Publié le Mardi 10 septembre 2013 à 19h10.

Salariés, jeunes et retraités dans la rue contre la réforme des retraites (AFP le 10/09/2013)

    PARIS, 10 sept 2013 (AFP) - Salariés, jeunes et retraités, entre 300.000 et500.000 selon la CGT, sont descendus mardi dans la rue pour contester lapremière réforme des retraites d'un gouvernement de gauche, un succès aux yeuxdes organisateurs qui espèrent lui donner une suite.   "Il va y avoir 300.000, 400.000, presque 500.000 manifestants dans toute laFrance", a affirmé le numéro un de la CGT Thierry Lepaon en début d'après-midiau départ du cortège parisien place de la République.   De son côté, la police n'a pas communiqué de chiffrage national.   Pour le numéro un de FO, Jean-Claude Mailly, la mobilisation, à l'appel dequatre syndicats - CGT, FO, Solidaires, FSU -, "dépasse le cercle militant",même si ce "n'est pas une déferlante".   "C'est une bonne mobilisation" plus massive, selon lui, que celle contre laréforme de l'emploi organisée par les mêmes syndicats le 5 mars dernier, etqui avait rassemblé 200.000 personnes, selon eux.   M. Mailly a appelé le gouvernement à faire "encore des efforts. Il y a unverrou à faire sauter, celui de l'allongement de la durée" de cotisation à 43ans en 2035. Cette mesure du projet focalise la contestation syndicale et enfait une loi "anti-jeunes", selon eux.   En tête de cortège parisien, une pancarte proclamait "aux profits du CAC 40de financer les retraites", tandis que des militants scandaient "retraite,retraite, retraite, à 60 ans".   Les syndicats ne réclament pas le retrait du projet de loi. M. Lepaon yvoit même "un progrès" en rappelant la question de pénibilité. Leur objectifest d'obtenir une "amélioration" du texte lors des débats parlementaires.   "La bonne nouvelle, c'est que les jeunes s'emparent du dossier", setarguait M. Lepaon défilant au côté du président de l'Unef, Emmanuel Zemmour.   Les syndicats discuteront la semaine prochaine de la suite à donner à cettejournée. Eric Aubin, membre de la direction de la CGT, a déjà promis"d'autres" mobilisations.   Le numéro un du PCF, Pierre Laurent, présent dans le défilé parisien, aassuré que "cette mobilisation va s'amplifier dans les semaines à venir".   Mais le temps presse puisque le projet sera en examen en procédured'urgence au Parlement en octobre.   Pour Olivier Besancenot (NPA) cette mobilisation "est loin  d'êtreridicule. Tous ceux qui ont fanfaronné sur le thème d'une mobilisationmort-née, faut qu'ils rebouchent la bouteille de champagne!"   Des défilés et des rassemblements ont eu lieu  dans de nombreuses villes: àNantes (entre 4.500, selon la police et 8.000, selon les syndicats), Toulouse(entre 4.000 et 16.000), Lyon (entre 4.000 et 8.500), Marseille (entre 6.300et 50.000), Bordeaux (entre 6.200 et 12.000), Grenoble (entre 2.000 et10.000), Strasbourg (1.200 selon la police), Reims (entre 1.100 et 2.000),Rennes (entre 2.200 et 4.500), Clermont-Ferrand (entre 2.500 et 5.000).   Dans de nombreuses autres villes, comme Calais, Caen,  Besançon, Le Havre,Pau ou Metz, la police a compté des centaines voire des milliers departicipants.   "Sarko, Hollande, même combat"   "Retraite, 20 ans de régression ça suffit", lisait-on sur une banderole àNantes, la ville du Premier ministre Jean-Marc-Ayrault.   "Sarko, Hollande même combat, retrait retrait du projet de loi",entonnaient des militants à Brest, "tandis qu'à Strasbourg, un slogan accusaitle PS de faire "une politique de misère".   L'appel à la grève a été peu entendu: le trafic était globalement quasinormal dans les transports, malgré des débrayages dans certaines villes(Clermont-Ferrand).   L'ampleur de la mobilisation est très loin d'égaler celle en 2010 contre laréforme des retraites de Nicolas Sarkozy qui avait rassemblé au mieux entre1,2 million de personnes (police) et 3,5 millions (selon les syndicats).   Mais M. Mailly prévient: "c'est l'image d'un volcan : vous avez un peu defumée, la terre ne tremble pas, mais ça bouillonne et à un moment il faut queça sorte!". "Ca sortira en partie aujourd'hui" et "un moment donné quand ça nesort pas syndicalement, ça sort politiquement".   "La lourdeur de la crise a créé chez les salariés une logique de repli etde résignation plutôt que de combat", explique à l'AFP Bernard Vivier,directeur de l'Institut supérieur du Travail pour qui les salariésreconnaissent le "caractère inévitable d'une réforme des retraites".   Par ailleurs, selon lui, "un gouvernement de gauche leur paraît un peumoins pire que la droite" et une "perméabilité existe entre la sympathiesyndicale, notamment chez les fonctionnaires, et la sympathie envers le PS".   A l'inverse de 2010, les syndicats réformistes - CDFT, CFE-CGC et la CFTC -n'étaient pas dans la rue.   bur-em/db/sd