Publié le Jeudi 26 juillet 2012 à 14h00.

Texte G : Réorienter le combat des anticapitalistes à la gauche du possible !

Le texte G est présenté par les militants de la Gauche anticapitaliste.

La situation politique et sociale est inédite. Elle recèle de lourdes menaces et en même temps des potentialités fortes pour la gauche radicale. Elle nécessite un NPA audacieux, offensif et unitaire qui propose de réorienter radicalement les anticapitalistes.

I/ Une situation politique explosive

 

1/ Le courage et la dignité du peuple grec ouvrent la brèche

 

Au cœur de la tourmente, la situation en Grèce est, pour des partisans de la transformation révolutionnaire de la société que nous sommes, celle qui doit le plus retenir notre attention.

C'est la première fois depuis très longtemps qu'il existe une crise pré-révolutionnaire en Europe dont on ne peut prédire l'issue à cette heure. La bataille politique engagée en Grèce concerne tous les peuples de l'Europe car, d'une certaine façon, c'est en Grèce que se joue leur avenir.

Cette crise combine deux facteurs décisifs :

  • une résistance populaire acharnée, courageuse, tenace, à l'offensive des puissants coalisés, la troïka UE/BCE/FMI, les gouvernements des principales puissances européennes, les multinationales, les classes dominantes de la Grèce et de toute l'Europe.

  • une résistance de masse qui emprunte sans les opposer toutes les voies possibles, d’une part celle des blocages et de l'occupation des places, celle de la rue et des grèves générales, celle de l’auto-organisation allant jusqu’à l’autogestion d’entreprises privées ou de services publics par les salariéEs, d’autre part celle du vote en faveur des forces politiques qui apparaissent capables d'exprimer cette résistance sociale et démocratique et une alternative à l'austérité.

 

Le NPA, avec d'autres forces de la gauche radicale de notre pays, affirme sa solidarité pleine entière à la résistance grecque et à son porte-drapeau Syriza. Il soutient sa proposition d'un gouvernement « 100 % à gauche » associant toutes les formations de la gauche radicale, des représentants des indignéEs et des syndicats, toutes celles et ceux qui refusent le diktat du mémorandum austéritaire et énoncent une politique alternative basée sur une répartition égalitaire des richesses. Un gouvernement qui, pour se donner toutes les chances de réussir, doit favoriser et s'appuyer sur l'auto-organisation des masses afin de constituer de la base au sommet un second pouvoir, un pouvoir populaire qui agit consciemment pour neutraliser la bourgeoisie, contenir les tentatives de réaction néofasciste, prévenir les velléités de coup d’État. Il fait sien l'appel de Syriza à un refus populaire européen des pactes d'austérité européens injustes, non démocratiques et inefficaces.

 

Le meilleur service que nous pouvons rendre au peuple grec et à la gauche radicale de ce pays, c'est de tout faire pour que se mettent en mouvement les salariéEs, la jeunesse et le précariat de notre propre pays et que s'organise la résistance européenne. C'est pourquoi le NPA va amplifier son travail unitaire dans ce sens au sein des collectifs contre la dette et au sein du mouvement social.

 

L'Union européenne est au bord de l'explosion et doit faire face à des contradictions très fortes. La construction européenne s'est réalisée sur des bases libérales, que les différents traités ont constamment renforcées, jusqu'au TSCG qui vise à institutionnaliser la règle d'or budgétaire. De même, l'UE viole la souveraineté grecque en l'exhortant à accepter encore plus d'austérité, pour « bénéficier » d'un nouveau plan de sauvetage.

 

Au terme d'une nouvelles campagne électorale où Syriza a été la cible de violentes attaques de toutes les forces de l'argent et de leurs représentations politiques et institutionnelles, la coalition de la gauche radicale a enregistré le 17 juin dernier une nouvelle poussée électorale, la plaçant en seconde position, juste sur les talons de la droite. La Grèce va se doter ainsi une nouvelle fois d'un gouvernement austéritaire d'union nationale. Pourtant, la gauche antimémorandums aurait pu l'emporter si elle s'était présentée unie, comme l'avait d'ailleurs proposé Syriza au KKE (PC grec) qui a obtenu près de 5 % et à la coalition anticapitaliste Antarsya (0,33 %). Unis, ces trois mouvements politiques auraient pu arriver largement en tête et ouvrir la voie à un gouvernement au service de la majorité de la population favorisant l'affrontement avec la bourgeoisie.

 

Espérons que cela ne soit que partie remise, que la résistance à la politique du nouveau gouvernement soit à la hauteur et nourrisse les succès électoraux de demain.

Dans une telle situation, la sortie de la Grèce de l’UE ne serait pas certaine, car si le non-respect par les Grecs des mémorandums créerait « un précédent » insupportable pour l'Union européenne, la sortie de la Grèce de l'euro contribuerait à la perte de confiance des capitalistes dans la monnaie européenne et pourrait aggraver la crise. D'autant que derrière la Grèce se profile le cas de l'Espagne, 4e économie européenne, qui risque de se trouver très prochainement dans la même situation.

La solution pour les classes dominantes européennes pourraient consister à la mise en place d'un « super-État » fédéral, dans lequel les gouvernements de l'Allemagne et de la France auraient la position dominante et qui imposerait sa politique à tous les pays.

Cela met d'autant plus à l'ordre du jour la revendication d'une construction européenne sur de nouvelles bases, au service et sous le contrôle des peuples, avec notamment l'exigence d'une constituante : contrôle public sur les banques, harmonisation par le haut de la fiscalité et de la protection sociale, fonctionnement démocratique.

 

2/ En France, une version sociale-libérale de l'austérité

 

Lors de l'élection présidentielle qui vient de se dérouler, Sarkozy a été sorti. Aux législatives, en bonne logique et avec l'aide d'un mode de scrutin qui favorise la force politique majoritaire, l'UMP a été sèchement défaite. C'est une excellente nouvelle.

 

Les premiers pas du gouvernement Hollande-Ayraud, de sa majorité au Parlement sont marqués par l'adoption d'une série de mesures promises lors de la campagne et qui, bien qu'insuffisantes, représentent un « mieux » par rapport à la politique de l'UMP comme l’abrogation de la circulaire contre les étudiants étrangers, les annonces de Taubira en faveur de la justice pour les mineurs. Le langage du pouvoir vis-à-vis des syndicats et des immigrés est lui aussi d'une autre teneur que la diarrhée extrême droitisante de la Sarkozie.

 

Mais le compte n'y est pas. Il faut reconnaître à Hollande de ne pas avoir promis la lune. Il sait pertinemment qu'entre la gestion sociale-libérale de la crise et la rupture anticapitaliste radicale, il n'y a pas de juste milieu. D'ailleurs, à l'inverse de ce qui s'était produit en 1981, point de rébellion du côté des puissants et peu d'illusions du côté des classes populaires. La politique de Hollande, telle qu'il l’a formulée, s'inscrit déjà dans la lignée de celles de tous les gouvernements européens, des directives du G20, de celles de la BCE et du FMI.

 

Même s'il cherche à infléchir le contenu des politiques européennes en y injectant une dose de croissance afin d'éviter la récession, la politique de Hollande s’inscrit fondamentalement dans la lignée des traités négociés sanctuarisant les politiques d'austérité. Il s'en fait même leur garant en intimant au peuple grec de bien voter le 17 juin !

 

Dés la fin du cycle électoral, les masques vont tomber et la question de l'austérité en Europe et en France va devenir centrale. Le gouvernement PS ne pourra y échapper. Pour le mouvement social, la question de la construction d'un bloc antiaustérité est incontournable pour éviter une défaite majeure du mouvement ouvrier.

 

Le bilan du cycle électoral montre clairement l'impact négatif d'une série de défaites sociales et les menaces politiques qui pèsent. Le Front national est un des principaux bénéficiaires de la situation actuelle. Il s'ancre, gagne en crédibilité auprès de larges couches populaires. Il parvient à fissurer les digues qu'avait dressées face à l'extrême droite néofasciste le choc moral laissé par le bilan du nazisme. De ce point de vue, au-delà de la variation toujours discutable des résultats électoraux depuis la percée de Stirbois en 1984 à Dreux, le danger est plus grand aujourd'hui. Les passerelles avec l'UMP se multiplient comme l'a montré notamment l'entre-deux-tours des législatives. La recomposition des droites est en route.

 

Le FN est en embuscade pour profiter de la crise et du discrédit des partis de gouvernement. Une course de vitesse est engagée pour savoir qui, de la gauche radicale ou de l'extrême droite, va exprimer le plus massivement le mécontentement populaire alors même que le discours idéologique du FN s'est banalisé. Il faut combiner le travail unitaire pour démasquer son programme aux yeux des couches qu'il influence et pour populariser un programme 100 % à gauche dont la lutte contre la xénophobie doit être une composante essentielle, et une force politique crédible, rassemblée, pour le porter.

 

C'est la fonction qu'a commencé à remplir le Front de gauche par la campagne de son candidat Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle. Une campagne qui a fait preuve d'une efficacité certaine :

  • pour attaquer radicalement le bilan de la droite, de sa politique antisociale, raciste et liberticide ;

  • pour démasquer l'extrême droite, tenter de faire contrepoids auprès de celles et ceux qui « se trompent de colère »;

  • pour décortiquer pédagogiquement les mécanismes de la dette et disqualifier l'austérité;

  • pour donner à voir, au-delà d'évidentes limites, des réponses de gauche qui ne relèvent pas de la simple alternance mais engagent la rupture avec l'ordre existant.

 

Cette campagne présidentielle a été un succès populaire et électoral. Populaire parce qu'elle a réussi des meetings de masse qu'ont fréquentés à la fois des personnes dont c’était la première expérience politique et de nombreux militantEs du mouvement social, des militantEs anticapitalistes.

 

Même si, dans les rangs des militantEs du Front de gauche, on a senti un peu d'amertume et de déception, le résultat électoral a été bon à plus d'un titre. D'abord parce qu'il a permis de faire la preuve de l'existence et du poids d'un courant d'opinion très à gauche, ce qui n'est pas un cas de figure si répandu que cela dans les pays capitalistes développés. Ensuite parce que contenir la pression du vote dit « utile », en réussissant à passer la barre des 10 %, n'était pas joué à l'avance. Enfin, parce que ce succès ouvre des perspectives d'avenir pour la gauche radicale.

 

En revanche, le résultat des législatives est lui très mitigé pour le FdG. La dynamique pour le vote utile PS et l'abstention due à un scrutin apparaissant comme secondaire par rapport à la présidentielle n'ont pas pu être évitées : certainement l'absence de campagne nationale autour de mots d'ordre mobilisateurs, des campagnes locales très « classiques » autour d'élus locaux ont freiné la dynamique de la campagne présidentielle. Le FdG n'a pas réussi à enrayer le déclin du PCF dans ces bastions particulièrement en Île-de-France. Par contre, dans une série de circonscriptions, la hausse par rapport aux résultats du PCF en 2007 est significative.

La bataille pour transformer le FdG en véritable creuset d'un front social et politique est donc à mener pour éviter que la démoralisation ou les logiques centrifuges l'emportent.

 

Dans ce contexte, force est de constater que la campagne du NPA n'a pas réussi à émerger, à montrer son efficacité et son utilité. Le score électoral est très bas, très inférieur à celui que les candidatures d'Olivier Besancenot avaient réalisé en 2002 et 2007. Au-delà du score, la campagne témoigne aussi, par la faible audience de la plupart des meetings par exemple, d'un recul par rapport aux deux exercices précédents, et le résultat cumulé du NPA et de LO est le plus faible enregistré par les formations d'extrême gauche depuis 1969. Le résultat de la présidentielle est amplifié par celui des législatives où le NPA tombe à 0,5%, voyant même LO lui passer devant. Là aussi, cela fait plusieurs dizaines d'années que l'extrême gauche n'avait pas été aussi bas.

 

Ce mauvais bilan électoral se combine avec une perte de substance du NPA dans la situation. Sa présence politique médiatique, sa présence militante sur le terrain et dans le mouvement social sont en fort recul. Nous voulions pourtant que le NPA s'installe comme une force politique implantée dans les localités et les lieux de travail, disposant d'un socle électoral et dont les propositions politiques existent et pèsent dans le débat général. Nous devons partir de ce bilan d'échec pour réorienter radicalement notre combat dans les semaines et les mois qui viennent.

Mais c'est là un enjeu qui concerne toute la gauche de la gauche, y compris le Front de gauche qui doit transformer l'impact de la campagne de JLM en force militante.

Le projet même de construction d'un parti anticapitaliste large est compromis. Trois ans après sa fondation, le NPA est réduit à un groupe d'extrême gauche qui ne pèse que très marginalement et dont la façon de pratiquer la politique et le fonctionnement sont souvent un remake de ce qui faisait juste après 68. On est très loin de l'ambition : nouvelle époque, nouveau programme, nouveau parti.

 

II/ Réorienter radicalement : combiner unité et radicalité

 

1/ Unité contre l'austérité repeinte en rose et vert !

 

Le gouvernement français d'alternance demeure l'un des rouages qui visent à donner comme réponse aux crises économique et écologique l'austérité et la mutation vers un capitalisme « vert » pour restaurer les taux de profits et renouer avec la croissance.

Cela passe par des « solutions » qui ne prennent pas la mesure des enjeux de civilisation que représente le réchauffement climatique, et par une politique économique et sociale marquée par l'hyper-austérité qui, au nom d'un « bon sens gestionnaire » – on peut pas vivre à crédit ! –, fait payer la crise à la majorité de la population.

La France n'est pas la Grèce, mais l'avenir est sombre pour les 8 millions de personnes qui y vivent en deçà du seuil de pauvreté et les classes moyennes voient aussi leurs conditions de vie menacées.

Se rajoutant aux préoccupations environnementales, l'inquiétude, l'indignation et la colère sont bien là. Le mouvement social accumule des défaites partielles qui pèsent pour l'heure négativement mais il n'est pas défait. En Espagne, la droite a remporté les élections générales mais cela n'a pas éteint les braises de la contestation des places, et les séquences de mobilisation reprennent de plus belle. Ce qui est possible en Espagne ou au Québec l'est aussi en France.

Il faut aider à ce que la colère et les exigences populaires s'expriment le plus fortement et le plus rapidement possible. Dans la rue, par la grève et les mobilisations sur tous les terrains. Le NPA cherchera à nouer tous les contacts qui permettent la mise en place de structures unitaires les plus larges possible sur la base de revendications sociales et écologiques unifiantes et stimulant l'auto-organisation. Dans les entreprises, les administrations, les établissements scolaires, les militantes et militants du NPA prennent leur part à tous les niveaux dans la construction des syndicats comme outils unitaires de défense des revendications en toute indépendance de la politique gouvernementale.

 

2/ Faire front

 

Le NPA doit également préciser son schéma stratégique. La voie vers un gouvernement des travailleurs ne se cantonnera ni à la voie électorale ni à celle des grèves et de l'auto-organisation extra parlementaire.

Il faut tout à la fois :

  • lutter pour l'hégémonie, installer des « majorités d'idées » en s'appuyant sur une démarche transitoire: populariser un contre-projet de société, l'écosocialisme, alternatif au capitalisme et aux versions totalitaires et dictatoriales du communisme ;

  • chercher à transformer les rapports de forces sociaux et les consciences par les mobilisations de terrain, la mise en avant d'autres logiques de vie et de travail dans/contre ce système,développer les mobilisations de rue, les occupations, la généralisation des grèves et des formes d'auto-organisation ; 

  • chercher à progresser sur le terrain électoral et à prendre des positions dans les institutions démocratiques – même si les modes de scrutin représentent un handicap sérieux ;

  • poser sans relâche en positif la question du pouvoir par l'exigence de la constitution d'un gouvernement qui engage une politique de rupture, favorable à la majorité de la population et sous son contrôle.

 

Ces trois tâches majeures donnent à voir les contours d'une stratégie pour pour la conquête du pouvoir. L'action de Syriza, dans le contexte particulier de la Grèce, va dans ce sens. Ce mouvement unitaire, composé de courants réformistes et révolutionnaires, défend une orientation efficace parce qu'il cherche une démarche véritablement transitoire compréhensible par les masses en mouvement plutôt que de camper dans une posture propagandiste.

 

La purge du capitalisme compte ses victimes par millions. Phénomène européen, la défiance à l’encontre des partis de gouvernement qui mettent en œuvre des politiques d’austérité, est puissante. Cela ouvre des brèches pour les solutions autoritaires et pour l’extrême droite. Elles menacent partout en Europe. En France, le FN est en embuscade pour profiter de la crise politique, du discrédit des partis austéritaires. Il parie maintenant à la fois sur la crise et l'éclatement possible de l'UMP pour agréger électeurs, équipes militantes et élus qui en seraient issus. Il parie aussi sur l'échec de la gestion du PS.

 

Mais rien n'est joué. La situation peut aussi profiter à la gauche radicale si toutefois elle continue à se rassembler, à s'élargir, à se construire en refusant de soutenir ou de collaborer avec toute forme de politique d'austérité que le PS impulse. Elle peut et doit le faire, contre le social-libéralisme, sur un programme de mesures d’urgence qui s’attaque aux puissants, protège la majorité de la population, ouvre la voie à la transition écologique.

 

En France, le NPA seul ne fait pas et ne fera pas le poids. Il doit jouer la carte de l'unité durable, de la constitution d'un front social et politique au sein duquel les anticapitalistes peuvent exister et être utiles. Ce front unitaire, jouant le rôle d'opposition de gauche au gouvernement Hollande, doit être capable de répondre à la crise, d’être de toutes les résistances, de toutes les mobilisations sociales, de mener une bataille pour l’hégémonie politique qui ne laisse pas le FN comme seul recours face à la crise du système, d’être candidat au pouvoir sur une politique de rupture dans le cadre d’un monde du travail et d’une population mobilisés.

 

Dès lors que l'hypothèque de la participation et du soutien à un gouvernement dominé par le PS marqué du sceau de l’austérité est levée, que le combat à tous les niveaux, dans la rue et au Parlement, contre les mesures qui marquent une telle politique est engagé, alors il n'y a plus d'obstacles à ce que se rassemblent toutes les forces qui agissent en ce sens.

 

Dans ce contexte, la cohabitation dans un front politique commun de courants réformistes et révolutionnaires est possible, utile, voire indispensable, dès lors qu'elle se base sur la lutte acharnée contre l'austérité d'où qu'elle vienne et sur un programme de rupture basé sur le partage des richesses et la transition écologique.

 

Compte tenu de ce que sont les rapports de force actuels, cette coalition des forces politiques de la transformation sociale et écologique ne peut prendre que la forme d'un élargissement du Front de gauche.

 

La conférence nationale du NPA décide d'engager un processus de discussion et d'entrer dans le Front de gauche. Elle demande une rencontre immédiate avec ses instances dirigeantes et avec les formations politiques qui le composent. Afin de matérialiser publiquement rapidement cette décision, le NPA ouvre son université d'été aux composantes du FdG et demande à participer aux journées d'été « Remue méninges » de rentrée.

 

Dans le processus de discussion ainsi engagé avec le Front de gauche, le NPA mettra en avant les questions suivantes :

  • Construction du Front de gauche comme outil en indépendance totale vis-à-vis du PS et de la majorité gouvernementale et parlementaire sur les choix fondamentaux qui vont être faits par l’équipe Hollande concernant l’austérité, les salaires et le Smic, la négociation pour un nouveau traité européen, l’acceptation de la dette et de la dictature des marchés financiers, la poursuite du nucléaire…

  • Volonté de participer de l’élargissement du FdG et de sa transformation. Élargissement à de nouveaux courants politiques comme le nôtre ou comme les Alternatifs, mais élargissement aussi en direction des animateurs et des animatrices du mouvement syndical et du mouvement social.

  • Appui à celles et ceux qui veulent transformer le Front de gauche en mouvement politique avec la possibilité d’adhésions directes et une structuration de la base au sommet, le dépassement organisé du fonctionnement de cartel initial

  • Volonté de peser dans les luttes, dans le mouvement syndical, dans le mouvement social, écologiste, féministe, antiraciste, antifasciste, etc., en y défendant l'unité et les convergences pour construire le rapport de forces nécessaire, que ce soit pour élaborer des propositions législatives ou pour arracher une revendication, en y respectant les dynamiques de mobilisation

  • Débat programmatique sur une politique de rupture, sur la stratégie alliant mobilisation autonome des masses et avancées électorales, poursuite d'un débat de refondation programmatique avec l’ensemble des composantes initiales et nouvelles, dans les fronts thématiques

  • Rassemblement des anticapitalistes et des écosocialistes à l’intérieur de ce front pour que ce courant dont nous nous réclamons, mais dont nous n’avons pas le monopole, conserve une indépendance de pensée et d’action

 

3/ Construire et transformer le Front de gauche, rassembler les anticapitalistes écosocialistes dans une force politique indépendante et démocratique en son sein

 

Entrer dans le Front de gauche, prendre sa part de travail dans sa consolidation, pour l'élargissement de son influence, ne suppose pas d'épouser toutes les positions politiques de ses composantes les plus importantes. Le programme partagé, L'Humain d'abord montre les nombreuses convergences qui unissent la gauche radicale. Mais des divergences demeurent et les campagnes du Front de gauche à la présidentielle et aux législatives, les ont mises en lumière, par exemple sur la question du nucléaire ou sur celle des ventes d'armes par la France...

 

Le Front de gauche peut être riche de sa diversité, et les divergences qui demeurent avec le PCF et le Parti de gauche, les deux principaux partis qui le composent et qui sont sur des orientations réformistes, pourraient faire l’objet d’un débat fraternel avec les anticapitalistes, ce qui serait utile et fructueux pour toutes ses composantes.

 

En tant que membre du Front de gauche et au sein de celui-ci, le NPA n'abdiquera ni de son identité ni des principes qui ont présidé à sa fondation. Ainsi le NPA poursuit sans relâche sa politique de rassemblement des anticapitalistes écosocialistes, dans la continuité de ce qui a motivé sa fondation. Dans cet objectif, il s'engage dans la démarche de l'appel « Ce monde n’a aucun sens », avec les Alternatifs, la FASE, C&A, la GU, les écologistes en rupture avec EE-LV, des militantEs du mouvement social et des intellectuelLEs.

 

Pour la construction de cette force anticapitaliste et écosocialiste, il est nécessaire de tirer le bilan du fonctionnement du NPA mais aussi de l'ancienne LCR et des expériences internationales accumulées (avec leurs échecs et leurs réussites, du Brésil au Danemark, de l'Italie au Portugal, en passant par l'Allemagne...). C’est une discussion qui a été négligée, et diverses options ont cohabité sans jamais être discutées, jusqu’aux tentations hypercentralisées des derniers mois. La prise en compte des différentes expériences est indispensable à la définition d'une politique qui ne soit pas hors-sol. À l'inverse, la démocratie suppose aussi que les différentes expériences – échec ou réussite – soient centralisées afin que vive une vraie démocratie. Il faudra donc reprendre les débats laissés en suspens ou mal menés, et la réflexion sur « faire de la politique autrement ».

La réussite de cette force qui sera composée de groupes et d'individus ayant des objectifs communs mais des histoires différentes, sera conditionnée par le respect de ces différences.

Si le droit de tendance doit être affirmé, il faut veiller à ce que celles-ci ne confisquent pas tous les débats en tentant d'imposer une ligne, transformant l'organisation en factions juxtaposées, imposant des différenciations sur tous les sujets.

 

Par ailleurs, à l'heure où les crises économique et environnementale sont globales, il ne saurait y avoir de solution qu'internationale. Dans ce sens, il est indispensable non seulement de renforcer les contacts internationaux issus de notre tradition mais également d'en nouer de nouveaux avec tous ceux qui résistent aujourd'hui au rouleau-compresseur libéral, en Europe, en Amérique du Nord et du Sud, dans les pays arabes et en Asie, que ce soit contre les politiques économiques qui laminent les peuples, le pillage des ressources naturelles...

 

Plus particulièrement, il faut aussi renforcer nos liens avec les forces organisées de la gauche radicale, antilibérales et anticapitalistes, en Europe, celles qui sont déjà regroupées au sein du PGE et de la GUE, celles de la IVe Internationale, celles qui se sont retrouvées à diverses reprises lors de conférences anticapitalistes européennes. Nous œuvrons à la convergence de toutes ces forces, pour faire vivre ensemble le projet d'une autre Europe, unie, sociale, démocratique, écologique, anticapitaliste.

 

III - Un programme à la gauche du possible, base de la transition vers l'écosocialisme

 

Le programme, support de notre politique unitaire dans les luttes, dans les urnes et dans la recherche de l'unité de la gauche radicale est cadré par le texte « Nos réponses à la crises », adopté par le 1er congrès du NPA.

 

On peut en extraire un plan d'urgence, des mesures phares, adaptées à la fois à la période et qui présentent un horizon crédible pour un gouvernement de transformation sociale et écologique :

 

(1) Refus des politiques d'austérité, refus du paiement des intérêts de la dette, moratoire et audit de la dette dans l'objectif d'annuler la dette illégitime.

 

(2) Mise sous contrôle public du secteur bancaire, des assurances et du crédit. Prise de contrôle de la BCE pour qu'elle puisse assurer le financement direct des États à taux zéro. Retour sous contrôle public des services essentiels, l’éducation, l’eau, la santé, l’énergie, les transports...

 

(3) Refus du « pacte budgétaire européen », pour un référendum. Sortie des traités européens. Élections à la proportionnelle d'une nouvelle Assemblée constituante européenne démocratique. Réforme fiscale radicale dans le sens de la justice sociale et harmonisation des droits sociaux à l'échelle de toute l'Europe.

 

(4) Blocage des prix des produits de consommation courante. Retour à l’indexation des salaires sur les prix. Smic à 1700 euros. Hausse des salaires, des pensions de retraite et des minima sociaux à hauteur de 300 euros net mensuels. Établissement d'un revenu maximum. Établissement d'une dotation gratuite en eau, en énergie, à chaque unité d'habitation et forte taxation de toute surconsommation. Fixation d'un prix du loyer maximum au m2. Établissement d’un droit à l’autonomie pour les jeunes, sous la forme d’une allocation.

 

(5) Réduction du temps hebdomadaire de travail sans perte de salaire. Mise sous contrôle public du secteur des banques, des assurances, du crédit. Plan d'embauches massives dans les services publics. Interdiction des licenciements dans les entreprises qui font des profits ou qui délocalisent. Arrêt des subventions publiques aux grands groupes privés.

 

(6) Égalité totale entre les hommes et les femmes au travail et dans la société. Maintien et extension du droit à l'avortement et à la contraception libres et gratuits pour toutes. Défense de l'égalité totale des droits (mariage, parentalité, séjour...) entre homosexuelLEs et hétérosexuelLEs et du droit au changement d'état civil pour les transexuelLEs.

 

  1.  
    1.  
      1. Égalité des droits entre citoyens français et résidents étrangers avec notamment le droit de vote.

      2. Abrogation des réformes successives sur les retraites. Retrait de la TVA sociale.

  1.  
    1.  
      1. Sortie du nucléaire et des énergies fossiles pour organiser la transition énergétique. Politique de rénovation urbaine pour favoriser l'habitat à basse consommation énergétique. Politique de développement massif des transports publics de proximité gratuits.

  1.  
    1.  
      1. Abrogation des institutions antidémocratiques de la Ve République. Constituante pour une nouvelle République. Instauration de la proportionnelle.