Publié le Jeudi 25 avril 2013 à 14h39.

Manifestation du 5 mai : la république et la rupture

Le NPA appelle à manifester le 5 mai prochain (voir Tout est à nous ! n°191) mais ne signe pas l’appel du Front de gauche à cette manifestation. Explications

La crise économique, l'offensive du gouvernement et du Medef contre le monde du travail, ainsi que le séisme politique provoqué par les aveux de Cahuzac, nécessitent une riposte sur le terrain social et politique. Cela ne doit faire aucun doute et le 5 mai sera pour nous l’occasion de manifester contre l’austérité, reprendre la rue à la droite et à l’extrême droite homophobe, s’opposer au gouvernement en avançant des mots d’ordre sociaux et démocratiques. Jean-Luc Mélenchon et le Front de gauche ont pris unilatéralement l’initiative d’appeler à manifester le 5 mai pour une VIe République. Nous partageons l’idée qu’il faut en finir avec les institutions de la Ve République, mais pour la remplacer par une démocratie réelle. Une démocratie qui mette fin au pouvoir de l’argent au profit d’assemblées élues, qui impose le contrôle direct de la population sur les éluEs rémunéréEs à un niveau équivalent du salaire moyen, révocables, qui interdise les concentrations des pouvoirs et le cumul des mandats. Une démocratie permettant à la grande majorité de se représenter elle-même, de prendre ses affaires en main. C'est notre différence et notre désaccord avec la VIe ­République défendue par le Front de gauche.

La démocratie jusqu'au bout : la mobilisation !

Le Front de gauche conçoit cette nouvelle République comme un régime d’assemblées, dans le cadre des institutions bourgeoises pensées pour gérer ce système. Comment peut-on poser la question de nouvelles formes d’organisation démocratiques et sociales sur les lieux de travail, dans les villes et les quartiers si tout doit changer par et au sein des institutions de la ­République ? La rupture nécessaire, qui s'appuie sur la mobilisation et l'engagement du plus grand nombre, n’est pas au cœur de la démarche du Front de gauche. Celui-ci propose, pour reprendre les mots de son ex-candidat à la présidentielle, « un coup de balai »… tout en conservant le régime parlementaire et même la présidence de la République, sans intervention populaire.Dans la vision du Front de gauche, il n’y a aucune proposition de fonctionnement et de vie démocratique s'appuyant et favorisant l’auto-­organisation et l’autogestion populaire, et ses conceptions de réorganisation économique relève plus de l’étatisation que d'une réelle socialisation. De même, nous ne partageons pas les points de vue présentant le processus constituant pour une VIe République comme un « préalable » à la bataille pour une alternative, pour une autre société. Sur ce plan, il ne peut y avoir de préalable, si ce n’est la défense de toutes les revendications sociales et démocratiques qui favorisent la lutte et la mobilisation du plus grand nombre.Notre approche, c’est celle d’une république, démocratique et sociale, qui rompe avec le capitalisme et ses institutions : depuis celle des communards de 1871 jusqu'aux aspirations que l'on retrouve dans le mouvement  des indignéEs, pour « une démocratie réelle » bousculant toutes les institutions garantes de ce système. C'est le sens que nous donnons à notre présence dans la rue le 5 mai.

Sandra Demarcq