Publié le Lundi 31 octobre 2016 à 08h59.

La Poste : Il y a urgence !

Dans la foulée de la conférence de presse initiée par SUD le 26 septembre dernier sur la souffrance au travail (voir l’Anticapitaliste n°353) et de la reprise par les médias de la situation à La Poste dans les jours suivants, huit cabinets d’expertise viennent d’envoyer une « lettre ouverte » au président de La Poste et aux ministères concernés...

Des dizaines de rapports d’expertise ont été présentés à la demande des CHSCT depuis plusieurs années : restructurations, risques graves, fermetures de site, méthodes de dimensionnement des organisations, le panel d’expertises est suffisamment important pour tirer une sonnette d’alarme que les dirigeants de La Poste ignorent !

Les experts portent pourtant un jugement sans appel : « nous avons décidé de vous alerter sur la dégradation des conditions de travail et le mépris du dialogue social manifeste dans les différents secteurs et aux différentes échelles du Groupe ». Et ils illustrent leur courrier d’éléments tout aussi alarmants que « la rapide dégradation de l’état de santé des agents » ou « du rythme des réorganisations » qui « reste effréné ».

Ils y dénoncent également des « modèles statistiques obscurs » qui « s’imposent en dépit de la prise en compte du travail réel » et « des agents qui ne sont vus que comme des exécutants sommés d’appliquer la stratégie édictée par des cadres dirigeants – qui sont par ailleurs les seuls à voir leur effectif s’étoffer ».

Contre le massacre social, unité !

Côté syndical, la fédération SUD PTT vient également d’interpeller le président de La Poste ce 22 octobre en exigeant en urgence qu’une négociation soit ouverte « à tous les métiers et à toutes les branches de l’entreprise » au moment où La Poste tente de faire diversion et division en convoquant les syndicats à une réunion pour les seuls facteurs et factrices ! SUD demande dans le même temps un arrêt immédiat des restructurations et des suppressions d’emplois.

Une demande similaire du côté de la CGT FAPT qui revendique également « l’ouverture de négociations pour tous les métiers du groupe » et « invite les organisations syndicales à se rencontrer afin de créer les conditions de l’action ». Côté FO COM, même demande d’« arrêt des réorganisations » et une « mise à plat des organisations actuelles et l’accompagnement de chaque agent (à la distribution, NDLR) afin de prendre en compte la véritable charge de travail ».

La question qu’on pourrait se poser est donc :« oui mais quand ? » Si ces trois organisations sont déjà d’accord sur les mesures d’urgence, c’est-à-dire l’arrêt du massacre quotidien des emplois et des conditions de travail, pourquoi n’y a-t-il pas déjà un rendez-vous unitaire pour appeler à la grève sur l’ensemble des services ? C’est aussi cela l’urgence !

Le malaise s’amplifie, La Poste continue… et nie !

Ce mardi 18 octobre, pendant que les uns et les autres « s’interrogent » sur les suites à donner, une jeune factrice de Montpellier tentait de mettre fin à ses jours sur son lieu de travail. Même si une « enquête » est en cours, il reste quand même que cette factrice venait d’être convoquée à un « entretien préalable à licenciement » : son véhicule aurait été pris en photo devant son domicile pendant son travail…

Ce genre de procédure disciplinaire est maintenant utilisé par La Poste d’une manière permanente afin d’instaurer une politique par la terreur, ce que dénonce la CGT Hérault à l’occasion de cette tentative de suicide ou le syndicat SUD sur le plan national… Les postierEs et leurs représentantEs syndicaux font l’objet systématique d’une chasse aux sorcières, les « sorcières » étant pour l’occasion celles et ceux qui défendent leur condition de travail !

C’est même le maire de Linas (91), par ailleurs président de l’Association des maires franciliens, UDI (on ne pourra donc pas le suspecter de « gauchisme »...) qui écrit dans l’Huffington Post : « La mutation de La Poste, engagée depuis plusieurs années, sa montée en cadence, sa recherche de rentabilité, montre que les cadres dirigeants n’ont vu dans l’institution qu’une machine à profit. »

La DRH du groupe, elle, récite sa leçon : « Dans une entreprise de 260 000 postiers, il peut y avoir des situations humaines et des relations de travail difficiles »… Fermez le ban !

Correspondante (91)