Publié le Mercredi 15 décembre 2010 à 16h35.

Position 3 présentée par 24 membres du CPN : résolution orientation /construction

 

Partie 1 et 2 : communes avec la position 1

Partie 3 : alternative au point 3 de la position 1.

3. Des recompositions en cours au sein de la gauche.

a) La gauche libérale : l’alternance sans rupture avec le libéralisme

 Au pouvoir, comme actuellement en Grèce, en Espagne et au Portugal, les partis sociaux-démocrates ne mènent pas une politique qualitativement différente de celle de la droite, et se soumettent sans broncher aux diktats de l’Union européenne et du patronat. Dans l’opposition, en France, le Parti socialiste a soutenu les réformes constitutionnelles liées à l’adoption du traité de Lisbonne et voté le plan d’austérité imposé à la Grèce par l’Union européenne et le FMI. Présent dans le mouvement de contestation de la réforme des retraites, le PS n’en n’a pas pour autant regagné substantiellement une crédibilité politique. En effet, son orientation social-libérale lui interdit, ainsi qu’à ses présidentiables, de défendre une véritable alternative au projet porté par Sarkozy, comme en témoigne d’ailleurs le fait que ses députés ont voté l’allongement de la durée des cotisations à 41,5 annuités. Sa participation à la mobilisation combinée avec l’absence d’une proposition alternative est lourde de contradictions d’autant que sur le plan interne les divergences entre sa majorité social-libérale et les courants gauche qui ont réellement participé à la mobilisation sur la base du rejet du projet gouvernemental vont s’exacerber.

Néanmoins, il prépare l’alternance en surfant sur le rejet massif de Sarkozy et de son gouvernement, rejet dont il espère être le principal bénéficiaire. Il vise à reconstituer autour de lui une nouvelle union de la gauche, baptisée « gauche solidaire », avec comme partenaires privilégiés Europe Ecologie et, dans une moindre mesure, le Parti radical de gauche, en espérant sans doute aussi pouvoir l’élargir à tout ou partie des composantes du Front de Gauche.

Mais bien que les sondages le donnent gagnant, rien n’est pour autant acquis pour le PS. Même si tous et toutes ses présidentiables ont voté le texte programmatique sur le nouveau modèle économique (qui traduit, sous couvert de modernité, un ralliement au libéralisme), les rivalités et les ambitions personnelles peuvent déboucher sur une crise pour peu que les primaires ne permettent pas d’imposer une candidature de manière incontestable.

Enfin, en cas de victoire, à l’image de ce qui se passe aujourd’hui en Grèce et au Portugal, la politique que le Parti socialiste mènera dans le cadre d’une crise majeure et prolongée de l’économie capitaliste n’ira pas sans contradictions et peut générer l’apparition de courants critique  en son sein, voire des fractures.

L’émergence d’Europe Écologie (EE) comme deuxième force électorale à gauche traduit la prise de conscience à une échelle de masse des problèmes posés par la crise écologique. Mais elle participe aussi de la confusion stratégique en visant à marier des positions aussi inconciliables que la défense du libéralisme économique et celle de la préservation des ressources et des équilibres écologiques de la planète, dans une sorte de synthèse « écolo-libérale ».En outre, Europe Ecologie a été aux abonnées absentes lors de la mobilisation contre la réforme des retraites illustrant son incapacité à offrir quelque alternative que ce soit sur une question majeure posant la question de quelle société nous voulons.

Des militantEs associatifs et syndicaux peuvent être séduitEs par EE, par son discours anti-sécuritaire, sur les libertés démocratiques, contre les discriminations, voire sur certaines questions sociales, et sans doute par le fait qu’EE est une « réponse unitaire ».

Pour les Verts et leurs alliéEs, pérenniser cette influence implique maintenant de s’accorder sur la consolidation de leur nouvelle formation politique, Europe Ecologie – Les Verts (EELV), processus qui devrait s’accompagner de contradictions et de luttes d’influence, en particulier en terme d’alliance « au-delà de la gauche ». Sur ce que sera l’orientation politique fondamentale de ce regroupement, il y a en revanche un accord large parmi ses dirigeants : c’est l’adhésion à un nouveau modèle de développement capitaliste supposé être aussi écologiquement soutenable que socialement responsable, mais surtout compatible avec le système et avec le programme du PS.

Cependant, il faut souligner également l’existence d’une mouvance gauche au sein des Verts qui participe de l’attraction exercée par Europe Ecologie sur certainEs militantEs du mouvement social. Cette sensibilité n’est aucunement condamnée à se fondre dans l’orientation majoritaire d’EE. Elle peut avoir une existence et une intervention propres et pourrait même rejoindre d’autres formations à gauche du PS et d’EE comme le Parti de gauche (à l’instar de Martine Billard) ou un nouveau front politique et social de la gauche radicale, pour peu que le NPA…

b) A la gauche du Parti socialiste et d’Europe Ecologie – Les Verts, le paysage politique s’est profondément modifié et les processus de recomposition sont en cours

L’élément nouveau est la création et le développement du Parti de gauche (PG) qui a réussi à s’installer dans le paysage politique à gauche, en incarnant lui aussi un antilibéralisme et en se positionnant comme trait d’union de l’ « autre gauche » grâce à un profil unitaire, ce qui lui permet d’occuper une partie de l’espace politique anticapitaliste et antilibéral, aidé en cela par la politique d’isolement du NPA.

Nos divergences avec le PG (bilan des précédents gouvernements de gauche, conception de la république, tendance à davantage privilégier le cadre institutionnel à celui des mobilisations…) ne doivent pas pour autant servir de prétexte pour renoncer à une démarche de proposition à son égard dans la perspective de la construction d’un front politique et social.

La direction du Parti communiste (PCF), quant à elle, est confrontée à un dilemme : confirmation de l’orientation de type « Front de gauche », ou retour vers une alliance avec le PS. Le retour à une alliance privilégiée avec le PS dans le seul but de conserver des éluEs est difficile à faire admettre à ses militant-e-s qui refusent le social-libéralisme jugé co-responsable de la crise économique aggravée et la volonté d’hégémonie du PS qui leur est de plus en plus insupportable. Si la direction du PCF confirme le Front de gauche, elle est entraînée dans une dynamique qui, à chaque fois, bouscule son appareil qui refuse a priori d’envisager son propre dépassement et une rupture franche de son alliance avec le PC, ce qui aggrave ses tensions internes.

La création du Front de gauche (FdG) répond à une aspiration unitaire, même s’il est traversé de multiples contradictions. Il s’est installé dans le paysage de la gauche antilibérale en obtenant des succès modestes mais réels sur le terrain électoral. Son avenir est pourtant incertain. Il existe de nombreuses nuances entre le PCF et le PG notamment quant à leur rapport au PS (cf. régionales). La question de la candidature à la présidentielle est épineuse pour tous les partis. Le FdG, en tant que coalition, échappera d’autant moins à la règle, et l’affrontement médiatisé Chassaigne/Mélenchon pourrait préfigurer cette difficulté.

Le FdG a également montré ses limites lors de la mobilisation contre la réforme des retraites. Si toutes ses composantes ont soutenu les exigences du mouvement et appelé au retrait de la loi, il n'a pas pris d’initiative en tant que tel, chacune de ses composantes jouant sa propre partition, donnant ainsi le sentiment d’une paralysie liée également aux échéances institutionnelles futures. Se réfugiant derrière la désormais traditionnelle division du travail entre partis et syndicats, PCF et PdG ont apporté un soutien totalement acritique à la direction de la CGT.

Le PCF a été silencieux sur les mots d’ordre politiques. De son côté, le PdG a défendu la proposition d’un référendum, portée également par des courants anti-libéraux et anticapitalistes (Politis, Attac, FASE…), qui n’a pas été reprise à ce moment par le mouvement.

Il existe aussi des forces non négligeables qui se situent sur le terrain de l’anticapitalisme au sens large du terme et qui ont des correspondants dans le mouvement social et syndical. C’est notamment le cas des Alternatifs, de la FASE, des communistes unitaires ou du PCOF qui se sont clairement exprimés en faveur d’un regroupement large et unitaire de la gauche antilibérale et anticapitaliste, incluant aussi bien le FdG que le NPA.

La recomposition de la gauche radicale antilibérale et anticapitaliste est en cours et le NPA doit y intervenir activement de manière à favoriser les évolutions à gauche, sur des positions anticapitalistes conséquentes.

Au moment où les plans d’austérité se mettent en place dans tous les pays de l’Union européenne, où l’ensemble des acquis sociaux sont remis en cause, la question de l’indépendance vis-à-vis  du PS demeure une question clé. L’ensemble des forces de la gauche de la gauche ne pourra se soustraire à répondre clairement au fait que le programme du PS est incompatible avec celui d’une gauche 100 % à gauche, qu’il n’est pas possible de négocier avec lui un accord programmatique et de participer à un gouvernement qu’il dirige. Si la droite est défaite en 2012, il faudra y répondre concrètement. Et c’est dès maintenant que cela se joue, pas entre les deux tours de la présidentielle. Mais il revient au NPA, d’une part de ne mépriser aucune discussion a priori, et d’autre part de proposer – et c’est notre réponse à la proposition du Front de gauche de discuter de leur programme partagé – un espace ouvert pour débattre de ce type de questions avec comme objectif de contester l’hégémonie du PS sur la base d’un programme répondant aux revendications et aux aspirations portées par les mobilisations et les mouvements sociaux.

Partie 4 : commune avec la position 1

Partie 5  alternative à la partie 5 de la position 1

5. En France, en Europe comme au plan international, favoriser les convergences anticapitalistes.

La crise ne crée pas spontanément une radicalisation à gauche des travailleurs-euses. La disparité des conditions de travail, le développement de la précarité du chômage et de la misère ainsi que l’absence d’alternative crédible au système actuel ont généré chez les salarié-e-s un certain désarroi face aux offensives néo-libérales. Mais la mobilisation contre la contre-réforme des retraites a montré que subsistent des capacités très importantes de résistance à l’offensive libérale.

Le NPA doit chercher à remettre à l’ordre du jour la perspective d’une société alternative au capitalisme, une société socialiste, écologiste, féministe et démocratique. Pour convaincre qu’une autre société est possible, il est nécessaire que les salariéEs, les chômeurEUSEs et les précaires, la jeunesse retrouvent confiance en leurs propres forces. Cela implique d’être au cœur des luttes pour contribuer à les développer, les unifier et les radicaliser et ainsi leur redonner confiance dans leur capacité à changer les choses par leur mobilisation. Mais cela ne suffit pas. L’absence d’une alternative politique crédible en rupture avec les logiques social-libérales pèse sur les capacités de notre camp social à aller au-delà de mobilisations ponctuelles exprimant son opposition aux contre-réformes libérales.

Le NPA ne peut pas incarner seul cette alternative politique. Mais il est une composante indispensable pour un rassemblement d’une gauche de gauche totalement indépendante du PS, rassemblement qui serait capable de faire dialoguer en son sein les meilleures expériences du mouvement ouvrier et de forger ainsi un correspondant politique aux luttes de résistance sociale. Les mobilisations de ces dernières semaines sont un point d’appui pour avancer dans ce sens pour peu que des initiatives soient prises rapidement.

Ainsi, au moment de la mobilisation pour la défense des retraites, il aurait été possible, au-delà des divergences réelles qui existaient entre et au sein des diverses composantes de la gauche de la gauche, de prendre des initiatives (meetings, tracts, communiqués de presse communs), allant dans ce sens. Une telle perspective tant pour tirer le bilan de cette mobilisation que pour tracer les voies d‘une alternative anticapitaliste reste d’ailleurs d’actualité à l’image de ce qui s’est passé, de ce qu’il a été possible de faire au niveau local.

Ces dernières ont également illustré qu’il n’était pas possible de séparer abstraitement questions sociales et questions politiques.

Notre politique doit s’inscrire dans le cadre d’une orientation générale de constitution d’un front social et politique.

Pour à la fois résister à la politique libérale et réactionnaire de Sarkozy et imposer une politique en rupture avec le social-libéralisme nous devons tenir les deux bouts.

-Contre la politique du gouvernement, nous favorisons et sommes partie prenante de tous les cadres unitaires, regroupant syndicats, associations, partis politiques qui favorisent la mobilisation. Chaque fois que possible, nous essayons de ne pas en rester à des cadres d’organisations et de mettre en place des comités de mobilisation permettant la participation active d'inorganisé-e-s.

-De cette activité, des mobilisations unitaires, nous devons essayer de donner une traduction sur le plan politique par la constitution d’un front susceptible de contester l’hégémonie du Parti socialiste sur la base d'un programme qui défende des mesures d’urgence anticapitalistes et écosocialistes face à la crise. Nous pouvons nous inspirer pour cela des discussions unitaires et des alliances électorales locales (dans le Languedoc-Roussillon ou le Limousin par exemple) pour lesquelles militant-e-s du NPA, du PCF, du PG, de la GU, des Alternatifs, de la Fase et au-delà peuvent témoigner de la nécessité et de l’utilité d’un front politique de l’autre gauche. Ces expériences peuvent et doivent peser dans la construction d’un front politique au niveau national et local. Le NPA doit appuyer et participer aux initiatives de type appels ou assises, localement et nationalement, pour ouvrir et étendre le rassemblement.

Il s’agit de constituer, progressivement, un bloc de l’autre gauche, large, ouvert à toutes les composantes, aux représentant-e-s et acteur-trice-s du mouvement social, s’appuyant sur des collectifs unitaires locaux et ancré dans les milieux populaires.

Aux propositions d’élargir le front de gauche notamment au NPA, nous devons répondre en substance : « Oui, nous sommes favorables à un front anticapitaliste qui intervienne sur le champ social et politique et dans les élections. Mais pour pouvoir le constituer il faut se mettre d’accord :

- sur un contenu, à savoir un programme anticapitaliste qui n’hésite pas à faire des incursions dans la propriété privée pour imposer une autre répartition des richesses, un changement radical des modes de production et de consommation, une remise en cause des institutions de la V° république et de l’Union européenne, de la politique impérialiste de l’Etat français et de l’Union européenne ;

- sur l’intervention en commun dans les mobilisations sociales (retraites, crise européenne, immigration, climat, etc.)

- sur la participation à un gouvernement, qui doit être conditionnée à la mise en œuvre des mesures phares défendues dans la campagne électorale. Un choix s’impose à gauche : gouverner pour les peuples ou gouverner pour les marchés financiers. Ces deux orientations ne pourront cohabiter dans un même gouvernement qui se situerait dans la lignée des politiques menées par les partis socialistes au pouvoir aujourd’hui en Grèce, en Espagne et au Portugal.

- Sur les alliances, puisqu’un accord programmatique avec le Parti socialiste n’est pas envisageable avec la politique qu’il défend.

Il ne s’agit pas de constituer une organisation commune qui n’est pas à l’ordre du jour dans les conditions présentes, mais de réunir les conditions pour construire un front politique commun, quel que soit le nom qu’on lui donne.

C’est dans cet esprit que nous préparons 2012. Nous nous inscrivons dans les processus de recomposition en cours dans la gauche radicale.

Dès les élections cantonales de mars 2011, nous cherchons à réunir les conditions pour des candidatures unitaires de la gauche de transformation sociale dans un maximum de cantons s’appuyant sur les mêmes principes qui ont permis de réussir l’union dans plusieurs régions.

Le NPA se déclare favorable à une candidature unitaire à la présidentielle et des candidatures unitaires aux législatives sur la base d’un programme de rupture avec le libéralisme et la logique capitaliste, et développant une politique de transformation sociale, écologique et démocratique. Pas un programme qui reprend l’entièreté du nôtre, mais qui, fondé sur les revendications/exigences essentielles portées par le mouvement social, serait celui d’une majorité et d’un gouvernement menant une vraie politique de gauche, rompant avec les toutes les variantes d’accompagnement du libéralisme que défend le programme du PS.

Le NPA devra prendre des initiatives et participer à tous les espaces de débat qui permettent d’avancer dans ce sens.

C’est avec cet état d’esprit que le NPA répond positivement à la proposition du Front de Gauche de discuter d'un programme partagé comme il répondra positivement à toutes les propositions qui ne manqueront pas de surgir dans la foulée des récentes mobilisations tant la question d’une alternative au libéralisme et à sa variante social-démocrate est posée aujourd’hui à une échelle large. Pour que ce débat soit possible et pour qu'il aboutisse positivement, il est nécessaire de mettre en place un cadre de débat dans lequel l'ensemble des forces à la gauche du PS et les animateurs des mouvement sociaux soient à égalité. Il ne s'agit pas pour le NPA de se « rallier au Front de Gauche » mais de débattre d'un contenu pour aboutir à un rassemblement.

Sans préjuger des conclusions de ce débat, c’est bien en commençant par la discussion sur le programme que pourront s’envisager des candidatures communes pour porter celui-ci aux prochaines échéances électorales.

Autour de l’élaboration de ce programme alternatif, le NPA, s’appuyant sur le document « Nos réponses à la crise » et sur les leçons des récentes mobilisations prendra sa place dans les espaces de rassemblement et de débat unitaire. L’objectif d’un rassemblement unitaire est de créer une dynamique pour changer les rapports de force au sein de la gauche, contester l’hégémonie politique du PS., battre durablement la droite et l’extrême droite,

Cette perspective doit se construire avec les acteur-trice-s de mouvement de résistance sociale et écologique, en élaborant en commun des propositions politiques alternatives, en s’appuyant sur les nombreuses réflexions qui existent, dans et en dehors des partis. Nous ne partons pas de rien. Outre les éléments de notre propre programme, des débats ont avancé dans bien des régions lors de la constitution de listes unitaires aux dernières élections ; ceux restés inachevés dans les collectifs issus du « non » de gauche au traité européen ont également lancé des pistes à reprendre ; des rencontres européennes entre partis de la gauche de gauche en débattent ainsi que le mouvement ouvrier et syndical européen à la recherche des moyens de se défendre face à cette crise capitaliste. Cette politique de sortie de la crise doit être portée par un front social et politique crédible, ouvrant une dynamique constructive aux forces politiques intéressées de la gauche de la gauche et aux secteurs du mouvement social qui cherchent une réponse politique à la hauteur de la situation.

Si un accord s’avérait possible avec les forces se situant à la gauche du PS, pour créer un front social et politique, pour présenter des candidats communs aux cantonales et législatives, il serait injustifiable de ne pas résoudre, de manière consensuelle et démocratique, le problème du/de la candidat-e commun à la présidentielle, entouré des portes paroles des différentes composantes, reflétant la diversité et la convergence du rassemblement. Mais c'est bien en abordant le processus de discussion par le biais du programme législatif à défendre que l' on pourra surmonter le piège tendu par la 5e République à chaque élection présidentielle, qui dépolitise le débat et personnalise la politique, et pousse chacun dans la gauche de gauche à jouer sa partition solitaire. Le NPA pourra juger de l'état du processus unitaire avant l'été 2011, et c'est à ce moment-là qu'il prendra ses décisions et dispositions sur la candidature présidentielle qu'il soutiendra ou présentera.

En Europe :

Dans les mois et années qui viennent, il est indispensable que le NPA se donne les moyens d’engager une discussion sérieuse avec l’ensemble des forces qui se situent à la gauche de la social-démocratie en Europe et qui jouent un rôle réel dans la lutte des classes dans leur pays. Ainsi, nous devons nouer de réelles relations « bilatérales » avec plusieurs d’entre elles (Bloc de gauche, Synaspismos/Siriza, Alliance Rouge et Verte, Parti socialiste hollandais, SWP britannique, Die Linke avec comme ambition d’élaborer des réponses politiques communes à l’échelle européenne. Nous devons aussi tester la possibilité de la tenue d’une conférence européenne avec toutes les forces qui se fixent comme objectif de défendre un programme de rupture avec la politique de l’Union européenne et de mener des campagnes communes à l’échelle européenne, ce qui en France implique de s’adresser aux forces se situant à la gauche du Parti socialiste pour qu’elles en soient partie prenante.

Plusieurs partis de la gauche anticapitaliste sont membres ou observateurs du Parti de la gauche européenne (Bloc de gauche, Synaspismos, l’Alliance rouge et verte…). Le NPA demande à pouvoir y participer à titre d’observateur, c’est-à-dire sans être engagé par toutes les décisions que celui-ci est susceptible de prendre, mais avec l’ambition de trouver sur un certain nombre de questions des réponses et des actions communes permettant de développer une activité unitaire dans toute l’Europe.

Partie 6 et partie 7 (alternative à la partie 6 de la position 1)

6.   Remettre le NPA sur les rails de la construction d’un parti large, ouvert pluraliste et unitaire

6.1 - Quelques éléments de bilan de 2 années d’existence.

Le lancement du NPA s’est fait avec enthousiasme et a créé une réelle dynamique de construction, même si on pouvait déjà regretter l’absence d’autres forces ou courants politiques ou du mouvement social, en dehors de la présence de quelques groupes d’extrême gauche (fraction l’Etincelle de Lutte ouvrière, Gauche révolutionnaire, etc.). L’objectif de départ d’impliquer un grand nombre de militantEs qui n’avaient jamais appartenu – ou n’appartenaient plus – à un parti politique se concrétisait.

Sa création est arrivée à un moment opportun, c’est-à-dire dans une période où le capitalisme entrait dans une de ses crises structurelles, ouvrant une brèche dans l’affirmation de son caractère indépassable. Pour autant, le NPA n’a pas vraiment su en bénéficier. Les raisons sont multiples, mais toutes ne peuvent relever de simples facteurs objectifs liés à la situation politique et sociale. Certaines sont de son entière responsabilité : des questions restées ouvertes lors du congrès de fondation ont conduit à des appréciations différentes, mais surtout l’orientation mise en œuvre depuis ce congrès, en particulier dans les séquences électorales, a ouvert une phase d’isolement du NPA.

Nous avons fragilisé une partie de notre capital de départ (affaiblissement numérique, image sectaire, attrait fortement amenuisé, notamment du côté des animateur-trice-s du mouvement syndical et social, etc.), en particulier au moment des deux séquences électorales (européennes et régionales), parce que le NPA est apparu comme voulant jouer cavalier seul, sans répondre à la profonde aspiration unitaire qui existe pour virer la droite et sa politique. De fait, le NPA a délivré un message de « diviseur » et laissé à d’autres le message d’« unité ». Les résultats électoraux en témoignent. Cela n’était pas inévitable.

Ainsi, pour les élections régionales par exemple, quelles que soient les appréciations sur la possibilité d’arriver ou non à un accord, on ne définit pas une orientation politique sur un pronostic. Il était possible et indispensable de mener bataille, publiquement, pour des candidatures unitaires à la gauche du PS, en défendant l’indépendance vis-à-vis de ce dernier (y compris sur la question des exécutifs), et en discutant aussi, du programme. C’est précisément ce que n’a pas fait le NPA. Et du coup, il a en partie perdu de son influence dans le mouvement social et connu d’importants départs de militantEs.

Nous disposons néanmoins encore de ressources suffisantes pour que le NPA redevienne un parti attractif. Pour peu, bien entendu, que nous tirions toutes les conséquences des erreurs faites, et que nous nous engagions à jouer un rôle majeur dans la résistance aux attaques libérales, dans les recompositions à l’œuvre à la gauche du Parti socialiste en gardant comme perspective le renversement du capitalisme. Pour cela, l’orientation, mais aussi la manière d’envisager la construction du NPA, doivent changer. Et ce changement de cap doit le rendre offensif et novateur !

6.2 - Des questions auxquelles il faut répondre

Le profil électoral adopté depuis la création de notre parti pose plusieurs questions.

Le NPA peut-il, en tant que représentation politique, incarner à lui seul l’alternative qui manque à gauche ? Est-il indifférent à la nécessité de créer un pôle électoral crédible à gauche du PS et d’Europe Ecologie ? Se contente-t-il d’une position d’auto-affirmation qui favorise à chaque fois l’émiettement de la gauche anticapitaliste et antilibérale ? Se contente-t-il de regrouper les forces issues de l’extrême gauche ou cherche-t-il à se rassembler véritablement avec des courants issus de traditions différentes ? Cherche-t-il à construire un parti de masse, large, pluraliste, anticapitaliste ou un parti d’« avant-garde » révolutionnaire ?

Ces questions non clarifiées et les quiproquos qui en ont résulté sont à la source de doutes et d’interrogations de bien des militantEs qui l’ont rejoint.

Il nous faut renouer avec l’objectif de départ du NPA de construire une alternative politique qui change le rapport de force à gauche face à la domination du social-libéralisme. Bien sûr, nous ne pouvons aujourd’hui déterminer précisément par quelles médiations nous pourrons avancer dans ce sens et nous savons aussi qu’il n’y aura pas de raccourcis. Mais avancer dans la réalisation de cet objectif nécessite de discuter avec l’ensemble des forces se situant à la gauche du Parti socialiste ainsi qu’avec les animateur-trice-s du mouvement social, et de confronter les réflexions et propositions sur l’alternative à opposer au social-libéralisme.

Avancer dans la réalisation de cet objectif, c’est aussi agir ensemble, chaque fois que possible, dans les mobilisations sociales ou lors des élections, sur une base qui répond aux nécessités de la situation politique et sociale, avec la volonté d’agréger dans un cadre commun des militantEs bien au-delà des seuls adhérentEs des partis concernés. Il n’y a pas de meilleure manière d’avancer collectivement dans la construction d’une nouvelle force qui tienne compte, qui s’enrichisse des sensibilités, des spécificités de pensée et d’action des nouvelles générations militantes, des histoires différentes, une nouvelle force qui soit en phase avec la réalité des classes populaires et de la société du XXIe siècle.

Le NPA doit se placer au cœur du débat sur la recomposition politique de la gauche antilibérale et anticapitaliste. L’unité n’est pas un but en soi, mais la recherche du moyen le plus efficace à un moment donné pour atteindre les objectifs qu’il s’est fixé : construire une nouvelle force susceptible de disputer l’hégémonie de la social-démocratie et du social-libéralisme. C’est également le moyen concret de montrer le chemin d’un mouvement de masse qui ne peut se construire à partir d’une avant-garde – aussi éclairée soit-elle – qui déciderait de l’ensemble des étapes, mais qui serait au contraire capable de s’entendre sur l’essentiel, et donc en se confrontant politiquement pour un but commun.

Nous ne manquons pas de « partenaires » avec qui engager discussions et actions, le champ politique à la gauche du PS s’étant diversifié. Nous avons toujours regretté qu’au départ du processus de création, il n’y ait pas d’autres forces que la LCR susceptibles de participer au projet du NPA. Que ce soit totalement vrai ou non, la situation est aujourd’hui différente. Nous devons systématiquement faire des propositions unitaires d’actions qui permettent de construire ensemble la résistance aux attaques de la droite et du patronat, de donner des réponses à la crise globale afin de tracer la voie vers une autre société.

Sur le programme, la forme d’organisation, la démocratie, la pratique politique et les rapports au mouvement social, les convergences sont à vérifier et expérimenter. Nous devons donc le faire sans tarder avec tout ou partie des forces qui partagent cet objectif, en apprenant aussi des expériences de ce type qui se déroulent en Europe à la gauche de la gauche.

Qu’est-ce qu’aurait à perdre le NPA dans un tel processus ? N’a-t-il pas suffisamment confiance en son orientation, en ses convictions ? Pense-t-il qu’inévitablement il ne pourra se soustraire aux sirènes d’une nouvelle alliance avec le PS ? Nous pensons qu’au contraire, sur les bases de nos principes fondateurs et d’une orientation résolument anticapitaliste, unitaire et démocratique, nous pouvons être un pôle d’entraînement qui permette d’aboutir à la construction d’une force, anticapitaliste dont les capacités d’intervention dans les luttes et sur le champ politique seront supérieures à celles du seul NPA.

Mais pour que le NPA puisse jouer un tel rôle, il faut qu’il commence par revenir sur les rails de son projet fondateur, à savoir un parti anticapitaliste remettant en cause l’exploitation capitaliste et toutes les formes de domination, d’aliénation et d’oppression, le débat sur comment y parvenir étant largement laissé ouvert. Un parti ouvert, c’est-à-dire un parti qui ne s’auto-affirme pas comme étant le cadre de la construction d’une alternative anticapitaliste à la social-démocratie, mais un parti convaincu que cette alternative sera le résultat de processus incluant d’actuelles et sûrement de nouvelles forces qui pourront émerger à la gauche de la social-démocratie et des échanges avec des composantes issues du mouvement social.

Partie 7. Le « nouveau parti anticapitaliste » que nous voulons.

Le « Parti anticapitaliste » que nous avions décidé de créer devait être « nouveau ». Il est donc nécessaire d’ouvrir la « frontière des possibles », d’être dans nos activités militantes au quotidien, la vitrine de notre programme, que ce soit en terme d’auto-organisation, de démocratie, mais aussi en ne restant pas cantonnéEs dans une histoire en noir et blanc, et en réinventant l’action politique. Mutualiser les bonnes idées, les solidarités locales ; ne pas restreindre le travail de centralisation du NPA aux activités traditionnelles des partis politiques ; être capables de faire, à l’échelle de quelques milliers de militantEs, ce que nous souhaitons réaliser pour l’ensemble de la société : voilà ce qui devrait être notre aiguillon à chaque instant.

Le parti que nous voulons construire doit encore et toujours se remettre en cause. Si nous revendiquons le droit au doute c’est que nous sommes animéEs par des convictions et non des certitudes. Il faut donc commencer par faire le bilan de ce qui fonctionne, ce qui doit être amélioré, modifié, créé… ou abandonné.

7.1 - Un parti accessible et ouvert

Dans le NPA, chacunE doit pouvoir y trouver sa place et apporter sa propre expérience. Le parti doit être un instrument utile pour le travail politique quotidien que ses militantEs sont susceptibles de développer dans leur entreprise, leur quartier, dans le cadre de leur activité dans les organisations syndicales ou associatives, pour l’intervention dans les luttes.

L’outil que nous construisons doit être à l’image du mouvement large que nous voulons construire. Dans les différents domaines de notre intervention, nous proposons des axes de mobilisation qui sont autant de points d’appui pour les luttes, inscrivant les combats dans une dynamique de défense intransigeante du monde du travail, des classes populaires, des droits démocratiques ou d’égalité des droits, d’une véritable politique écologique et de l’élaboration des « biens communs » à l’échelle mondiale, comme l’eau et la souveraineté alimentaire.

7.2 - Un parti anticapitaliste ET écologiste !

Le dire c’est bien, le faire c’est mieux, même si le bilan (carbone !) n’est pas si catastrophique que ça. En effet, que ce soit dans la commission Ecologie (CNE) ou dans celle de l’agriculture/pêche, de nombreux-ses militantEs participent au travail d’élaboration programmatique mais également aux convergences avec les réseaux écologistes. Au-delà de la prise en compte progressive dans le NPA c’est également un renouvellement sociologique des militantEs avec des camarades issuEs des professions agricoles ou de la pêche, et/ou investiEs dans les secteurs associatifs ou syndicaux.

Les récentes prises de position en ce qui concerne par exemple la solidarité avec les mouvements écologistes en Russie contre la déforestation, sur la crise du lait en France, mais aussi les luttes écologiques pour le contrôle des choix de production (comme la lutte autour de la raffinerie Total l’a montré), voire même les initiatives propres au NPA comme celle de « L’autre grenelle de la mer » sont des points positifs. Mais on peut regretter qu’ils soient limités au volontarisme des camarades « concernéEs » au lieu d’irriguer totalement le NPA jusqu’à en faire de véritables campagnes nationales. Des questions comme la souveraineté alimentaire, l’aménagement du territoire, l’énergie, les transports, la santé publique, la reconversion industrielle, les rapports nord/sud, ou l’urbanisation intensive par exemple, montrent le retard du NPA dans son implication réelle et globale sur la question écologique.

7.3 - Un parti pluraliste et démocratique

Le pluralisme du NPA doit être nourri de débats et d’échanges, et se transcrire aussi dans la formation des militantEs, dans le respect des différentes références théoriques de l’organisation en les intégrant dans le corpus de référence.

Une campagne de formation nationale est indispensable et prioritaire. L’objectif est qu’à tous les niveaux (national, régional et local), la formation soit intégrée dans les activités du parti grâce à l’impulsion de la commission formation. Elle doit intégrer pleinement l’émergence d’un « intellectuel collectif » organiquement lié à toutes les résistances et les « mutualisant ». Cette notion de mutualisation des expériences et connaissances est plus riche dans la recherche d’une cohérence que celle de « centralisme ».

De même, « l’esprit de parti », la loyauté que nous cherchons, doivent être le produit d’une conviction : à savoir que l’organisation que nous construisons permet à la fois une très grande diversité de points de vue, de cheminements – sur les bases stratégiques évoquées – et une aide, un enrichissement des horizons, un « bien commun ».

La démocratie interne à inventer pour notre propre organisation doit prendre en compte ce que nous combattons dans la société : les inégalités, les oppressions, les discriminations, le bureaucratisme du mouvement ouvrier... Et être à l’écoute des expériences nouvelles associées à une période et une société en profonde mutation – marquée notamment par la précarisation, les travailleur-euse-s pauvres et la montée de la criminalisation des résistances, ainsi que des idéologies racistes et d’extrême-droite.

Le parti que nous construisons doit être un parti démocratique où le droit de tendance est considéré comme un atout et non comme un handicap ; dans lequel des courants doivent pouvoir cohabiter en se respectant ; où la centralisation doit se conjuguer avec une réelle autonomie des comités et des régions, avec notamment le droit, maîtrisé collectivement, à l’expérimentation.

7.4 - Un parti utile

Nous devons éviter toute forme de substitutisme laissant croire que le NPA à lui seul pourrait suppléer aux limites, aux carences ou à la faiblesse du mouvement syndical et des mouvements sociaux. Outre qu’un tel substitutisme est totalement illusoire, il dispense le NPA de réfléchir à ses relations avec le mouvement syndical et social.

La conception du parti que nous défendons, un parti utile au mouvement ouvrier et à la jeunesse, implique que nous vivions notre relation comme la mise à disposition d’un outil. Cet apport passe donc par des médiations à travers le mouvement social, qu’il soit syndical ou associatif.

Développer et encourager l’intervention dans des structures de masse des militantEs est un enjeu majeur, pour démontrer l’utilité de notre engagement. Une fois bannie toute forme de conception de travail de fraction organisée, il n’en reste pas moins que la présence de militantEs en leur sein, leur intervention pour aider avec d’autres à la définition d’une orientation anticapitaliste et/ou à la construction de « tendances » lutte de classe est essentielle. Et, de manière dialectique, cela permet aussi au parti d’enrichir son programme et de définir son orientation. Sans cette présence, l’élaboration d’une orientation relève de l’élaboration abstraite, « en chambre », en dehors des réalités sociales, ce qui ne peut que conduire au sectarisme.

Le NPA porte une attention particulière à toutes les mobilisations sociales qui structurent la société. La campagne pour la défense de la Poste, puis celle pour les retraites notamment, montrent que cette structuration ne repose pas uniquement sur les lieux de travail, mais doit s’ouvrir à tous les secteurs mobilisés. De même, les luttes écologiques, pour le contrôle des choix de production et la défense de l’emploi (comme le démontrent les collectifs de défense de l’emploi) reposent sur l’intervention de la population organisée à partir des lieux de vie, en lien avec les salariéEs.

Le NPA décide donc de mettre en place une commission qui a pour objectif de suivre les mobilisations sociales, d’associer les différents secteurs mobilisés suivant les campagnes pour que l’ensemble du parti se sente concerné, et de travailler, en lien avec le Comité exécutif, pour proposer des thèmes de campagne qui unifient le parti.

7.5 - Un parti en construction permanente

Le travail de la direction

Les instances de direction (CE, CPN) doivent significativement améliorer leur fonctionnement et leur coordination, en favorisant l’implication réelle de l’ensemble de leurs membres. Les groupes de travail organisés autour de grandes thématiques doivent avoir les moyens d’assurer le suivi des tâches nationales qui leur sont dévolues et rendre compte de leurs travaux de manière régulière. Une meilleure organisation de ces différents cadres collectifs de travail permettrait notamment une plus grande efficacité des réunions du CPN.

Le travail des commissions

De nombreuses commissions travaillent en lien avec l’ensemble du parti. Certaines se sont construites dans la continuité de ce qui existait dans la LCR et parfois sans prendre en compte la nécessité d’être des lieux de rencontre et d’initiative collective. Le travail des commissions (et entre les commissions) doit viser à s’ouvrir en permanence à tous les militantEs intéresséEs.

Le NPA a réalisé une avancée significative en permettant d’étendre la superficie de ses interventions politiques à de nombreux et nouveaux secteurs. La création des commissions Précarité, Quartiers Populaires, Agriculture/Pêche ou Handicaps, par exemple, montre à quel point nous avons une capacité de dynamisme et de renouveau à partir du moment où nous développons et encourageons l’intervention dans des structures de masse des militantEs. C’est un enjeu majeur, pour démontrer l’utilité de notre engagement.

Par contre, il est vrai que certaines commissions ont d’emblée une importance plus grande que d’autres, ou que leur activité est favorisée par la présence de militantEs « expérimentéEs » ou en tout cas détenteur-trice-s de certaines clés facilitatrices. Pour exemple, alors que chaque commission a unE référentE au CE, combien y sont réellement représentées ? Combien de membres du CE à la commission Ecologie en regard du nombre qui participe à la CILT ? La réponse explique parfois le sous-investissement de notre organisation dans certains domaines.

Il faut donc amplifier le travail commun entre le CE, le CPN et l’ensemble des commissions, et créer une structure permettant aux principaux secteurs du service public de mutualiser leurs interventions. Une telle structure serait un atout dans le contexte de remise en cause des « biens publics » (santé, social, environnement, éducation…).

La place des éluEs et l’intervention dans les institutions

Le NPA a quelques éluEs, mais on ne peut pas dire qu’une place importante, ou tout du moins visible, leur soit donnée dans notre parti. ReléguéEs de manière annexe à l’Université d’été sous l’appellation « formation des éluEs », obtenant tardivement une mise en lumière dans nos organes de propagande (« Les mains dans le cambouis » dans TEAN et sur le site), travaillant en circuit fermé grâce à une liste de discussion internet pour échanger pratiques et informations, les éluEs du NPA sont les clandestinEs de notre organisation.

Pourtant, ne sont-elles-ils pas la validation à la fois de nos campagnes politiques et de notre implantation locale ? N’ont-elles-ils rien à apporter à notre parti en terme programmatique de par leur expérience ? La présence dans des institutions représentatives participe de la vie politique dans notre pays. Nous devons valoriser notre présence dans ces institutions pour à la fois porter les campagnes que nous soutenons, défendre nos propositions et promouvoir toutes les structures sociales qui peuvent représenter des acquis et des points d’appui pour les luttes des salariéEs.

En d’autres termes, au même titre que nous proposons la retraite à 60 ans, à taux plein et après 37,5 annuités, etc., dans le système capitaliste existant, nous recherchons également dans les institutions toutes les avancées sociales bénéfiques à la majorité de la population. Elles sont à la fois des réponses immédiates à l’urgence sociale et des grains de sable qui remettent en cause la machine capitaliste.

Nous sommes conscientEs des risques d’intégration des luttes dans un système institutionnel pacifié, mais le NPA doit intervenir pour subvertir ces institutions, en les engageant dans le chemin exclusif de la défense des intérêts des salariéEs. Ceci passe par un refus permanent d’une « cogestion » du système capitaliste, notamment avec le Parti socialiste. Nous ne cherchons pas à gérer « les dossiers » mais, par contre, nous devons nous confronter au quotidien d’une société qui ne peut se limiter à la lutte contre un système de domination. Des questions pratiques et essentielles comme la gestion des déchets, l’habitat, la désertification sanitaire ou par exemple l’aménagement du territoire doivent trouver de notre part des réponses dont la majorité de la population peut s’approprier.

7.6 - Un parti qui se remet sur les rails

L’orientation, mais aussi la manière d’envisager la construction du NPA doivent changer. Pour cela, le NPA doit être remis sur les rails et répondre à 3 objectifs liés les uns aux autres mais dont les tempos ne sont pas identiques.

- Accompagner et être au cœur des luttes, en proposant une série de revendications dont le mouvement social peut s’emparer.

- Être une force politique porteuse de propositions immédiates pouvant améliorer le quotidien de la majorité de la population, au niveau social comme écologique et renforçant le rapport de force de notre camp. Cela passe par un rapport aux institutions combiné à des mesures qui, même partiellement, remettent en cause la logique capitaliste.

- Porter un projet alternatif, pour une autre société, dans un autre système que le système capitaliste. Ce projet devra se nourrir du débat et de la confrontation avec d’autres forces politiques et plus globalement avec l’ensemble du mouvement social et écologique.

Tout cela n’est ni la conclusion de l’histoire ni une recette miracle, mais le prolongement et la recherche d’améliorations du projet initial du NPA. Pour être efficace, utile et incontournable, le NPA doit répondre constamment à une volonté de se construire autour d’un projet et d’une culture commune, de rendre plus cohérentes ses actions et son fonctionnement, et de franchir régulièrement des étapes à partir d’objectifs clairement et collectivement définis, que ce soit en terme de maturation interne ou de progression externe.