Publié le Dimanche 12 mars 2017 à 21h05.

Les solidarités (inter)nationales du FN

L’ambassadeur cubain à Paris était présent, ceux de l’Arabie saoudite, du Cambodge, du Vietnam, de Taïwan et d’Albanie aussi. La Chine et les USA étaient représentés par des diplomates en exercice, ainsi que Singapour. Tout ce beau monde, « les représentants de 42 pays » au total, ont assisté à la conférence de Marine Le Pen sur sa « vision des relations internationales », le 23 février dernier...

On ne peut que spéculer sur les motifs de l’ambassadeur d’un pays comme Cuba d’assister à une telle réunion. Il n’est pas improbable que l’idée selon laquelle « l’ennemi de mon ennemi principal de longue date (les USA) est forcément mon ami » ait joué un rôle, ainsi que le positionnement de Vladimir Poutine qui – on le sait depuis le crédit russe de 9 millions d’euros attribué au FN en 2014 – soutient le parti lepéniste en France, ne serait-ce que parce qu’il souhaite affaiblir les forces pro-atlantistes et pro-Union européenne. Toujours est-il que, depuis peu, un ami commun (ou perçu comme tel) de Marine Le Pen et de Poutine réside à la Maison Blanche, vu leur admiration commune pour Donald Trump…

Lors de cette conférence du 23 février, Marine Le Pen a donc développé son discours en matière de politique internationale. Outre l’alliance avec le pouvoir russe, elle y a décrit un « monde multipolaire » au sein duquel les relations avec d’autres États servent en grande partie à empêcher les flux migratoires. Ainsi a-t-elle décrit le régime dictatorial du maréchal-président al-Sissi en Égypte comme « une tour qui nous défendra contre les migrants » (sic), propos déjà tenus en 2015. Le même sort est réservé aux rapports avec plusieurs États africains. Bien entendu, fidèle à elle-même, Marine Le Pen soutient le régime tortionnaire de Bachar el-Assad en Syrie, présenté comme la seule alternative pour empêcher une prétendue prise de pouvoir par « l’État islamique ».

Devenir une femme d’État...

La cheffe du FN propose aussi d’augmenter les dépenses de défense, à 2 % du PIB en début de mandat, et à 3 % en fin du quinquennat, tout en gravant la part budgétaire de l’armée dans le marbre de la Constitution française. Concernant l’Union européenne, Marine Le Pen a tout simplement proposé d’« en finir avec » elle.

Toujours en matière internationale, les 20 et 21 février, Marine Le Pen a « enfin » pu réaliser un rêve et rencontrer – pour de vrai – un Président ainsi qu’un Premier ministre en exercice. Jusque-là, sa réputation en tant que femme d’État avait quelque peu souffert du manque de crédibilité institutionnelle, et du fait qu’aucun gouvernement ne souhaitait réellement la recevoir. Cette fois-ci, au Liban, ça a été autre chose : à Beyrouth, Marine Le Pen a été reçue par Michel Aoun (chef de l’État, chrétien maronite et désormais pro-régime syrien), mais aussi par le Premier ministre Saad Hariri (sunnite, représentant de la bourgeoisie pro-Arabie saoudite). Si avec Hariri, les choses se sont un peu moins bien passés – ce dernier l’aura mis en garde contre un « amalgame entre musulmans et terroristes » –, les rapports avec Aoun n’étaient pas trop mauvais. Il faut dire l’homme, un temps exilé en France dans les années 1990 alors qu’il était contre le régime syrien (puissance alors quasi tutélaire du Liban, avant 2005), a aussi été plus ou moins proche de Jean-Marie Le Pen...