Publié le Mardi 22 septembre 2020 à 17h13.

Le système de tests Covid-19 s'est effondré

Au début de la deuxième vague, avant même l'arrivée de la grippe et des viroses automnales, le système des tests PCR de dépistage du Covid-19 s'est effondré.

Là où il fallait quelques heures pour avoir un résultat, les délais sont devenus démesurés. À Rouen par exemple, en zone rouge donc, pour avoir un rendez-vous de test prioritaire, avec ordonnance médicale et symptômes, le système informatique du CHU propose des dates à huit jours, et l'expérience montre que le rendu des tests se fait souvent entre trois et huit jours ! Certains exemples sont frappants : une personne dyalisée, donc très fragile, rendu de test en six jours ; une aide-soignante en Ehpad, rendu de test de laboratoire de ville en huit jours ! Et si l'on contacte la ligne directe de l'Agence Régionale de Santé consacrée à la priorisation des tests pour les médecins, la permanencière effondrée vous raconte qu'elle n'arrive même pas à joindre les laboratoires par téléphone, les standards étant tous saturés. Alors que 55 départements sont en zone rouge, que le nombre de tests positif est passé en un peu plus d'un mois de 1300 à près de 13 000 quotidiens, que les admissions en réanimation ont bondi de 48%, tester, tracer, isoler est devenu un véritable parcours du combattant. 

Politique gouvernementale du chiffre

La télévision fait des reportages sur «  ces anxieux qui engorgent le système de test », comme hier elle diffusait en boucle les images de jeunes faisant la fête, oubliant que les principaux lieux de diffusion du virus sont les secteurs de soins, puis les entreprises privées et publiques qui regroupent aujourd'hui 31% des clusters en cours d'investigation. La population, anxieuse, se ferait tester trop souvent. Mais pas question de pointer du doigt le manque criant de personnels dans les laboratoires, obligés de travailler en 3x8, le manque de standardistes, le manque de machines, et maintenant de nouveau le manque de réactif, face au nombre de tests qui est passé de 250 000 à 1,2 millions. Pas question surtout de pointer du doigt cette politique gouvernementale du chiffre, finalement très libérale, qui laisse àchacun le soin de se tester, à l'opposé d'une politique de santé publique, qui ciblerait de manière active les patientEs symptomatiques et leurs contacts élargis, le système de santé, les lieux de travail (abattoirs, saisonnierEs de l'agriculture…), les lieux de vie où l'on sait que le virus se développe le plus, les personnes en contact avec les plus fragiles (aides à domicile…). Le tout en s'appuyant sur l'organisation des populations, la démocratie sanitaire, plus que sur la crainte des amendes et du reconfinement. Le gouvernement n'a rien anticipé, pas embauché, pas commandé les machines pour tester, pas investi massivement dans la validation et la mise en place des tests rapides, rendus en une demi-heure et qui n'ont pas besoin de machines, car les milliards sont pour les profits des grands groupes, pas pour la santé !

Priorité aux profits

On voit bien les conséquences de cet effondrement du sytème de tests. Faute de personnel dans les hôpitaux, on voit de plus en plus de soignantEs qui refusent de faire le test Covid en cas de symptômes légers, disant : « À quoi cela sert de me faire tester ? Si j'ai le test dans 7 jours, et le rendu 3 jours après, je ne peux pas me permettre de me faire arrêter tout ce temps là, en attente des résultats. Je vais travailler et "faire attention" ». Le gouvernement a décidé que la quatorzaine serait réduite à sept jours, car à J7, la plupart des porteurs du Covid-19 ne sont plus contaminants. Mais faute de test à J7 et de rendu dans la journée, cette mesure va évidemment favoriser la diffusion du virus, par ceux qui sont encore contaminants. Priorité aux profits.

Quant on sait qu'un test positif sur cinq seulement est issu du traçage, on ne peut que constater que la maitrise de l'épidémie a été encore une fois perdue. Et c'est le moment que le gouvernement choisit pour changer sans le dire de stratégie. Priorité affichée au retour au travail, y compris pour les plus fragiles face au Covid-19, avec le nouveau décret du 29 août qui réserve le dispositif d'indemnisation dérogatoire à ceux qui en réalité sont en incapacité de travailler. Pas de changement de politique sur le système de traçage. Pas d'embauche de personnel et de réquisition des locaux pour les écoles. Pas d'annonce de Macron sur le front du Covid, alors que même le comité scientifique réclamait des mesures fortes. Comme si le gouvernement s'était résolu à une deuxième vague, en espérant qu'elle ne ferait pas trop de morts. Priorité aux profits.