Publié le Mercredi 14 mars 2012 à 22h12.

Qui sème la misère, récolte la colère !

La bousculade dont Sarkozy a été « victime » à Bayonne a été presque unanimement dénoncée dans les grands médias. Mais elle n’est en réalité que la conséquence des violences sociales que subit la population au quotidien, aggravées pendant le quinquennat du président des riches. Le 1er mars, Nicolas Sarkozy, en visite à Bayonne, a été hué, bousculé. Des œufs ont été lancés et des slogans scandés contre la venue du président des riches. Aucune destruction, aucun blessé et pourtant, Sarkozy a dénoncé des « violences » insupportables, relayé à la une des journaux télévisés le soir même et en particulier au 20 heures de TF1. Philippe Poutou, invité du 20 heures, a même été sommé de dénoncer ces « violences ». Il a refusé et a eu raison. Car les véritables violences sont ailleurs. Elles sont invisibles, dissimulées par les médias mais sont vécues au quotidien par la majorité de la population. Ce sont les violences sociales, économiques ordinaires qui poussent des salariéEs à la précarité, à la misère et même à s’immoler par le feu car ils ne trouvent pas de logement décent pour leur famille. Qui peut s’indigner de la « violence » de Bayonne quand 8 millions de personnes ne se chauffent pas car le prix du gaz et d’EDF privatisés ne cesse d’augmenter ?

Sous l’effet du chômage, de l’austérité salariale, du boom de la précarité, de la compression des allocations-logement (240 millions d’euros en moins, l’an passé), les expulsions (qui reprennent mi-mars !) ont atteint un record en 2009 : 106 938 décisions de justice. Une augmentation de plus d’un tiers en dix ans. À chaque expulsion, chaque accumulation d’impayés, se jouent en silence des drames inextricables, médiatiquement ignorés. Ces 30 dernières années, les sociétés immobilières ont dégagé 340 milliards d’euros de bénéfices. Où est l’insupportable quand l’Insee recense 2,12 millions de logements vides en 2010 et que les lois de réquisition ne sont appliquées dans aucune mairie même par celles à gauche, très à gauche ?

La violence, on la trouve aussi et surtout sur les lieux de travail. Chaque jour, deux salariéEs meurent d’un accident du travail. Chaque année, on compte 651 000 accidents avec arrêt, 46 436 incapacités permanentes, 4 500 mutiléEs. Depuis 1995, les maladies professionnelles ont doublé : 35 000 maladies professionnelles par an, 10 % des cancers liés au travail, près de 400 suicides. Mais en 2002, un rapport jugeait les maladies professionnelles sous-évaluées de 70 %.

Violences aussi quand se soigner devient de plus en plus difficile car il faut payer de notre poche les forfaits et franchises, les dépassements d’honoraires, les médicaments qui ne sont plus remboursés, les cotisations aux mutuelles qui augmentent leurs tarifs chaque année. Et dans le même temps, ces quinze dernières années, les patrimoines des 500 premières fortunes professionnelles françaises ont progressé six fois plus vite que la richesse nationale. Mieux, de 2010 à 2011, selon le baromètre Forbes, le nombre de milliardaires français en dollars a augmenté de 16,7 %. Et il faudrait maintenant, avec l’austérité, et les agences de notation en Père Fouettard, aggraver encore la « réduction des dépenses publiques » et comprimer les salaires. Combien de ménages ne peuvent plus boucler leurs mois, ne peuvent plus payer le gaz, le loyer, la cantine des enfants, le dentiste ?

La violence, c’est celle du chômage, c’est quand, malgré des profits faramineux, les patrons vous jettent comme des Kleenex. La violence, c’est le mépris social pour les jeunes contrôlés au faciès, c’est d’être culpabilisé de ne pas trouver de travail, c’est d’être traité d’assisté... voilà ce qu’est la violence. Et Sarkozy en cinq ans a décuplé cette violence sociale. Alors oui, qui sème la misère, récolte la colère !

Sandra Demarcq