Publié le Dimanche 11 septembre 2016 à 10h29.

Maroc : une prédation toxique

Le pouvoir qui s’apprête à accueillir la COP22 en novembre mène une politique de prédation et de projets inutiles et nuisibles.

Ainsi la construction d’une ligne TGV de 1 500 km (plus de 100 milliards de dirhams, soit 36 % de la dette publique externe...) au profit exclusif d’Alstom. Financée par des emprunts que la population doit rembourser, cela alors qu’elle ne l’utilisera pas compte tenu des prix des billets ! Cette ligne draine les fonds publics alors que le réseau ferroviaire date d’avant l’indépendance et ne couvre pas de nombreuses régions. Chaque 10 mètres construits coûte l’équivalent d’une école dans le monde rural.

Autre exemple : la centrale thermique de Safi au profit, entre autres, d’une filiale de GDF Suez. Le charbon utilisé est qualifié de « propre » car supposé réduire les émissions en CO2, cela dans une ville extrêmement polluée en raison des usines chimiques liées à l’extraction et transformation du phosphate. Il contient de l’arsenic et du mercure, produits toxiques, sans parler des conséquences des rejets de l’eau de la mer utilisée pour refroidir les chaudières. Les conséquences sont donc multiples : pluies acides impactant l’agriculture, le bétail, extension des maladies respiratoires, disparition des poissons alors que la ville était un des plus grands ports faisant vivre des milliers de familles exerçant une pêche artisanale.

Dette, coupes budgétaires et expropriations...

Autre exemple, la construction de la plus grande centrale solaire du monde à Ouarzazate. 3 000 hectares de terres collectives utilisés comme parcours d’élevage accaparés à un prix dérisoire et revendus à l’Agence marocaine pour l’énergie solaire... une société privée liée à la famille royale. La technologie utilisée repose sur l’utilisation extensive de l’eau (entre 2 et 3 millions de mètre cubes par an)... dans une région semi-aride avec des ressources en eau constamment en baisse. Les besoins de la centrale pour exporter l’énergie solaire produite seront donc satisfaits au détriment de l’irrigation et de l’eau potable. Après l’or, le diamant, le coton, le pétrole et le gaz, l’énergie solaire servira-t-elle à nouveau à maintenir la domination impérialiste ?

À Imider, siège la plus grande exploitation minière d’Afrique exportant de l’argent vers l’Europe, les habitantEs n’ont ni route, ni dispensaire, ni école, et l’hôpital le plus proche est situé à 200 km. La surexploitation de la mine a provoqué la pollution de leur environnement immédiat au cyanure et au mercure et la confiscation de l’eau destinée à l’irrigation et la consommation.

Tout ces projets, parmi d’autres, nourrissent la spirale de la dette, les coupes budgétaires, exproprient les terres. Les mobilisations populaires sont récurrentes : contre les industries chimiques, le pillage des ressources forestières et naturelles, la spéculation foncière, la pollution de l’air, l’importation des déchets, la surfacturation et la diminution des ressources d’eau. Il serait nécessaire que les différentes résistances, ici et là-bas, s’expriment et convergent lors de la tenue de la COP22. C’est l’enjeu des semaines à venir.