Publié le Mercredi 9 septembre 2020 à 10h02.

Campagne présidentielle aux Etats-Unis sur fond de manifestations et de violences

Les manifestations, parfois accompagnées de confrontations entre groupes antiracistes et de droite, se poursuivent dans diverses villes étatsuniennes, notamment à Portland, Louisville et Rochester, plus de 100 jours après le meurtre de George Floyd.

L’Amérique n’a pas vu de tels affrontements de rue entre citoyens depuis l’époque du mouvement des droits civiques des années 1960. Les manifestations antiracistes ont été motivées par les meurtres répétés d’hommes et de femmes noires par la police et par le fait que les maires, les procureurs et les chefs de police n’ont pas licencié ou inculpé les agents responsables. Des contre-manifestants armés de droite se sont rassemblés lors de certaines manifestations et trois personnes ont été tuées dans des batailles de rue jusqu’à présent.

L’appel de Trump aux électeurs blancs

Alors que la violence est limitée à quelques villes, elle est devenue la question centrale de l’élection présidentielle. Après que la police a tiré sur Jacob Blake à Kenosha, le président Donald Trump s’y est rendu pour rencontrer les policiers, tandis que le candidat du Parti démocrate Joseph Biden a rencontré la famille de Blake. Trump affirme que si Biden est élu, la violence se répandra à travers l’Amérique et que les banlieues, principalement blanches, seront détruites, tandis que Biden soutient les manifestations mais condamne la violence et prône la réconciliation.

L’appel de Trump aux électeurs blancs qui ont peur des manifestantEs noirs est assez clair. Il suggère ainsi que les Démocrates veulent construire plus de logements sociaux (qui seraient remplis de locataires noirs) dans les banlieues blanches. Les ventes d’armes et de munitions, principalement à des acheteurs blancs, ont atteint des niveaux sans précédent. Dans le même temps, les milices armées de droite non officielles prolifèrent, grandissent et deviennent plus audacieuses.

Une situation sociale désastreuse

En se concentrant sur « la loi et l’ordre », Trump tente de détourner la campagne électorale de la désastreuse situation sanitaire et économique. Les États-Unis approchent de 190 000 décès et le virus se propage désormais dans les États des plaines du centre. Avec la réouverture des écoles, des bars, des restaurants et des gymnases dans de nombreux endroits, les épidémiologistes craignent de nouvelles poussées de l’épidémie. On s’attend également à ce que les conditions hivernales et la grippe contribuent à une deuxième vague à l’automne.

Pendant ce temps, la situation économique ne s’est que légèrement améliorée ; il y a encore environ 30 millions de chômeurEs et le supplément du gouvernement fédéral aux allocations chômage versées par les États est passé de 600 dollars par semaine à 300 dollars. Pour prévenir une plus grande diffusion du Covid-19, les Centers for Disease Control (centres pour le contrôle des maladies) ont émis une ordonnance empêchant les propriétaires d’expulser pendant quatre mois quelque 30 millions de personnes qui risquent l’expulsion pour non-paiement de leur loyer ; les modalités en sont cependant compliquées et les locataires restent redevables d’un loyer.

Alors que les campagnes électorales vont se poursuivre au cours des deux prochains mois, la question est de savoir si les électeurs rejetteront Trump en raison de sa gestion du virus et de la crise économique ou si ils vont se rallier à lui en raison de sa promesse de les défendre contre la violence.

La gauche continue de soutenir et de participer à des manifestations dans les quelques villes où elles se poursuivent. L’extrême gauche se concentre sur la dénonciation du racisme et de la violence policière, tandis que les « gauchistes » plus modérés mettent l’accent sur l’élection de Biden – même s’ils n’aiment pas sa politique – et sur la nécessité de chasser Trump de la Maison Blanche. Certains à l’extrême gauche défendent les émeutes, bien que la majorité mette l’accent sur les manifestations pacifiques.

Les Socialistes sont devenus plus actifs dans leurs tentatives d’organisation des travailleurEs, bien que nos campagnes restent encore modestes et marginales. En fait, jusqu’à la fin de la période électorale, jusqu’à une rémission de la pandémie (avec un vaccin disponible) et un arrêt de l’effondrement économique, nous serons en situation d’attente avant un retour à un combat plus vigoureux pour le socialisme.
Traduction Henri Wilno