Publié le Mardi 19 mai 2015 à 16h56.

Pas de justice, pas de paix !

2005-2015. C’est long dix ans. D’autant plus quand c’est pour aboutir à un jugement des plus injustes, dans le procès de ces deux policiers poursuivis pour la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré dans un transformateur électrique à Clichy-sous-Bois. En effet, le tribunal correctionnel de Rennes a décidé ce lundi, comme à chaque étape de la procédure, de suivre les réquisitions du parquet, et donc de relaxer Sébastien Gaillemin et Stéphanie Klein.

Le NPA condamne cette décision qui piétine encore un peu plus la douleur des familles et fait peu cas de la mort de deux adolescents - un Noir et un Arabe. Les tribunaux n'ont pas trouvé de coupable dans cette affaire (si ce n'est les victimes elles-mêmes ?), et donnent raison aux familles lorsqu'elles estiment que les policiers sont "intouchables". Dans les quartiers populaires, réputés "violents", la violence raciste d’État se répand en toute impunité. C'est ainsi qu'Ali Ziri, Abou Bakari Tandia, Mohammed Boukrourou, Lamine Dieng et tant d’autres ont été traités comme des citoyens de seconde zone, jusque dans leur mort. Et si Manuel Valls dénonce un "apartheid" en France, ce n'est que pour mieux préparer quelques nouvelles opérations immobilières, médiatiques... et policières.

Si l'État français juge que l'opération au cours de laquelle Zyed et Bouna sont morts fut une opération ordinaire, où les agents de police n'ont fait que leur travail, alors c'est le procès du système qu'il faut faire. Il est grand temps qu'une mobilisation des populations visées par le racisme structurel et la répression d'Etat, appuyée par une vaste campagne de tou-te-s ceux et celles qui veulent marquer activement leur solidarité, vienne rappeler qu'ici, comme à Baltimore et partout ailleurs, "les vies noires, ça compte". Seul un tel mouvement pourra faire reculer les violences policières et leur impunité.

Montreuil, le 19 mai 2015