Publié le Mercredi 8 mai 2019 à 12h00.

Venezuela : nouvel échec d’un coup de force précipité de Guaido

Guaido, le « président » choisi par Trump et autoproclamé depuis la fin du mois de janvier a tenté un nouveau coup de force le 30 avril dernier. Après avoir « libéré » le leader de son parti « Voluntad Popular »  Lopez, ex putchiste de 2002 prisonnier à domicile, il a lancé devant la caserne militaire de la Carlota à Carracas un appel à « l’insurrection finale ». Entouré de plusieurs dizaines de membres de la garde nationale « mutinés » il a demandé au peuple vénézuélien de descendre en masse dans la rue pour le soutenir et partir à l’assaut de « Miraflores », le palais présidentiel de Maduro. Bien entendu il a immédiatement été soutenu par des communiqués de la Maison Blanche et du gouvernement Colombien, entre autres. Ce nouveau coup à fait long feu.

Une fois de plus, aucun haut gradé des forces armées bolivariennes ne l’a rejoint, aucun régiment ne s’est mutiné et les quelques milliers de manifestants pro putschistes qui s’étaient massés devant la caserne de la Carlota ont été repoussés vers les beaux quartiers d’Altamira, tout proches. Guaido s’est éclipsé et Lopez s’est réfugié à l’ambassade du Chili, puis dans celle d’Espagne. Le lendemain, les manifestations du 1erMai convoquées par le PSUV, les syndicats et associations liées au « Bolivarisme » ont été les plus massives depuis plusieurs années.

Maduro s’affaiblit néanmoins

Maduro ne devrait pourtant pas en sortir très renforcé. En fait, il apparaît de plus en plus fragile et bénéficie surtout des divisions de l’opposition et de l’incapacité de cette dernière à apparaître autrement que comme un agent direct des États-Unis et de Trump. Guaido et Lopez semblent s’être lancés dans cette tentative de putsch de façon précipitée pour devancer d’autres secteurs de l’opposition qui étaient en pleines négociations secrètes avec des membres des forces armées et du gouvernement de Maduro. Leur échec du 30 avril ne les empêchera pas de renouveler leur tentative, pas plus qu’il n’empêchera de nouvelles négociations souterraines ou la préparation – toujours en option – d’interventions extérieures.

Car, sur le fond, Maduro et son équipe ne résolvent en rien la crise que subit le peuple Vénézuélien. Ils ont bien lancé le weekend end dernier une grande opération de « dialogue et de rectification » avec le peuple, mais sans rien proposer pour réellement améliorer les terribles conditions de vie et en se gardant bien de laisser de l’espace aux secteurs « critiques » qui, tout en s’opposant sans aucune ambigüité au putschisme et aux plans de l’impérialisme et de la réaction bourgeoise, affirment la nécessité d’en finir avec la corruption, la bureaucratie et d’imposer un plan d’urgence sociale.

C’est ainsi que le gouvernement Maduro continue de bloquer au Venezuela le site unitaire « d’Aporrea » qui depuis 17 ans ouvre ses colonnes à la défense des acquis du processus Bolivarien comme à la dénonciation de leur abandon. Ce n’est pas en multipliant les discours ronflants et en bâillonnant les critiques populaires que Maduro trouvera la force de déjouer les prochains coups et manœuvres de la droite et de l’impérialisme.

Fabrice Thomas