Publié le Jeudi 10 novembre 2016 à 08h59.

Centrafrique, une faillite qui dure

La France vient d’annoncer le retrait d’une grande partie des troupes engagées depuis décembre 2013 dans l’opération Sangaris en décembre 2013. Le ministre de la Défense Le Drian a estimé à la mi-octobre que l’opération avait été « un succès… même si la stabilité n’est pas totalement revenue » dans ce pays. C’est le moins que l’on puisse dire. Par ailleurs perdurent tous les problèmes qui ont entraîné la situation chaotique utilisée pour justifier la présence massive des troupes françaises.

Aujourd’hui comme depuis l’indépendance, le pays demeure « supervisé » par la France, comme le notait un président africain à propos d’André Kolingba à la tête de la RCA de 1981 à 1993 : « Lui ne faisait même pas semblant de diriger. Quand nous, chefs d’États voisins, arrivions à l’aéroport, c’est un certain commandant français, Mansion, qui se présentait en short et en chemisette, pour nous accueillir ». Les gouvernements français successifs ont donc mis en tutelle les dirigeants centrafricains et soutenu leur politique qui a progressivement détruit le pays, son appareil d’État et les infrastructures. Le pillages des richesses du pays est permanent. Les services publics n’existent pas ou presque, et la corruption est généralisée. Même l’aide pour les malades du Sida a été massivement détournée... Tout cela favorise les tensions ethniques et régionales.

Pour mettre fin à cette spirale, il faudrait commencer à satisfaire les besoins sociaux de base des populations, relancer l’agriculture et reconstruire les infrastructures sanitaires et routières. Cela permettrait de créer de l’emploi et de fournir des perspectives à une partie des jeunes. Malheureusement, ce n’est pas cela qui est à l’ordre du jour. Comme l’écrivait le bulletin Afriques en lutte dès octobre 2014, le but de l’intervention française était bien une « stabilisation minimale du pays ». En effet, il importe à la France et à son principal pion dans la région, le Tchad, d’éviter un trop grand désordre dans un pays au positionnement géographique stratégique important et aux abondantes richesses minières.