Publié le Mardi 22 septembre 2020 à 17h01.

La réaction en marche exige une «tenue républicaine»

On a beau répéter que la parole réactionnaire se décomplexe, les polémiques racistes, islamophobes et sexistes qui se multiplient n’en sont pas moins insupportables et violentes pour les concernées. Ces sorties sont en outre de plus en plus assumées, non seulement à droite mais aussi dans une large partie de la gauche. 

Le gouvernement Macron est le pourvoyeur revendiqué de ce genre de débats nauséabonds avec son projet de « loi sur le séparatisme » ou sa reprise du terme « ensauvagement », tandis que les médias se font une joie d’y ajouter les commentaires de leurs éditorialistes les plus réactionnaires. 

Trop couverte ?

Les deux dernières victimes de ces attaques racistes ont été, une fois de plus, des femmes musulmanes. Sous prétexte qu’elle portait le voile, Imane Boun, une jeune femme présentant son compte de recettes en ligne pour étudiants fauchés s’est fait traiter de terroriste par une députée LREM… Quelques jours plus tard, Maryam Pougetoux, vice-présidente de l’UNEF, était invitée à l’assemblée nationale pour intervenir lors d’une commission d’enquête sur la situation sanitaire dans les universités. Christine Lang, députée LREM a quitté la salle non sans insulter la jeune femme à cause de son hijab et en étant suivie par plusieurs autres députés, avant de recevoir le soutien de divers « responsables » politiques. 

Ou pas assez ?

Les islamophobes ont pris depuis longtemps l’habitude de justifier leurs attaques contre les femmes racisées au nom d’un prétendu « féminisme universaliste ». Mais le plus gonflé, cette fois, c’est que toutes ces agressions sont menées/soutenues par un gouvernement qui, dans le même temps, lorsqu’il est interrogé sur la question des jeunes filles et femmes exclues des écoles pour avoir porté des « robes trop courtes » ou des « décolletés trop grands », répond qu’il est important de s’habiller « normalement » lorsque l’on va à l’école. La normalité se situant, au bon vouloir de chacun, dans la zone de « bon sens » entre la pute et la sainte… Une zone volontairement floue sur laquelle semble pourtant s’accorder la droite et l’extrême droite. Comble du ridicule : la sortie de Blanquer autour de la « tenue républicaine » exigée…

Le « crop top » de la discorde

Ce scandale est une illustration de plus de ce que l’on appelle « la culture du viol ». Toutes ces restrictions se font au nom de la « sécurité » et de la responsabilité. Car ce que le bon sens et le ministère expliquent à ces jeunes filles c’est que, si elles se font agresser, c’est à cause de leur tenue et non à cause de leur agresseur et de l’impunité, y compris dans le système scolaire. On rend les victimes responsables de leur oppression : il faut briser cette logique et imposer un autre discours dans l’espace public et dans nos établissements scolaires. 

Notons, enfin, que les remarques sur les « crop tops » s’accompagnent, dans l’éducation nationale, des interdictions de jupes trop longues, de bandeaux trop couvrants et de hauts trop larges… Au nom d’une islamophobie d’État caché derrière une définition fantasmée de la laïcité !

C’est aux femmes de décider !

De nombreuses femmes et trop peu d’associations et d’organisations politiques se sont solidarisées face aux scandaleuses attaques contre Imane Boun et Maryam Pougetoux (toutes deux âgées de 21 ans), agressées par des éluEs de cette fameuse république. Auprès des jeunes générations cependant, cette solidarité s’est élevée plus rapidement et la colère s’est diffusée plus largement. Autour d’initiatives comme celles du #14Septembre par exemple –journée où les filles étaient appelées à venir habillées comme elle le souhaitaient à l’école –, des tentatives d’actions collectives se sont parfois organisées en ligne ou localement. C’est un début essentiel, car il nous rappelle que seule notre force collective permettra de faire reculer le sexisme de ce capitalisme patriarcal et raciste. Utilisons cette colère ! Faisons-la descendre dans les rues, crions-la, partageons-la, collons-la sur les murs… Mais surtout imposons ensemble partout cette idée simple que : « Trop habillées ou pas assez, c’est aux femmes de décider ! »