Publié le Mercredi 9 février 2022 à 13h35.

Philippe Poutou a «plein de choses à dire» à Emmanuel Macron

Publié dans Libération

Le candidat du NPA à l’élection présidentielle attend de se confronter à l’actuel chef de l’Etat, qui a admis vouloir éviter de débattre avec le Bordelais, pour parler hôpital public, violences policières et écologie.

Tout est parti d’une phrase dans Libé. Lundi, nous racontions qu’Emmanuel Macron craignait de devoir se confronter à Philippe Poutou, candidat du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), lors d’un éventuel débat avant le premier tour de l’élection présidentielle. Le souvenir de 2017 est tenace. Il y a cinq ans, celui qui était encore ouvrier à l’usine Ford de Blanquefort avait enchaîné les punchlines fracassantes à l’égard de François Fillon (LR) et de Marine Le Pen (RN). «Fillon là, il est en face de moi, que des histoires. Plus on fouille, plus on sent la corruption et la triche», avait-il déclaré face au candidat de droite empêtré dans plusieurs affaires. Avant de moucher Marine Le Pen avec sa fameuse formule : «Nous, on n’a pas d’immunité ouvrière.»

Cette année, Macron ne veut pas endosser le rôle du punching-ball et refuse de participer à un remake «du Maillon faible à 12 ou 14» candidats. Ce que regrette Philippe Poutou. «C’est dommage, on a pourtant plein de choses à te dire», a aussitôt écrit le candidat trotskiste sur Twitter à l’adresse d’un président qu’il «va falloir venir chercher». Référence au piquant «Qu’ils viennent me chercher» d’Emmanuel Macron au moment de l’affaire Benalla.

C'est dommage ça @EmmanuelMacron, on a pourtant plein de choses à te dire. Visiblement il va falloir venir te chercher. pic.twitter.com/l5M5b7xg04

— Philippe Poutou (@PhilippePoutou) February 8, 2022

Le candidat anticapitaliste a ensuite dressé la liste des sujets dont il aimerait «discuter» avec le président sortant. Et forcément, c’est à la sauce Poutou. Face aux «milliers de lits supprimés à l’hôpital», aux «fermetures de service» et «aux conditions de travail déplorables des personnels soignants», le candidat du NPA demande un débat. Il parle des «mains arrachées», des «gens éborgnés» et cite Zineb Redouane, cette femme de 80 ans tuée à son domicile en 2018 à Marseille par une grenade lacrymogène tirée par un policier.

«La chasse aux réfugiés» et «les morts en Méditerranée»

Sur le terrain économique, Philippe Poutou aimerait entendre le point de vue d’Emmanuel Macron sur «les cadeaux aux plus riches» et «les milliardaires et les grandes entreprises qui se gavent d’argent public». Une rhétorique classique pour la gauche radicale. Le candidat poursuit, pêle-mêle, sur «la chasse aux réfugiés», «les tentes lacérées», «les morts en Méditerranée», «la gestion calamiteuse de la crise sanitaire» et «le grand n’importe quoi du protocole dans les établissements scolaires».

Dans ce qui s’apparente plus à un réquisitoire qu’à une invitation au débat, Poutou raille «le bilan écologique catastrophique du gouvernement» et s’emporte contre les «scandaleuses ventes d’armes». Le candidat du NPA conclut : «On pourrait continuer, il y a bien d’autres sujets.» Tout en lançant un ultime appel aux élus locaux pour qu’ils parrainent sa candidature anticapitaliste. «C’est la condition pour qu’on puisse faire entendre tout ça face à ceux qui voudraient qu’on se taise», lance Philippe Poutou qui a réuni, selon le dernier décompte du Conseil constitutionnel, 127 signatures. Dans les sondages, il est crédité de 1 à 2% d’intentions de vote.