Publié le Dimanche 6 septembre 2015 à 09h33.

Débattre avec des intellectuels critiques

L’Université d’été du NPA n’a pas seulement pour fonction de transmettre des connaissances théoriques et historiques, ou de rencontrer des militantEs de France et d’ailleurs. C’est aussi l’occasion pour notre parti de profiter des apports d’intellectuels critiques, d’engager le débat avec eux, et d’explorer des questions que nous avons parfois tendance à sous-estimer, par manque de temps, d’énergie ou d’intérêt.

Outre des débats organisés par la librairie la Brèche autour de livres récemment parus de Gilbert Achcar (Marxisme, orientalisme, cosmopolitisme, Actes Sud, 2015) et de Marlène Benquet (Encaisser. Enquête en immersion dans la grande distribution, La Découverte, 2013), l’université d’été a ainsi permis de discuter de la question des politiques sécuritaires avec le sociologue Laurent Mucchielli, et de celle des médias avec Serge Halimi, direction de rédaction du Monde diplomatique, et Pierre Rimbert, membre de son comité de rédaction. Dans les deux cas, les exposés et les débats se sont avérés riches et animés, montrant l’importance de nous approprier ces questions et le besoin de discussions pour faire progresser le NPA.

Auteur notamment de L’invention de la violence, Laurent Mucchielli a commencé par démontrer l’indéniable convergence entre le PS et la droite sur les questions de sécurité et de délinquance, insistant notamment sur ces tournants qu’ont constitué, de ce point de vue, le gouvernement Jospin (1997-2002) et les révoltes de 2005 dans les quartiers populaires. Mais il a également insisté sur le fait qu’à partir des années 1980, notamment de la première « affaire du voile à l’école » (1989), la menace pour la sécurité publique a peu à peu été problématisée à travers la figure du « jeune musulman de banlieue ».

Des échanges précieux

Serge Halimi a décrit dans son exposé l’importance prise par le secteur des médias dans le capitalisme contemporain, mais aussi les pressions et censures structurelles qui découlent de l’appropriation capitaliste des médias. Pierre Rimbert a réfuté quant à lui l’idée qu’Internet et les médias numériques pourraient constituer en eux-mêmes des réponses aux problèmes posés par cette appropriation. La discussion leur a ensuite permis d’avancer des propositions pour une transformation radicale des médias d’information, fondée sur le refus et de la tutelle des États et des pressions commerciales. 

Construire une culture politique commune suppose à la fois la volonté de transmettre les fondamentaux de notre tradition politique, mais également une capacité collective à débattre d’apports intellectuels externes sur des questions laissées en friche. Ces échanges avec des intellectuels qui ne partagent évidemment pas l’intégralité de nos perspectives sont précieux pour nous aider à élaborer non seulement des analyses fouillées mais aussi des réponses politiques à la hauteur des enjeux.

Léo Carvalho