohérence le lycée avec les « attendus » demandés par les universités qui permettent de sélectionner et d’éliminer, in fine, des milliers d’étudiantEs. Pour les lycées professionnels, la réforme prévoit de réduire le nombre d’heures d’enseignement et de favoriser l’apprentissage, au détriment du service public d’éducation. Le rapport CAP 2022 est le fil rouge de cette ardeur du gouvernement à vouloir casser la fonction publique et les services publics, dont l’éducation est un des principaux budgets. 

Le 12 novembre ne peut être qu’un début

L’affaire de la vidéo d’un lycéen menaçant sa prof avec un pistolet factice a servi de prétexte au ministre pour sortir l’artillerie lourde des mesures les plus réactionnaires et répressives à l’égard d’élèves pour qui le système éducatif n’est plus qu’une machine de tri social. 

Il y a vraiment urgence à stopper toutes les politiques qui ne contribuent qu’à fermer les écoles et à ouvrir les prisons. Ce n’est pas le 12 novembre au soir qu’on y parviendra. Mais si cette journée est massive, qu’on en profite pour faire des assemblées générales dans les établissements et dans les villes, des pôles combatifs dans les manifestations, qu’on tape sur le clou du « TouTEs ensemble de la maternelle à l’université », et que l’on met en avant l’abrogation de toutes les contre-réformes Blanquer-Macron et la création des postes statutaires à la hauteur des besoins, on se donnera les forces nécessaires pour aller plus loin : un mouvement de grève dans la durée !

Marie-Hélène Duverger