Publié le Jeudi 30 avril 2009 à 16h50.

L'extrême gauche et Besancenot, cibles des syndicats à la veille du 1er mai

PARIS, 30 avr 2009 (AFP) - Déjà traités de "rapaces" par François Chérèque (CFDT) en mars, l'extrême gauche et particulièrement le NPA d'Olivier Besancenot sont, à la veille d'un 1er mai "historique", accusés de se prendre pour des "simili-syndicats" (CGT) et de "mélanger les genres" (FO).

Depuis plusieurs semaines, le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) et Lutte ouvrière (LO) dont la grande majorité des militants est syndiquée à la CGT, prônent la "grève générale", estimant notamment que les manifestations à l'appel des syndicats sont trop espacées (29 janvier, 19 mars, 1er mai). Mais confrontées à une radicalisation des mouvements sociaux régulièrement imputée à l'extrême gauche, les centrales syndicales entendent bien protéger leur rayon d'action.

"Quand des partis veulent penser à la place de l'intersyndicale et nous dire ce que nous devrions faire, ils se trompent de mission", a déclaré jeudi Bernard Thibault (CGT), sans citer explicitement l'extrême gauche mais évoquant des "partis de gauche". "Qu'ils réfléchissent (...) aux conditions dans lesquelles ils prétendent un jour parvenir au pouvoir plutôt que de se prendre pour des +simili-syndicats+", a-t-il poursuivi, qualifiant d'"historique" la mobilisation du 1er mai.

Jean-Claude Mailly (FO) qui appelle à "24 heures de grève" après le 1er mai, s'en est, lui, pris directement au facteur de Neuilly: "s'il considère qu'un parti politique, c'est pas suffisant, qu'il fasse du syndicalisme". "Il y a toujours un danger quand on mélange les genres".

Mi-mars, François Chérèque (CFDT) avait qualifié de "rapaces" les militants NPA qui "font le tour des entreprises en difficulté". Face à ces accusations syndicales nourries, le NPA juge que "tout ce qui va dans le sens de la division est nul et non avenu". Il faut "arrêter ce petit climat anti-NPA. Quand ça vient de la droite et du patronat, on comprend mais quand ça vient des organisations syndicales, c'est assez lamentable", a déclaré à l'AFP Pierre-François Grond (NPA). "Qu'est-ce qui serait mieux? Que nos militants déguisés derrière leur couverture syndicale disent des choses alors que nous, on ne dirait rien sur le plan politique?", a-t-il lancé, soulignant que le pays avait "besoin d'un grand rassemblement", "politique, social, associatif, syndical, sans aucune exclusive" type LKP guadeloupéen, face à la politique de Nicolas Sarkozy.

M. Besancenot ne défilera d'ailleurs pas dans le cortège parisien vendredi, mais avec le collectif LKP en Guadeloupe, "l'endroit le plus unitaire, le plus combatif, qui a remporté des victoires". Selon M. Grond, "les syndicats peuvent investir le terrain politique et ils le font. Réciproquement, les partis politiques comme nous interviennent dans les luttes. On va continuer à le faire, tout en respectant l'indépendance syndicale".

"On veut nous mettre dans des cases et nous interdire quoi? De défendre une opinion?", demande Nathalie Arthaud, interrogée par l'AFP. Pour la porte-parole de LO, qui dit ne "pas comprendre ces subtils distinguos" entre partis politiques et syndicats tout en trouvant "tout à fait légitime" que les syndicats "organisent les manifestations", "les intérêts des travailleurs ne se découpent pas en tranches". "Mai 68, c'était politique ou c'était syndical? Quand on manifeste contre le gouvernement, c'est pas politique?", lance-t-elle.

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Par Julie DUCOURAU