Publié le Lundi 7 octobre 2019 à 09h39.

Tout est possible

Cette rentrée sociale et politique vient confirmer que l’été n’a pas suspendu la situation qui s’était cristallisée auparavant. Plus que jamais, la séquence des Gilets jaunes reste ouverte avec en plus, en cette rentrée, un nombre de journées de grèves nationales dans différents secteur comme jamais vu depuis longtemps. Ce sont les salariéEs de la RATP qui ont ouvert le bal le 13 septembre dernier et on dire que cela faisait longtemps qu’un tel niveau de grève n’avait pas été atteint dans ce secteur. Puis ce fut au tour des Finances Publiques le 16 septembre contre les fermetures de sites. Là aussi les taux de grève ont atteint des niveaux inégalés depuis le dernier grand conflit de 2000 et, fort logiquement, plusieurs sites ou départements ont appelé à reconduire la grève les jours suivants. Dans le même temps, l’été n’aura pas non plus réussi à casser la grève des urgentistes, puisque plus de 250 services d’urgence sont toujours en grève ni même celle des pompiers dans plus de 90 départements. Tout cela sans parler des avocats, des postiers et de toutes celles et ceux qui se battent pour leurs emplois ou leur usine. Sans oublier non plus les Gilets Jaunes qui, sans retrouver à cette étape leur niveau d’avant l’été et encore moins des mois de novembre et décembre 2018, marquent la permanence inédite d’un mouvement sévèrement réprimé.

Réformes structurelles

Face à cette situation sociale, le gouvernement reste en crise permanente. L’affaire de Rugy, les sifflements contre Macron le 14 juillet, son rétropédalage en moins de 24 heures sur l’affaire des « niches fiscales » des aides à domicile pour les personnes âgées, tout cela montre sa fragilisation. Mais pour autant il continue coûte que coûte à vouloir mettre en place des réformes structurelles profondes. Il y a celles qui sont passées cet été comme celle de la « transformation de la fonction publique » qui met entre autres, sans le dire, un terme au statut de fonctionnaire ou celle sur l’assurance chômage qui sera lourde de conséquences à la fois sur le montant et la durée des prestations et sur le nombre même d’allocataires. Les fonctionnaires et chômeurs n’ayant pas très bonne presse, du fait du venin idéologique qui a été distillé contre eux, nous n’avons pas eu la riposte qu’on était en droit d’attendre contre ces deux premières réformes structurelles. Ce sera sans doute une autre paire de manches avec l’autre réforme structurelle qu’est le dossier des retraites. Parce que, historiquement, il s’agit d’une question sensible. Ce n’est peut-être pas la mère de toutes les batailles, mais elle évoque en tout cas beaucoup de choses. Les retraites sont un droit qui a été conquis de haute lutte. Derrière cette réforme, c’est un certain mode de vie sociale qu’on s’apprête ou non à abandonner. Même s’il a déjà été fortement restreint ces trente ou quarante dernières années. 

Enfumages

Macron et son gouvernement ne sont pas aveugles et comprennent bien que le mécontentement et les résistances sont toujours d’actualité. Ils ont donc décidé de changer de méthode et prennent donc soit-disant le temps de la discussion, de la conviction… avec un nouveau « grand blabla ». Le calendrier de la contre-réforme des retraites est donc « retardé » et comme par hasard, cette contre-réforme reviendra après les élections municipales et le projet de loi sera présenté sans aucun doute pendant l’été 2020. Mais ce n’est pas tout. Pour éviter que la question sociale ne surgisse sur le devant de la scène, Macron pour faire diversion (mais pas seulement) a décidé de faire de l’immigration l’un des thèmes centraux de la fin de son quinquennat car selon lui ce serait le seul moyen de stopper le RN. Une stratégie pas vraiment nouvelle où d’autres se sont cassés les dents. Mais qui permet avant tout à Macron de compléter les dispositifs contre les migrantEs, tout en continuant d’apparaître comme le seul rempart contre le RN. La politique du pire est donc de nouveau ouverte.  

Converger pour créer un mouvement d’ensemble

Face à ces tentatives d’enfumages, nous devons imposer un autre calendrier et nos thèmes de discussions. Pour cela, la combinaison des retraites (traditionnellement explosif) et de la séquence Gilets jaunes qui se prolonge laisse à penser que tout est possible. L’enjeu de ces prochaines semaines, c’est de faire en sorte que l’automne 2019 soit rapidement au même niveau que les semaines de luttes les plus denses de l’année dernière. Et pour cela, plus que jamais, la convergence de toutes les luttes sera la clef pour faire reculer durablement ce gouvernement. Les espaces de convergences qui se sont construits entre les Gilets jaunes et les manifestations Climat le 22 septembre sont un point d’appui pour cette construction sur le long terme. D’ores et déjà, les syndicats de la RATP lancent un mouvement de grève reconductible à partir du 5 décembre, rejoint par Sud Rail. Il faut donc se saisir de toutes les possibilités pour ouvrir sur les lieux de travail, dans les services et les entreprises, une discussion large sur cette date qui pourrait devenir une date de convergence large contre la réforme des retraites. Enfin, plus que jamais nous devons prendre nos responsabilités et contribuer au rassemblement de toutes celles et ceux qui veulent transformer radicalement la société pour agir et frapper ensemble, politiser nos luttes, discuter stratégie et tactique en dehors de tout calendrier électoral.

Joséphine Simplon