Publié le Jeudi 20 juin 2019 à 21h55.

Le pouvoir accélère la casse de l’hôpital, l’exemple du Loiret

En pleine crise, et grève, de plus de cent services d’urgences, l’information éclate comme un coup de tonnerre dans le ciel sanitaire assombri du Loiret.

Acte 1 protase

Nous venons d’apprendre que le ministère via l’ARS, la servile courroie de transmission du gouvernement, aurait l’intention de fermer les lits de médecine des hôpitaux de Sully sur Loire, Beaugency, Neuville aux Bois et Briare, hôpital privé non lucratif. 

Le panneau “Hôpital” de ces communes sera transformé en “Maison de retraite”.

C’est la grande offensive tous azimuts contre la santé publique. Non content d’avoir sabré le maillage territorial de l’obstétrique en fermant toutes les petites maternités, le gouvernement massacre maintenant les capacités d’hospitalisation en médecine. Ils sont vraiment dingues.

Une des multiples raisons de l’engorgement des urgences est le manque de lits d’aval provoqué par le développement, à la place des lits d’hospitalisations classiques, de la médecine programmée ambulatoire. 

Nous avons toujours expliqué que ce progrès médical ne devait pas se faire au détriment de l’hospitalisation classique, notamment pour ce qui concerne les personnes âgées qu’il est très difficile de faire sortir après un séjour de quelques heures. La dimension dépendance, sociale et familiale ainsi que la fragilité de leur santé ne permettent pas de les traiter comme de vulgaires ballots de linges sales.

Cette décision délirante, inspirée par la seule préoccupation comptable, est à mille lieues des demandes des collègues des urgences. Et des besoins réels des patientEs. Mais ne rêvons pas, la réponse aux besoins des malades relève d’un lointain passé où l’humanité interférait encore un peu dans les décisions.

La transformation des lits de médecine en lits d’EHPAD, ce qui attend à coup sûr les (ex) hôpitaux concernés, est un plan d’économie juteux. Cela amène des dizaines de postes supprimés dans chaque établissement et la mise à contribution pécuniaire des familles et du conseil départemental en lieu et place de la sécurité sociale.

 

Au moment où ce gouvernement distribue des milliards d’euros d’économies de cotisations au patronat il faut bien trouver l’argent quelque part. Les pauvres et les classes moyennes vont de nouveau être obligés de raquer en lieu et place des amis actionnaires et banquiers de la clique au pouvoir. L’alerte “gilets jaunes” semble déjà digérée pour ce pouvoir sans scrupule. Il devrait faire plus attention car si les manifestations ont diminué, les esprits ne se sont pas calmés pour autant.

 

Acte 2 épitase

Nous apprenons par la même occasion leur intention de supprimer le SMUR de Pithiviers. 

Après avoir affirmé que la fermeture de la maternité n’était pas un souci majeur parce qu’en cas de coup dur il y avait une équipe de SMUR sur place, l’ARS et le ministère revienne sur leur parole et annoncent, sans aucune gêne, qu’ils reviennent sur leurs engagements.

Les délais de prise en charge dans le Pithiverais seront allongés de 3/4 d’heure dans le meilleur des cas à plus d’une heure lorsque les routes sont encombrées.

Si la justice des hommes n’était pas une justice au service des puissants on imagine bien un jour ces technocrates irresponsables pleurnichant devant les juges (comme les ex-patrons de France Télécom en ce moment) en jurant qu’ils n’avaient pas imaginé les conséquences de leurs actes criminels. Car comment qualifier autrement une décision qui va mettre en danger non seulement la population du territoire de Pithiviers mais aussi celle de tout le Loiret. En effet ce sont Orléans et Montargis qui vont devoir assurer la sécurité de ce bassin d’emploi sans aucuns moyens supplémentaires. Ce surcroit de travail aura des conséquences incontournables pour la disponibilité de ces équipes déjà surchargées.

Acte 3 catastase

La sinistre de la santé, notre très chère Comptesse aux mains vides, nous a annoncé que les mesures financières de misère à destination des services d’urgences seront saupoudrées en fonction des situations de tension de chaque hôpital.

Pour le CHR d’Orléans ça risque de n’être rien du tout. Car à l’ARS on estime que tout est calme aux urgences du CHR ! Le service est pourtant sous tension depuis 20 ans. Mais il semblerait que les déclarations “d’hôpital sous tension” déclenchées quand les urgences débordent ne soient pas transmises à l’autorité de tutelle par la direction générale. On imagine aisément que la sauvegarde de leurs primes confortables, des dizaines de milliers d’euros par tête de pipe, soit plus importante que la protection des équipes et des patientEs. Et si on veut toucher ses sous il ne faut pas de vagues. On pourrait peut-être utiliser ces primes très rondelettes pour payer quelques collègues supplémentaires, chiche ?

Catastrophe ?

Au final une vraie tragédie grecque que cette gestion purement. A moins que…

Et si on relevait la tête face à ce massacre des innocents. Il n’est pas trop tard. Les Urgences amplifient jour après jour leur mobilisation, dans les services des hôpitaux et les EHPAD on en bave tout autant. Il serait vraiment temps d’agir toutes et tous ensemble pour bousculer ce pouvoir déjà usé en à peine deux ans, exiger un moratoire immédiat sur les fermetures de lits et de service, les privatisations et les attaques contre notre statut. 

La satisfaction des revendications légitimes des hospitalier-ères est une mesure immédiate obligatoire pour limiter la casse des hommes et femmes brisé-es par des décennies de brimades, de mépris et d’oubli. La santé publique et l’accès aux soins pour toutes et tous sont notre bien commun. C’est à nous et nous seulEs, nous l’avons payé et construit avec nos cotisations. Ne laissons pas une bande d’irresponsables détruire ce patrimoine. Mobilisation !  

Jean Delhosto