Publié le Mercredi 21 mars 2018 à 08h29.

RetraitéEs, EHPAD, une colère qui monte

Par dizaines de milliers, les retraitéEs sont descendus dans les rues le 15 mars. Les chiffres sont partout impressionnants, plusieurs milliers à Bordeaux, Rouen, Tours, Perpignan, Lyon, Marseille, Caen, Strasbourg Clermont, ou Tarbes mais aussi des centaines dans des villes comme Saint Etienne, Limoges, Le Mans, Périgueux, ou Quimper.

Tous nos correspondantEs en témoignent, ces manifestations ne regroupaient pas seulement des syndicalistes, habituéEs des manifestations, mais de milliers de retraitéEs, dont certainEs n’étaient pas descendus dans la rue depuis des années.

Exaspération des retraitéEs

Des retraitéEs en nombre, mais aussi en colère : les manifestations du 15 mars n’ont rien eu de morne ou de résigné. « Racket sur nos retraites », « paradis pour les uns, pas un radis pour les autres » : partout ont fleuri des mots d’ordre et des pancartes disant leur fait à Macron et au gouvernement. 

La hausse non compensée de 1,7 % de la CSG pour les retraitéEs touchant plus de 1 200 euros par mois a été la mesure de trop, venant s’ajouter à l’érosion constante des pensions depuis des années sous l’effet des réformes successives, et aux mesures fiscales pénalisantes pour les veuves et les familles nombreuses. La « pédagogie » méprisante du président et des ministres expliquant que « ça irait mieux demain », a plutôt exaspéré que calmé les esprits. 

Le même jour, et parfois dans les mêmes cortèges, les salariéEs des EHPAD poursuivaient leur mobilisation tenace, face à l’absence de réponses sérieuses de la ministre depuis le 30 janvier.

Cette détermination et le soutien dont bénéficie la lutte des EHPAD, ont contraint la ministre à changer de ton. Elle tente de désamorcer le mouvement en multipliant les « concertations », mais sans apporter de réponses concrètes aux revendications. Tout au plus s’engage-t-elle a atténuer pendant une année ou deux les effets les plus négatifs de la réforme de la tarification des EHPAD publics, mais aucune avancée réelle sur la revendication centrale d’un professionnel pour un résident (­actuellement 0,6). 

Un caillou politique dans la chaussure de Macron

La mobilisation du 15 mars n’est pas seulement une journée revendicative réussie, elle a donné une force accrue à une exigence politique qui s’oppose frontalement à la politique libérale de l’exécutif. « On peut mesurer le degré d’humanité d’une société à la façon dont elle traite ses aînés. Et aujourd’hui monsieur Darmanin, il y a de quoi avoir honte. » : la formule de notre camarade Olivier Besancenot, face au ministre, au soir du 15 mars, dans « l’Émission politique » sur France 2, a fait mouche. Elle résumait ce que pensent des millions de salariéEs, de jeunes, de retraitéEs. Celles et ceux qui produisent la véritable richesse dans ce pays doivent toutes et tous pouvoir vivre dignement leur retraite, et bénéficier des soins et de l’aide nécessaires quand ils deviennent dépendants. Ce droit fondamental doit passer avant l’enrichissement d’une infime minorité.

Au moment où Macron engage l’épreuve de force avec le mouvement social, où il prépare une nouvelle réforme « systémique » des retraites et du financement de la « dépendance », le caillou du 15 mars dans sa chaussure va lui compliquer sa marche vers les contre-réformes. Et dès le 22 mars, salariéEs des EHPAD et retraitéEs seront à nouveau dans la rue.

Jean-Claude Delavigne