Publié le Jeudi 12 février 2015 à 12h48.

Alain Krivine : «Syriza n'est pas transposable en France» (La Dépèche)

Article de la Dépèche du Midi. Alain Krivine, le leader historique du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) participera ce jeudi 12 février, à Toulouse, à un meeting de solidarité avec le peuple grec.

En quoi la victoire de Syriza est-elle un événement politique majeur pour le NPA ?

C'est la première fois que la population et le monde du travail enregistrent un succès électoral. C'est positif, mais la bataille va être difficile car l'épreuve de force est engagée entre le peuple grec et les gouvernements de l'Union Européenne. On peut être inquiets face aux compromis que Syriza pourrait être contraint de concéder. Mais pour le moment, les mesures annoncées par Tsipras vont dans le bon sens. En France nous devons continuer à soutenir le peuple grec. C'est ce que nous ferons notamment lors des deux grandes mobilisations européennes des 15 février et 18 mars.

La victoire de Syriza peut-elle faire boule de neige ?

Il faut avoir conscience que la politique d'austérité est une véritable guerre sociale engagée contre les peuples par tous les gouvernements européens. Jusqu'à la victoire de Syriza cette guerre n'avait généré que des défaites du monde du travail et un renforcement quasi général de l'extrême droite nationaliste. La Grèce et l'Espagne avec Podemos constituent les deux exceptions à cette règle parce que ces deux pays ont développé des mobilisations populaires très fortes. Ce qui n'est pas le cas en France. L'expérience Syriza n'y est donc pas transposable pour le moment.

Cette expérience reste fragile ?

Syriza peut échouer pour deux raisons : si Tsipras abandonne la politique pour laquelle il a été élu. Ou si Syriza est écrasé par l'intransigeance de l'Union Européenne qui va tout faire pour casser l'expérience grecque. Car si elle va jusqu'au bout cette expérience est dangereuse pour les gouvernements de l'Union puisqu'elle montre qu'il existe d'autres voies que l'austérité en réponse à la crise.

Quelle est la position du NPA sur une éventuelle sortie de la Grèce de l'Euro ?

Nous ne sommes pas pour une sortie de la Grèce de la zone euro. Mais si elle est virée nous en prendront acte et nous accentuerons notre solidarité avec le peuple grec.

Une union des partis d'extrême gauche en vue d'une victoire électorale est-elle envisagée au NPA ?

C'est effectivement le moment de s'unir, et d'abord au sein même du NPA. Mais nous devons conserver notre indépendance lors des élections. Notamment avec le Front de Gauche qui est trop réformiste et institutionnel à notre goût. L'adversaire c'est le Front national. Et comme le FN bâti sa propagande contre les institutions et les partis au pouvoir, nous ne devons pas lui laisser prise. Le NPA lutte également contre les institutions telles qu'elles existent. Mais contrairement au FN qui développe des thèses libérales, nous donnons un contenu de classe à notre opposition. Notre position doit être claire et audible.

Depuis 1969

En 1969, après la démission du général De Gaulle, Alain Krivine effectuait son service militaire lorsqu'il fut candidat à la présidentielle sous les couleurs de la ligue communiste révolutionnaire (LCR). En 2009, la LCR est devenue NPA et l'image d'Olivier Besancenot a détrôné celle du vieux chef dans un parti qui, depuis que Besancenot a quitté à son tour le devant de la scène, peine à se trouver un leader.

Recueilli par Bernard Davodeau