Publié le Mercredi 23 novembre 2016 à 10h28.

Mossoul-Raqqa et Alep : la guerre continue !

Depuis un peu plus d’un mois, le gouvernement irakien a déclaré le lancement de la bataille « pour la libération de Mossoul ». Le6 novembre, les Forces de la Syrie démocratique ont déclaré le début de la bataille de libération de Raqqa en Syrie. Ces deux offensives sont soutenues par la coalition dirigée par les États-Unis.

Ces batailles rencontrent une résistance féroce de la part des combattantEs de Daesh et semblent beaucoup plus difficiles que les prévisions de la coalition. Et dans les deux villes, la population civile reste la première victime. Dans ces deux guerres contre Daesh, se cache une rivalité entre les puissances régionales et impérialistes.

Lutte d’influence

En Irak, les USA et leurs alliés retournent en force dans ce pays, après leur départ suite à la défaite en 2011. Dans le même temps, les milices chiites irakiennes pro-Iran, contournent le refus des USA de participer à la bataille de Mossoul, en investissant la zone ouest de la ville. Les forces militaires turques en Irak, stationnées dans le Camp de Bashouka au nord de Mossoul, attendent l’occasion pour avancer vers la ville. Enfin les peshmergas, la force militaire kurde du gouvernement du nord de l’Irak (sous contrôle de Barazani), participent à cette bataille pour étendre leur influence dans une zone riche en pétrole…

En Syrie, nous trouvons une configuration similaire : le régime et ses alliés, les USA et sa coalition, l’armée turque qui essaie de mettre la main sur la ville d’Al-Bab, situé au nord d’Alep et qui est une porte vers Raqqa, le fief de Daesh. Des enjeux géopolitiques, dans une zone agricole riche, et l’entrée vers la zone pétrolière…

La bataille de libération de Raqqa en Syrie a été confiée le 6 novembre dernier aux Forces de la Syrie démocratique (FSD), qui l’a baptisée « la colère d’Euphrate »... Ces forces avancent vers la capitale du Califat de Daesh, et se trouvent à moins de 30 km de la ville. Le nord de Raqqa est une zone riche en infrastructures agricoles et elle est habitée. Cette nouvelle bataille risque donc de détruire ce qui reste d’infrastructures et de créer des déplacements de population.

Le Bataillon des révolutionnaires de Raqqa, composante (arabe) des FSD, a déclaré le 9 novembre qu’il ne participera pas à cette offensive, car « les combattants qui devront libérer et entrer dans Raqqa devront être ses habitants. C’est à eux de diriger la bataille du point de vue militaire »... Cela reflète une dissension « nationaliste » dans cette bataille, car la composante la plus puissante des FSD est le YPG kurde. Cette offensive dirigée spécifiquement par les YPG kurdes créée donc, malgré le souhait de la population à majorité arabe de se débarrasser de Daesh, des craintes concernant la possible extension des territoires sous contrôle kurde.

Il est de l’intérêt de toutes les forces révolutionnaires que la défaite de Daesh soit le fruit de l’ensemble des Bataillons de l’ASL, et de toutes les composantes des FSD. Il faut que la gestion de Raqqa après sa libération revienne aux forces révolutionnaires de la ville et sa région, sans distinction de race ou de religion.

Le martyr d’Alep

Alep, la ville martyre revient sur le devant du drame syrien. Après une période de calme (relatif), les bombardements ont recommencé sur Alep, Idlib et Homs depuis la mi-novembre. Un déluge de feu s’abat sur les quartiers Est d’Alep et sa campagne, tous les hôpitaux, des quartiers « libres » comme assiégés, sont détruits. Le nombre de civils morts sous les bombardements russes ou du régime se compte en dizaines d’hommes, femmes et enfants. Le siège d’Alep Est est complet, sa population de 250 000 habitantEs souffre de la famine, et des rassemblements de protestation ont eu lieu dans les quartiers al-Fardos et al-Amyria dans l’est d’Alep devant les réserves alimentaires sous contrôle des factions armées. Et Jabhat al-Nosra a tiré le 16 novembre dernier sur des manifestantEs affamés et désarmés réclamant à manger...

Soutenu par les Russes et leurs alliés (l’Iran, le Hezbollah et les milices chiites irakiennes), le régime de Bachar al-­Assad a pu conquérir plus de territoires à Alep et ses environs, confirmant un blocus complet sur les quartiers Est de la ville. Par ailleurs, un million de civils syriens vivent dans des zones assiégées.

Cette sauvagerie du régime et de ses alliés nourrit l’extrémisme religieux et confessionnel : le régime, par sa politique de guerre totale contre le peuple syrien, crée toutes les conditions pour le développement de Daesh et d’al-Nosra. Pour vaincre Daesh et les milices confessionnelles et contre-révolutionnaires, il faut vaincre le régime meurtrier d’Assad et stopper les interventions impérialistes. Ni Assad ni Daesh, ni Moscou ni Washington !

Ghayath Naisse