Publié le Mardi 17 septembre 2019 à 18h38.

Ford Blanquefort : TouchéEs mais pas couléEs !

Le jugement est tombé, malheureusement sans surprise. La cour d’appel de Bordeaux a confirmé, le mardi 17 septembre, le jugement du TGI qui s’était déclaré incompétent, refusant ainsi de juger de l’existence ou pas d’un motif économique qui justifierait les licenciements et la fermeture de l’usine.

Un faux match nul. Car dans l’histoire, même si la justice ne donne pas raison à Ford, elle lève un dernier obstacle et permet ainsi à la multinationale de liquider son affaire. Les dirigeants de Ford se sont immédiatement déclarés satisfaits, eux qui ne sont pas à une indécence près. Mais pourquoi se gêner quand pouvoirs politiques et instances judiciaires ne font rien pour s’opposer aux logiques capitalistes destructrices ?

Permis de licencierAvec cette « incompétence » judiciaire, c’est clairement la permission de licencier qui est confirmée, malgré des profits énormes et malgré tout l’argent public perçu indûment durant des années. C’est aussi clairement pour nous ce qu’on peut appeler un « déni » de justice. Car au total, ni l’administration, ni les tribunaux ne contrôlent la réalité de raisons économiques valables.Cette décision fait suite à un enchaînement de capitulations, de la part de l’État, des collectivités territoriales, des pouvoirs publics en général. Toutes ces instances, tous ces gens se sont réfugiés dans une posture d’impuissance. Affirmant qu’il n’y a rien à faire pour empêcher fermetures et licenciements.Il est vrai que cela fait des années, des décennies que les plans de licenciements se succèdent sans qu’aucun pouvoir ne s’y oppose, sans qu’il n’y ait jamais eu de confrontation avec les licencieurs. Alors au fil du temps, ça se banalise, ça s’intègre et plus personne ne croit à la possibilité de changer la donne. Cela devient confortable pour le pouvoir qui peut s’indigner, critiquer, voire dénoncer les folies du capitalisme mais qui, « en même temps », se tait vite et abandonne, passant facilement à autre chose.

Tristesse et colèreNous avons essayé de bousculer cette routine, de perturber le scénario bien en place, très perfectionné, cultivant résignation, fatalisme, manipulation, faisant croire que finalement, une fermeture et des licenciements ce n’est pas grave, c’est l’occasion pour tout le monde de rebondir et changer de vie. Donc il faudrait s’y faire, accepter la dure réalité, se débrouiller.Aujourd’hui, on peut faire ce constat amer. Nous n’avons pas réussi à empêcher la catastrophe. Même si nous n’avions pas d’illusions, pas trop d’espoir, c’était quand même notre bataille, depuis un bon moment, c’était notre acharnement qui nous faisait tenir. Alors on est triste mais en colère aussi. Nous aurons, espérons-le, suffisamment de force, de moral pour continuer la bataille.De toute façon, la fermeture reste injustifiable et scandaleuse. Les licenciements sont illégitimes. Nous ne reconnaissons pas le droit à Ford de nous licencier et nous résisterons encore. Pas de temps mort puisque dès samedi 21, à 11h30, nous organisons la manifestation unitaire contre les licenciements partout et, le soir à 19h au Krakatoa, il y aura la soirée de solidarité avec des artistes.

Philippe Poutou