Publié le Mercredi 1 juillet 2020 à 12h48.

Le monde d’après est pire qu’avant

Le plan de casse annoncé par Renault, visant à supprimer 15 000 emplois dont 4 600 en France, commence à être largement connu. PSA de son côté s’attaque aux conditions de travail en généralisant les « prêts de personnel  » et le télétravail et engage elle aussi des suppressions d’emplois, à commencer par les intérimaires.

Dans l’usine PSA de Mulhouse, au montage, cela fait déjà quelques semaines que des salariéEs sont appelés chez eux, ou interpellés sur leur poste de travail pour aller dans une autre usine, à Sochaux, Hordain ou Trémery, à plusieurs dizaines de kilomètres. Les chefs osent parler de volontariat mais insistent pour que les salariéEs acceptent le transfert, peu importe la santé, l’âge ou la situation familiale. Il faut à toute force remplacer les 2 000 intérimaires qui ont été virés de l’usine de Sochaux les mois précédents. Et, comble du cynisme patronal, le 14 Juillet et les samedis sont annoncés travaillés.

Le transfert d’ouvriers de l’usine PSA Opel Gliwice (Pologne) vers les usines de Hordain et de Metz/Borny avait fait grand bruit. Ce qui se passe à Sochaux, Mulhouse ou Metz montre que, quelle que soit leur nationalité, tous les ouvriers sont à la même enseigne lorsqu’il s’agit de les « transporter » d’une usine à l’autre pour faire des économies sur la main-d’œuvre. Et ils ne peuvent qu’être tous solidaires contre PSA et tous les fauteurs de division qui attisent les réactions chauvines.

Opposition au télétravail

Mais PSA ne s’arrête pas là pour les « innovations » en matière d’organisation du travail. Le DRH de PSA a déclaré vouloir faire du télétravail « un projet enthousiasmant », voulant le généraliser à terme pour 40 000 salariéEs. Les sites de Poissy (pôle tertiaire), Vélizy, Carrières et Sochaux/Belchamp seront pilotes dès le mois prochain. Mais l’enthousiasme est unilatéral, du seul côté de la direction. Selon une enquête de la CFDT auprès de 3 300 salariéEs de PSA, 56 % des répondantEs sont opposés à un télétravail massif. Résultat d’autant plus significatif que la CFDT, à l’origine de l’enquête, n’est pas réputée pour une opposition farouche à la direction de PSA. Et cette moyenne se différencie selon les catégories avec les cadres naturellement plus favorables, et les sites avec celui de Sochaux, le plus opposé pour des activités d’études.

Chez Renault, l’offensive patronale est connue. Économies et suppressions d’emplois sont réparties à parts égales    entre des secteurs de l’entreprise qui ont peu d’expérience commune de solidarité : les usines, les centres d’études et l’administratif. Plus de la moitié des 4 600 suppressions d’emplois prévues en France devraient s’appliquer dans les secteurs de l’ingénierie produit et production pour 2 500 emplois, et dans les fonctions dites support, 1 000 emplois.

Les usines de Flins et de Choisy en première ligne

L’échange « fermeture de l’usine de Choisy » contre « projets fumeux à Flins » se révèle n’être qu’une arnaque. La grève redémarrée à l’usine de Choisy, lundi 29 juin, bien que limitée, en témoigne. La direction de Renault voudrait jouer sur les différences de dates d’arrêt des activités pour diviser les travailleurEs et éviter une réelle coordination et synchronisation des mouvements.

Pour que la grève de Choisy ait des moyens de gagner, il est indispensable qu’elle ne reste pas isolée tant dans son environnement local du Val-de-Marne que, surtout, au niveau de Renault tout entier. Le blocage de la production des voitures, lié à un mouvement général, pourrait contraindre la direction de Renault à reculer. À la Fonderie de Bretagne et à Renault Maubeuge, de premières grèves massives ont obtenu au moins de différer l’application des menaces initiales. C’est un encouragement à la lutte d’autres secteurs. Les usines de Flins et de Choisy sont maintenant en première ligne. Trouver les moyens d’une coordination entre sites est bien l’exigence de l’heure.