Publié le Mardi 28 février 2012 à 11h37.

Arthaud et Poutou, des bleus dans le rouge (Libération du 27/02)

  Ce sont les lanternes rouges de cette course à l’Elysée : Nathalie Arthaud pour Lutte ouvrière (LO) et Philippe Poutou pour le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). Ces quadras - 42 et 44 ans - font leur grand baptême politique à l’occasion de l’élection présidentielle. Militants d’extrême gauche de longue date, plus habitués aux salles de classe (Arthaud) et aux machines-outils (Poutou), ils ont les plus grandes difficultés à faire entendre leurs revendications : «interdiction des licenciements»,«augmentation des salaires»,«expropriation des banques»…

Bulletin.

Héritiers de cette exception française qui veut qu’à chaque présidentielle, deux ou trois candidats trotskistes - ou issus de ce courant marxiste révolutionnaire - ont droit à leur bulletin de vote, les petits rouges galèrent. Dans les sondages, Arthaud et Poutou restent collés sous la barre des 1%. Très loin de leurs prédécesseurs, Arlette Laguiller et Olivier Besancenot. En 2002, la porte-parole de LO et celui de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) - qui s’est dissoute à la création du NPA début 2009 - occupaient 10% de l’espace électoral. Surprise du scrutin il y a dix ans, Besancenot avait atteint 4,25% quand Laguiller - dont le record de six participations à la présidentielle tient toujours - dépassait pour une seconde fois les 5%. Leurs successeurs n’osent en rêver… Ils se contenteraient même des scores de 2007 : 4,08% pour Besancenot et 1,33% pour Laguiller.

Statut de débutant oblige, Poutou et Arthaud pâtissent d’un déficit abyssal de notoriété et de charisme. «En 2002, je vous rappelle que j’étais l’anonyme de la campagne, rétorque Besancenot. J’étais à moins de 1% dans les sondages jusqu’aux trois dernières semaines.» Le candidat LCR avait profité de la période d’égalité stricte des temps de parole pour exploser. Mais, contrairement à 2002, il y a cette fois une concurrence sérieuse : en réussissant à unir une partie du non de gauche au référendum de 2005 sur l’Europe, Jean-Luc Mélenchon et le Front de gauche ont pris cet espace à la gauche du PS qui tendait les bras au NPA après l’effondrement du PCF. L’isolement du parti et ses divisions après le renoncement surprise de Besancenot et le passage de témoin avec Poutou ont fini de plomber la candidature anticapitaliste. De son côté, Nathalie Arthaud paie aussi un discours qui ne change pas et le refus systématique de LO de passer des alliances.

Réseau.

Mais ni l’un ni l’autre ne compte jeter l’éponge. «Si le 20 avril on me donne zéro dans les sondages, je garderai le sourire !» plaisante Arthaud. «On ne lâchera pas le morceau. On ira jusqu’au bout», a prévenu Poutou. Sauf si le 16 mars les 500 signatures nécessaires pour se présenter ne sont pas déposées au Conseil constitutionnel. LO, avec son réseau efficace, dit ne pas avoir de soucis. Le NPA assure avoir récolté 465 promesses mais accuse le PS d’aller démarcher les petits maires, «dont François Hollande n’a pas besoin».

Lilian Alemagna