Publié le Mercredi 19 février 2020 à 10h24.

La question des réfugiéEs, en Grèce et le retour de l’extrême droite gouvernementale

La « question des réfugiéEs » constitue le seul terrain sur lequel le gouvernement de droite, en place depuis l’été 2019, fait entendre un discours politique public, pendant que parallèlement le pouvoir avance de manière effrénée dans son agenda néolibéral. Pour les réfugiéEs, surtout ceux ou celles enfermés dans les camps sur les îles, la situation devient pire chaque jour. 

Cette politique est le produit de manœuvres sociales et politiques bien antérieures aux dernières élections législatives de juillet 2019. Avec le retour au gouvernement d'une droite comportant depuis toujours des éléments d’extrême droite, on est passé d'une gestion politique des réfugiéEs comme question humanitaire à une ligne prétendant empêcher la « modification de la composition des communautés locales », en jouant avec des réflexes racistes et en affaiblissant davantage la gestion administrative des procédures d'asile alors qu'on voit arriver de nouveaux flots de réfugiéEs. L’an dernier, au moins 60 000 personnes sont arrivées dans les îles de la mer Egée, et 10 000 via la frontière terrestre avec la Turquie.

Pseudο-distinction juridique

Les « réactions » organisées de membres des communautés locales contre le transfert des réfugiéeEs hors des camps installés sur les îles ont été impulsées par des autorités municipales favorables à la droite gouvernementale, elles se sont étendues avec le vote de la nouvelle loi sur l'asile permettant de faciliter les renvois de réfugiéEs et de dissuader les nouvelles arrivées. 

Juste après les élections, Dimitris Avramopoulos, ex-commissaire européen, a déclaré qu'après le traité UE-Turquie, les îles devaient être « vides », et que les autorités devaient procéder au renvoi en Turquie d'environ 35000 demandeurEs d'asile : il s'agit, a-t-il dit, de migrantEs économiques et non de réfugiéEs. C'est là une vieille pseudο-distinction juridique visant à produire des catégories d'êtres humains avec des droits limités ou même sans droits. Très rapidement, cette conception a franchi les frontières de la majorité parlementaire et s'est répandue, avec l'aide des médias, jusqu'au village le plus reculé. Cela s'inscrit dans une tentative de former un courant social majoritaire qui ne votera plus et n'intégrera plus une organisation comme Aube Dorée, mais qui voudra voir appliquer son programme : cela rappelle en plus « light » la période noire italienne de Maggioranza Silenziosa à Milan dans les années 1970.

Cette situation nous oblige à repenser sous un angle critique les interventions du mouvement antiraciste, pour aller dans cette période nouvelle vers une recomposition des réseaux de solidarité.

À Athènes