Publié le Mercredi 16 décembre 2015 à 08h29.

Par le chantage Smart a extorqué le vote des salariés

C'est un chantage que la direction de Smart vient d'exercer sur les salariés de l'usine de Hambach. Sous le coup d'une  menace de délocalisation chaque salarié était sommé de signer individuellement, et sous le contrôle de sa hiérarchie, un avenant à son contrat de travail. Les menaces visaient autant toute l'usine que chaque salarié.  90% des salariés consultés dans ces conditions ont  finalement été obligés de signer cet avenant entérinant un retour aux 39 heures payées 37. C'est par le chantage que la direction de Smart a extorqué ce vote aux salariés.

Depuis plusieurs mois, la direction Smart France essaie d'imposer le retour aux 39 heures payées 37, entraînant donc une baisse des salaires. Elle manie maintenant le chantage  pour imposer le retour aux 39 heures pour les 800 salariés du site de Hambach (Moselle). En septembre 2015, un référendum orchestré par la direction de l'usine avait trouvé une majorité grâce aux employés et aux cadres, ces derniers n'étant pas assujettis à une durée hebdomadaire du travail. Au contraire 61 % des ouvriers refusaient ces mesures, eux qui supportent les conditions de travail les plus pénibles.Deux syndicats sur quatre, la CGT et la CFDT, représentant 53% des salariés mais plus de 60% parmi les ouvriers, ont fait valoir  leur droit d'opposition lundi 30 novembre, rendant le pacte caduc comme l'implique la législation du travail actuellement en vigueur.

Le nouvel ultimatum de la direction 

La direction de l'usine Smart persévère. Elle vient d'adresser à chaque membre du personnel une proposition d’avenant à son contrat de travail qui reprend toutes les dispositions que la direction avait déjà voulu imposer par référendum. Même si contrairement aux affirmations de la direction, chacun a le droit de refuser de signer cet avenant, les menaces de la direction pèsent lourd.La signature demandée à chaque salarié est un ultimatum : la réponse est exigée d'ici au 18 décembre. Si 75 % des salariés ne le signent pas, "la direction serait contrainte d’étudier une alternative industrielle à la production de la Smart Fortwo sur le site de Hambach", périphrase pour menacer de déménager la productionL'usine Smart de Hambach n'est pas une quelconque moyenne usine qui serait soumise aux aléas de la conjoncture. Cette usine appartient à l'un des premiers groupes industriels et automobiles européens, Mercedes Daimler Benz qui accumule des profits considérables et les voitures Smart continuent de trouver des acheteurs.Mercedes Benz et Renault co-maîtres chanteursLe chantage diffusé aujourd'hui menace de déplacer la  production en Slovénie vers l'usine de Novo Mesto appartenant à Renault où sont déjà produites les Twingo et la version 4 places de la Smart. On est au cœur des grandes manœuvres de l'industrie automobile européenne. Renault est partenaire de Mercedes pour la fabrication de la Smart et sa responsabilité est directement directement engagée. Et derrière Renault, il y un actionnaire, le gouvernement français qui, paraît-il, voudrait conserver un pouvoir d'influence sur les choix stratégiques de Renault.L'usine d'Hambach est laboratoire patronal. Ils s'y mettent tous, Smart, Mercedes, Renault, sans oublier le ministre Macron. Et cette offensive concertée veut briser tout ce qui lui fait obstacle. Ils remettent en cause les conventions collectives fruits de batailles d'ensemble. Ils ont voulu contourner les syndicats CGT et CFDT qui dans l'usine avaient fait valoir leur droit d'opposition.On comprend mieux, à l'exemple de ce qui se déploie dans l'usine d'Hambach, le sens de toutes les remises en cause actuelles du droit du travail. Alors que chaque salarié est dans une situation de subordination vis à vis de son employeur, référendum et nouvelle signature individuelle d'un contrat de travail sont des instruments au service exclusif de l'arbitraire patronal. Contre ces offensives fondées sur la volonté de détruire les collectifs de travail, il n'y pas d'autre chemin que celui des résistances et des luttes collectives. Dans l'usine d'Hambach comme ailleurs !

 Jean-Claude Vessillier