Publié le Dimanche 1 mai 2016 à 11h26.

Israël : Netanyahou, Benett, Herzog... Qui est le plus à droite ?

À la dernière réunion du cabinet israélien, grande prise de tête entre le ministre de l’Éducation Naftali Benett et Benjamin Netanyahou sur un éventuel retrait des forces d’occupation israéliennes des villes palestiniennes… où d’ailleurs, selon les accords signés entre Israël et l’OLP, elles n’auraient absolument pas à se trouver. Netanyahou aurait même menacé son partenaire au gouvernement d’extrême droite de le mettre à la porte.

Ce que Netanyahou comprend, et que Benett refuse de prendre en considération, c’est d’abord un certain agacement dans la dite communauté internationale face à l’embourbement de ce que certains continuent à appeler « le processus de paix »... C’est aussi la nécessite pour l’État d’Israël de poursuivre la collaboration avec les forces de police palestiniennes qui font une partie du sale boulot dans les villes de Cisjordanie, et pour qui les incursions israéliennes rendent la tâche plus difficile.

L’initiative française...

En arrière-fond de ce débat interne se trouve l’initiative de Jean-Marc Ayrault de convoquer une conférence internationale afin de débloquer la situation en mettant la pression « sur les deux parties »… Comme si les responsabilités du blocage étaient symétriques. L’initiative française a peu de chances d’aboutir, mais elle a au moins obligé le Premier ministre israélien à bouger. Si ses dernières déclarations ont donné l’occasion à ses adversaires (mais membres du gouvernement) de faire de la surenchère nationaliste, elles ont reçu l’aval des forces de sécurité qui, elles, savent à la fois l’importance de la collaboration avec les forces de police palestiniennes et les coûts que représente une présence massive de l’armée israélienne.

Pour renforcer son image de chef de l’extrême droite, le Premier ministre israélien a décidé d’appeler à une réunion du gouvernement… sur le plateau du Golan syrien, où il déclare, une fois de plus, que le Golan est partie intégrale et éternelle de l’État d’Israël. De telles déclarations ne l’avaient pas empêché, il y a deux décennies, de négocier avec le président Hafez el-Assad un éventuel retrait de cette partie intégrale et éternelle d’Israël... Comme quoi, les rapports de forces internationaux et régionaux pèsent plus lourd que toutes les idéologies et les promesses électorales.

L’original et la copie

Mais pour exprimer ce rapport de forces, il en faudra bien davantage qu’une conférence internationale où Palestiniens et Israéliens ne sont même pas invités. Car Netanyahou se sent fort, avec une opinion publique qui a fortement glissé à droite, comme le confirme un sondage récent où deux tiers de la population demande que le soldat qui a assassiné un Palestinien neutralisé et gravement blessé ne soit pas traduit en justice...

Quant au chef de l’« opposition », Yitzhak Herzog, il essaie désespérément de freiner l’inéluctable déclin du Parti travailliste en se situant encore plus à droite que le Likoud. Ne vient-il pas de dire qu’il en avait assez d’« être identifié au soutien aux Arabes » et qu’il était temps de changer l’image du parti ? Un calcul électoral minable et voué à l’échec : comme le savent les lectrices et les lecteurs français, l’électorat préfère toujours l’original à la copie, surtout quand cette copie est sans saveur et sans odeur... si ce n’est l’odeur ambiante du racisme.

De Jérusalem, Michel Warschawski