Publié le Lundi 3 juin 2019 à 14h27.

La santé dans la rue à Paris le 6 juin, et en grève partout en France le 11 juin !

Partie de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) il y a plus de 2 mois, la grève des urgences implique aujourd’hui plus de 72 établissements aux quatre coins du pays.  

RéuniEs le 25 mai à l’appel du Collectif inter-urgences, les représentantEs des grévistes ont majoritairement décidé d’appeler à une montée nationale devant le ministère de la Santé le 6 juin. Soutenue par les fédérations syndicales CGT, Sud-santé-sociaux et FO, qui appellent par ailleurs l’ensemble des hôpitaux à une journée de grève le 11 juin, la mobilisation reste centrée sur les revendications des personnels des urgences : arrêt des fermetures de lits, hausse des rémunérations de 300 euros mensuels, augmentation des effectifs. 

Fréquentation en hausse, effectifs en baisse

Le 28 mai, ces syndicats s’étaient déjà rassemblés sous les fenêtres de Mme Buzyn pour « exiger l'ouverture de négociation sur les services d’urgences », mais aussi plus largement sur « l'augmentation des effectifs et des salaires » et « l'abandon des projets de loi »sur la santé et la fonction publique, outils de destruction massive des services publics. Au même moment, les personnels des urgences désertaient leurs services pour un débrayage de quelques minutes, à l’appel de SAMU-Urgences de France, un syndicat de médecins urgentistes qui soutient les soignantEs sans toutefois appeler le personnel médical à la grève.

Selon un rapport du Sénat de 2017, les urgences ont vu leur fréquentation doubler en vingt ans, avec près de 21 millions de passages enregistrés en 2016. À Paris, c’est une augmentation régulière de plus de 5% par an qui est observée. Ce qui n’empêche pas la Direction générale de l’AP-HP de planifier la suppression de 1000 postes par an jusqu’en 2023, après en avoir détruit 3500 entre 2014 et 2018. Ce qui n’empêche pas la fermeture de services d’urgences, d’hôpitaux de proximité, de maternités...

Auparavant, la surchauffe était liée aux épidémies hivernales, chez l’adulte comme l’enfant, mais aujourd’hui, les urgences ne connaissent aucun répit. La défaillance de la médecine de ville exigerait la multiplication par 3 des moyens humains. Médecine libérale que les autorités sanitaires préservent de toute mission de service public comme les industriels du médicament qui organisent la pénurie de certaines molécules au nom de leur taux de profit.  

Péril en la demeure

Côté Ministère et agences régionales de santé (ARS), bras armés du gouvernement, le ton a changé. La ministre, qui affirmait qu’il ne s’agissait pas d’un manque de moyens ou d’un problème de conditions de travail mais d’une question d’organisation, se défend aujourd’hui de pouvoir faire un miracle. Les ARS, attentives à toutes les mobilisations, lâchent parfois quelques moyens supplémentaires pour éteindre le feu qui se propage et devrait gagner tous les services hospitaliers. Mais en même temps, comme dirait l’autre, Agnès Buzyn ne lâche rien et prévoit même « un nouvel effort de maitrise de la dépense hospitalière […] estimé à 663 millions d’euros »après les 960 millions de coupes budgétaires en 2018 ! Le ministère de l’Intérieur a les moyens de payer les milliers d’heures supplémentaires des forces de « l’ordre », qui répriment et blessent depuis des mois, mais le gouvernement n’a rien à donner aux soignantEs qui accumulent aussi des milliers d’heures de travail non payé… Tout un programme ! 

Les coupes budgétaires sont à l’origine de la « perte de chance », entendre la « mortalité » de personnes mal prises en charge, comme dans ce fleuron de l’institution parisienne, l’hôpital Georges Pompidou, aujourd’hui, visé par une plainte pour « homicide involontaire »« non-assistance à personne en danger »et « faux et usage de faux »suite au décès d’un homme, victime de dysfonctionnements d’un service de réanimation débordé, dont l’administration a tenté de dissimuler la réalité. Une pratique courante…

La médecine du travail alerte sur l’état de santé de nombreux personnels médicaux et non médicaux, profondément altéré par une exposition professionnelle aiguë ou chronique à des risques psychosociaux : « surcharge de travail, injonctions contradictoires, objectifs inatteignables, perte d’autonomie, ambiance conflictuelle, incivilités, irrespect, injustice, jalousies, menaces, chantage, sentiment d’infantilisation, d’intimidation, d’humiliation… »

Il y a péril en la demeure et, pour mettre en échec la mécanique Macron, l’unité la plus large, de toutes celles et ceux qui agissent en défense de l’hôpital public et des hospitalièrEs comme pour l’accès aux soins égal pour toutes et tous partout en France, ouvrira la voie à des victoires. 

CorrespondantEs