Publié le Jeudi 27 juin 2019 à 08h51.

Urgences : le mouvement s’étend, mobilisation nationale des hospitaliers le 2 juillet

Les annonces d’Agnés Buzyn, ministre de la Santé, n’ont pas suffi. Loin de s’apaiser, la colère et l’exaspération sont encore montées d’un cran dans les services d’urgences.

La grève se poursuit, se durcit et s’amplifie. Des préavis de grève sont déposés dans des hôpitaux, jusqu’alors non touchés par la lutte. Le Collectif inter-­urgences, qui recense désormais plus de 130 services en grève, organise une nouvelle journée de mobilisation nationale avec une manifestation à Paris le 2 juillet, à laquelle se joignent les trois fédérations syndicales CGT, SUD et FO. Dans un communiqué commun, ce collectif et ces syndicats appellent à « l’intensification des mouvements de grève ». Cette journée du 2 juillet doit s’inscrire dans la perspective d’une « marée blanche » du monde hospitalier, avec le soutien des « usagerEs », c’est-à-dire de toute la population.

La période critique de l’été

L’été est, pour les services d’urgences, une période critique. En raison des fermetures pour congés des cabinets médicaux, les urgences voient affluer davantage de patientEs sans réponse à leurs demandes de soins. C’est aussi la période où se produisent les fortes chaleurs, avec la nécessité d’accueillir des personnes âgées dont l’état peut très vite, y compris en EHPAD, en raison de la pénurie de personnel, devenir critique. Personne n’a oublié les milliers de morts de la canicule de 2003. Enfin, dans les zones de forte fréquentation pendant la période estivale, l’activité augmente, souvent de manière considérable.

Dans le même temps, dans les établissements hospitaliers, où le manque de personnel est permanent, celui-ci tente de prendre les congés auxquels il a droit (même si souvent il doit se contenter de 2 semaines). Les services, déjà habituellement surchargés, sont contraints de fermer des lits. Pas de place pour y accueillir les patientEs en provenance des urgences. Ceux et celles-ci sont donc condamnéEs à séjourner aux urgences encore plus longtemps que d’habitude, souvent sur des brancards, avec tous les risques que cela implique pour leur santé. L’agressivité et la violence s’en trouvent accrues. La charge de travail et la tension augmentent. C’est ce cauchemar que les équipes des urgences, épuisées et elles-mêmes réduites du fait des congés, s’apprêtent une nouvelle fois à vivre.

L’extension à l’ordre du jour

On comprend, dans ces conditions, que les grévistes ne soient pas prêtEs à céder. Et tout doit être mis en œuvre pour les soutenir de la manière la plus unitaire possible, pour populariser leur lutte, en montrer les enjeux, avec la création de comités de soutien regroupant professionnelEs et usagerEs.Au travers de la grève des urgences, c’est la situation de tous les services hospitalier, qui est aujourd’hui posée, et les revendications des urgences sont aussi celles de touTEs les hospitalierEs : augmentation massive des effectifs, refus des fermetures des lits et de services (aggravées par la loi santé), reconnaissance salariale…

Avec la journée du 2 juillet c’est l’extension du mouvement de grève à d’autres services qui est à l’ordre du jour, même si les réticences sont encore fortes et les difficultés à mobiliser sur le terrain réelles. C’est le moment d’y aller « touTEs ensemble », alors que depuis des mois les grèves isolées se succèdent partout pour des motifs identiques, sans coordination entre elles.Face à un gouvernement et à un pouvoir inflexibles, qui poursuivent leurs contre-réformes et aggravent l’austérité, la seule réponse à la hauteur est l’organisation d’une « marée blanche » : une grève de tous les établissements de santé pour les revendications et la défense du service public, soutenue par la mobilisation unitaire de la population avec les comités de défense des hôpitaux, les Gilets jaunes (dont c’est une des principales revendications) les syndicats interprofessionnels (UL, UD…), les partis politiques.

L’annonce, au moment où cet article était rédigé, d’un préavis de grève de 7 syndicats de sapeurs-pompiers du 26 juin au 31 août, dénonçant une « sur-sollicitation avec de moins en moins d’effectifs et de moyens » confirme que l’été pourrait être plus « chaud » que la Macronie ne l’espérait.

Jean-Claude Delavigne

 

Extraits du communiqué commun Collectif inter-urgences, CGT, FO et SUD

Les récentes déclarations de la ministre sur les mesures qu’elle propose suite au mouvement spécifique dans les urgences ne répondent pas aux revendications légitimes des professionnels qui exigent immédiatement des effectifs en personnels pluridisciplinaires supplémentaires, des lits d’aval nécessaires pour le « zéro patient sur les brancards » et une revalorisation de leur salaire de 300 euros.Devant les annonces qui ne prennent pas la mesure de l’urgence des dégradations des conditions de travail et de sécurité des salariéEs, impactant la qualité et la sécurité de la prise en charge de la population, les Fédérations Action santé et Action sociale CGT, FO et SUD et le Collectif inter-urgences appellent à une nouvelle journée de mobilisation nationale de grève, d’actions et d’initiatives dans les établissements et en territoire. […]La conférence salariale pour les agents et les salariés de la fonction publique se tenant le mardi 2 juillet, ce sera l’occasion d’exprimer notre détermination et de faire déverrouiller les « cordons de la bourse » pour l’obtention des financements de nos revendications.