Publié le Mardi 19 mai 2015 à 20h27.

Résolution politique adoptée par le CPN des 16-17 mai

1) Le drame des réfugiés de Méditerranée comme la cynique impuissance des États de l'Union européenne illustrent les terribles effets destructeurs des politiques libérales et impérialistes. Les grandes puissances créent le chaos par des guerres qui visent à maintenir leur domination et maintiennent des populations entières dans la misère. Une poignée de multinationales pille les ressources naturelles de l’Afrique.

Les mêmes organisent à l'échelle internationale la concurrence entre les travailleurs et les peuples dans le seul but d'améliorer ou de maintenir leur profit tout en maintenant les frontières et les États nationaux pour préserver les intérêts de chacune d’entre elles et dominer les populations.

La crise de l'Europe comme son impuissance est aggravée par cette contradiction entre la mondialisation financière, économique et la perpétuation des États nationaux au service des intérêts particuliers de chaque bourgeoisie. La nécessaire libre circulation des personnes ainsi que toutes les exigences démocratiques passent par des mesures radicales qui prennent le mal à la racine, la propriété capitaliste et les États qui la protègent.

 

2) La politique étrangère du gouvernement s’inscrit dans cette logique libérale et impérialiste et vise à défendre les intérêts des grands groupes capitalistes français. Elle prend le masque de la lutte contre le terrorisme et prétend lutter contre les groupes djihadistes mais c’est cette logique libérale et impérialiste elle qui engendre la misère, l’insécurité, le chaos dont sont sortis Daesh ou Boko Haram.

La visite officielle de Hollande au Qatar et en Arabie saoudite, sa participation au conseil de coopération des États du Golfe est l’illustration du cynisme de cette politique. Après avoir vendu 24 Rafale à l’Égypte et 36 à l’Inde, Hollande est allé au Qatar signer un contrat de 6,3 milliards d’euros portant sur 24 appareils.

Qui peut croire un instant qu’il s’agit de défendre la paix, la démocratie ou les droits des peuples avec comme alliés les monarchies pétrolières du Qatar ou de l’Arabie saoudite  qui ont directement ou indirectement financé les milices fondamentalistes et imposent à leurs peuples, aux femmes une dictature moyenâgeuse !

En continuité avec la politique de Sarkozy et la guerre en Libye, Hollande est intervenu au Mali, en Centrafrique et en Irak. Il s’est fait le champion d’une intervention en Syrie auquel les États-Unis se sont opposés.

Cette politique sert les intérêts des capitalistes en leur garantissant des marchés ou le contrôle des matières premières, notamment les sources d’énergies, en fournissant un marché à l’industrie d’armement.

Le gouvernement vient de décider une rallonge de 3,8 milliards des crédits de la Défense prévus jusqu’en 2019. Il impose l’austérité à la population, saigne le peuple grec mais trouve des milliards pour les interventions militaires qui ne font qu’alimenter le chaos, les dictatures et les terroristes.

 

3) Depuis que Hollande est arrivé à la présidence, il y a 3 ans, la gauche a poursuivi et accentué la politique de la droite entièrement soumise aux seuls intérêts du patronat, des classes dominantes, aggravant le chômage, la régression sociale, le désarroi et le mécontentement au sein des classes populaires.

L'impopularité grandissante du gouvernement Valls-Hollande provoque des doutes, des hésitations, dans sa propre majorité qui le conduit à une attitude de plus en plus antidémocratique comme l'illustre le recours au 49-3 pour tenter d'imposer la loi Macron. Cela conduit aussi le gouvernement à une politique de plus en plus répressive à l'égard du mouvement syndical ou de la contestation. Les relations se tendent avec les autres partis de gauche, comme lorsque Hollande compare la politique du FN avec celle du PC des années 70. 

Malgré le rejet de sa politique qui s'est exprimé à l'occasion des élections départementales, Hollande accentue l'offensive contre le monde du travail. Il applique docilement la politique du patronat face à la perte de compétitivité de l’économie française, pour tenter de rétablir le taux de profit. Il mène cette offensive en invoquant la lutte contre le chômage avec en ligne de mire le mirage de la croissance. En fait, les licenciements se multiplient car leur course à la croissance c’est d’abord la croissance des profits, ce qui implique une aggravation de l’exploitation, de la concurrence entre les salariés pour baisser le « coût du travail », une compression des salaires, une croissance des profits sans croissance de la production faute de secteurs concurrentiels et de débouchés. Leur politique est loin de réduire le chômage et prépare une nouvelle étape de la crise financière et de surproduction.

Dans le cadre du système, il n’y a pas d’autre politique économique possible pour tenter de relancer l’accumulation du capital. Aucune sortie de crise n’est possible par une politique de « relance » dans le cadre du système, et la rupture avec les politiques austéritaires n’est possible qu’en rompant avec le capitalisme, en expropriant les grands groupes capitalistes et en socialisant la production.

 

4) Les élections départementales indiquent une accentuation des traits dominants qui s'étaient exprimés lors des élections européennes.

La persistance de l'abstention, en particulier dans les quartiers populaires et les cités, la rupture du PS avec le monde du travail laissent la place à l'UMP encore en difficulté et surtout à la démagogie populiste du FN.

À droite, Sarkozy s'est imposé en ralliant le centre, politique de Juppé, tout en imposant à ce centre, plus soucieux de postes que d'idées, une campagne qui court après celle de Marine Le Pen. Il a ainsi réussi à préserver la position de l’UMP face à la montée du FN. En réalisant 25% dans un type d’élection qui ne lui est pas favorable, ce dernier confirme sa progression, Marine Le Pen est créditée d’environ 30% au premier tour d’une élection présidentielle. Sarkozy s’empresse pour essayer de capitaliser ce succès en liquidant l’UMP et en fondant sa machine électorale pour la présidentielle, « Les républicains ». Lui aussi tente de se donner une dimension bonapartiste de seul rempart contre le FN, face à son propre discrédit et celui de l’UMP, qui ne sont pas réduits par la victoire électorale. La bataille engagée entre l'UMP et le FN se déroule sur le même terrain social et politique celui de la gestion des affaires et des intérêts des classes dominantes. 

Le clivage principal entre eux, aux yeux de celles-ci, est la question de l'Europe. Sarkozy a une stratégie dans le cadre de l'UE, celle de Le Pen parie sur la crise voire l'éclatement de l'UE. Selon les circonstances, Sarkozy comme Marine Le Pen sauront, l’un et l’autre s’adapter, mais, aujourd’hui, la classe dominante n’envisage pas sa politique hors de l’euro et de l’UE ce qui, pour le moment, ferme la porte du pouvoir au FN. 

 

5) Cette situation est un des éléments qui expliquent la crise du FN. Dans sa stratégie de conquête du pouvoir visant à faire du FN un parti de gouvernement, Marine Le Pen a profité d’une énième provocation de son père pour le mettre à l’écart. Elle affirme ainsi son autorité sur le FN et sa propre stature de femme d’État. Elle veut aussi dépasser les divisions internes du FN pour le rassembler derrière elle.

La mise à l’écart de Le Pen père, le fait que la ligne Philippot l’emporte, ne minimisent en rien le danger que représente le FN, ni la pression réactionnaire qu’il exerce sur l’ensemble de la société, y compris le monde du travail. Elle ne l’affaiblit pas, donnant au contraire plus de crédibilité à sa mue en partie de gouvernement.

Il n’y a cependant rien d’inéluctable dans sa progression. Le monde du travail a les moyens de s’y opposer en reprenant confiance en lui, en unissant ses forces pour reprendre l’offensive pour construire une opposition ouvrière et populaire, internationaliste contre l’offensive du patronat et du gouvernement. Cela dépend en partie de notre capacité à incarner une alternative politique crédible, car la contre-offensive ne viendra pas du ciel mais d’une conviction qu’il est possible de reprendre le pouvoir sur nos vies.

 

6) Les forces qui aujourd’hui, à gauche, critiquent le gouvernement, sont surtout motivées par des calculs politiciens sans être réellement une opposition même sur le terrain parlementaire. Les Frondeurs au sein du PS restent tétanisés, incapables de s’opposer de façon un tant soit peu conséquente au gouvernement. EELV se divisent car ils sont tiraillés entre une composante la plus droitière, qui n’a pour ambition que d’accéder au pouvoir, et des secteurs militants issus de la gauche voire de la gauche radicale qui ne supportent plus la politique du gouvernement. Mais en pratique, ces différences sont mises au service des ambitions de ministrable d’un Placé ou de présidentiable de Duflot...

Les principales composantes du Front de gauche sont elles aussi incapables de développer une politique réellement indépendante. Le PC gère avant tout les intérêts de son appareil, prêt à conclure des alliances avec le PS, comme il l’a fait dans beaucoup de cantons aux départementales, comme il gouverne avec lui dans de très nombreuses municipalités et régions. La plus grande partie de l’appareil est ainsi lié à celui du PS. En même temps il doit encore tenir compte de ses liens avec une grande partie du mouvement social notamment au travers de la CGT. Mélenchon dirige le PG en fonction de ses ambitions présidentielles. Celui-ci est d’ailleurs au bord de l’implosion en raison du flou d’orientation et de l’autoritarisme du secteur dirigeant. Ensemble, notamment avec l’arrivée de la FASE, ne se donne pas les moyens d'exister, voire se laisse absorber dans le cadre des institutions (conseils municipaux, régionaux…). Bien des militants commencent à percevoir que le FDG est une impasse, mais certains ont aussi de fait abandonné toute activité politique pour se consacrer au syndicalisme. De la même façon, les Alternatifs ont subi une scission entre les secteurs les plus intégrés au FDG et ceux qui veulent conserver une indépendance. 

Les discussions que nous voulons avoir avec les militants des organisations du FDG ou que nous pouvons avoir avec leurs directions s'inscrivent dans la perspective de construire l'unité pour la défense des droits sociaux et démocratiques des travailleurs et des classes populaires sans craindre de souligner la contradiction entre cet objectif et leurs visées et calculs politiciens, institutionnels et l’impasse de leurs solutions réformistes. C’est le contenu que nous donnons à la bataille menée depuis l’élection de Hollande pour une opposition au gouvernement, à notre démarche unitaire comme dans le collectif 3A, pour la convergence des luttes dans les hôpitaux, les batailles dans les syndicats, etc. Les résultats de cette bataille sont modestes mais réels : les manifestations du 12 avril et du 15 novembre, le meeting du 7 avril contre la loi Macron, les liens avec les oppositionnels à Lepaon, tout cela a joué un rôle positif dans la clarification du positionnement d’une partie du mouvement ouvrier vis-à-vis du gouvernement. Cette bataille pour l’unité d’action, avec et dans les syndicats, est un élément central de notre orientation, contre la politique du gouvernement, contre le FN et le racisme, pour la campagne climat, pour la solidarité avec les classes populaires de Grèce et de l’État espagnol en toute indépendance de leurs gouvernements.

 

7) Bien que ni LO ni nous n'avions décidé de nous présenter aux départementales, leurs résultats comme les nôtres dans les quelques cantons où nous étions présents ne sont pas négligeables.

Dans les milieux populaires, dans le monde du travail nos idées rencontrent une réelle sympathie même si nos réponses politiques n'apparaissent pas crédibles en particulier sur le terrain des élections.

Malgré des rapports de forces très dégradés et un climat politique délétère, nous rencontrons un petit écho quand nous intervenons sous notre propre drapeau, pour défendre nos propres perspectives.

 

8) Le 9 avril a été l'occasion d'un regain militant surtout, si ce n'est exclusivement, au sein de la CGT qui était motivée plus par des raisons d'appareil que par une volonté d'en découdre avec le gouvernement. Bien que la grande majorité des salariés soit restée spectateurs, cette journée a  représenté pour bien des militants une bouffée d'oxygène, comme une rupture avec des mois de passivité et de crise dans la CGT. 

Cette journée est l’aboutissement d’une lente prise de conscience sur la nécessité de rompre avec le gouvernement dans les secteurs militants, et d’un ras-le-bol qui s’exprime à travers les de nombreuses luttes partielles en particulier sur les salaires à l’occasion des NAO. À défaut de perspectives, d’une volonté des directions syndicales d’œuvrer aux convergences le mécontentement s’expriment dans des luttes partielles ou locales : Radio France, nettoyage, commerce, Sambre et Meuse, transport routiers, etc. La féroce résistance du patronat et du gouvernement, la répression, imposent des conflits durs et longs aux résultats incertains et dont les bilans tirés par les salariés et/ou les équipes militantes qui les animent sont tout aussi incertains.

Toute la question est comment donner une suite à ce faible regain, des éléments de perspectives tant dans les luttes que dans qu’en terme de réponse politique.

Le 1er mai n'a pas été un nouveau pas en avant, notamment du fait de l’absence de volonté des directions syndicales, confirmée par le refus de la CGT d’appeler à une nouvelle date de mobilisation avant l’été. De ce point de vue, et en particulier dans le dialogue avec les militants des syndicats à ce sujet, nous pouvons nous appuyer sur la prise de position de l’UD CGT 76 en faveur d’une nouvelle date proche de mobilisation contre la politique du gouvernement. Derrière la discussion sur les dates, c’est la question d’un plan de lutte conséquent face à la stratégie de pression sur le gouvernement comme s’il était un « partenaire social légitime ».

Outre ce type de prises de positions syndicales, nous devons chercher les points d’appui pour élever le niveau de confrontation, en restant lucides sur les possibilités. En effet, il semble y avoir un décalage entre le niveau des manifestations plus ou moins massives, et les chiffres de grèves, moins élevés. 

L’appel à la grève des syndicats d’enseignants contre la réforme du collège le 19 mai, même s’il reste limité pour l’instant au second degré, sera une nouvelle occasion de faire entendre le mécontentement, de travailler à la généralisation du mouvement dans l’Éducation nationale, mais il sera difficile de surmonter l’absence de perspectives, conséquence de la politique des directions syndicales. Dans ce secteur où la grève a été bien suivie le 9 avril, l’intervention des militants du parti a eu un certain impact tant dans le regroupement des enseignants combatifs en Ile-de-France que dans l’annonce d’une nouvelle grève le 19 mai contre la réforme du collège. Nous avons dès le début cherché à faire de cette nouvelle date celle de l’ensemble du secteur même si ce n’est que localement qu’il y aura des enseignants du premier degré mobilisés ce jour-là.

Les perspectives de mobilisation dans la fonction publique notamment hospitalière devront aussi surmonter ces difficultés. Le mécontentement a besoin de s'armer d'une conscience politique, pas d'un débouché politique institutionnel, mais d'une conscience de classe capable de penser une politique pour les travailleurs.

Les secteurs les plus actifs sont confrontés à l’isolement, sans possibilité d'intervention nationale, sans coordination. Toutefois de nouvelles opportunités peuvent s'offrir à nous, la situation peut devenir explosive. Pour intervenir, nous avons besoin de trouver de nouvelles forces. Au sein de la CGT, s’ouvrent de nouvelles possibilités comme en atteste le congrès de la CGT santé, celui des transports ou différentes prises de position d’Unions départementales dont celle du 76  ou du 92, mais là encore faut-il que nous puissions avoir une politique, nous coordonner pour mettre en œuvre les décisions du congrès : contribuer à ce que se construise, au sein de la CGT en particulier, une opposition en rupture avec le dialogue social pour préparer l’affrontement contre le gouvernement et le patronat.

La construction d'un courant intersyndical « lutte de classe » est un objectif à engager dans ses formulations et tâches précises. Pour ce faire nous devrons nous adresser aux syndicalistes combatifs, qu’il faudra recenser à cette occasion, et aux structures où nous avons une certaine influence, en mettant en débat l’idée d’un appel large contre la politique du gouvernement et contre la stratégie du « dialogue social », ainsi que l’hypothèse d’une rencontre nationale à moyen terme.   

Si les liens maintenus avec les salariés de Paris 8 ou de Carrefour Market montrent qu’une intervention volontariste dans les luttes, même de l’extérieur, peut porter ses fruits, une intervention nationale déterminante est au-delà des possibilités actuelles du NPA car il n'est pas enraciné dans le mouvement ouvrier et ses secteurs-clé, faute notamment d’une intervention ouvrière suffisamment structurée et coordonnée. Nous avons besoin d'avoir une réflexion collective pour suivre les évolutions, élaborer une politique tant au niveau local qu’au CPN et au CE.

 

9) Nous faisons face à une aggravation des tentatives répressives à l’encontre des secteurs combatifs et des attaques qui visent directement nos militants. Le cas de Gaëtan est emblématique à cet égard. 

Les victoires existent sur ce front et elles sont pleines d’enseignements : victoire concernant Alain Pojolat, mais aussi les « 5 de Roanne » et les « 4 du Havre », liés aux franges combatives du PC et de la CGT. L’isolement n’est pas une fatalité : il est possible de construire une mobilisation et de mettre en échec la répression. 

Autour de Gaëtan, il s’agit d’un nouveau test concernant la capacité de notre parti à se défendre. Une victoire pour Gaëtan constituerait un sérieux encouragement, l’aspect large et internationaliste de la campagne menée jusqu’ici est un acquis pour l’ensemble du parti. Autour de cette question sensible, en particulier dans la jeunesse, il est également possible de mobiliser autour de nous et de nous construire. L’AG de 170 étudiant-e-s, puis la création d’un comité anti-répression à l’initiative des camarades du NPA à la fac du Mirail, ou encore le succès de la campagne de « selfies » dans plusieurs facs et lycées en témoignent.

La campagne autour de la révocation de Yann reprend de la vigueur après avoir fait du surplace : la date du 5 mai à Bercy (ministre de tutelle de La Poste) a été une réussite et une occasion de mobiliser plus largement que sur le seul cas de Yann.

 

10) Les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher ont fourni l’occasion d’une offensive de légitimation de l’État, menée de concert par toutes les forces politiques liées aux classes dirigeantes. Et il n’y a pas de réponse toute faite face aux multiples manifestations de cette opération.

Le secteur de l’Éducation nationale est particulièrement touché par l’instrumentalisation dont il a et va faire l’objet dans les mois à venir et précisément à la rentrée de septembre. Le livret intitulé « grande mobilisation pour les valeurs de la République » mêle le nouveau module « enseignement laïc du fait religieux » dans les ESPE à « la prévention de la radicalisation des jeunes ». Clairement, c’est un nouveau dispositif qui non seulement induit un enseignement directement idéologique mais de plus vise toute forme de contestation, bien au-delà de la question du départ d’adolescents en Syrie ! Nous devons donc dans ce secteur convaincre les collègues de refuser ce dispositif et de se positionner par le biais d’un appel sur lequel le secteur EN travaille et que les militants vont tenter de faire valider par leurs structures syndicales.

La loi sur le renseignement est une étape supplémentaire, au nom de la « lutte contre le terrorisme », dans l’offensive contre les droits démocratiques et les libertés individuelles : écoutes téléphoniques, surveillance d’internet, fichage généralisé, etc. Cette loi a été dénoncée par divers secteurs (associations, syndicats de journalistes et de magistrats…) et diverses mobilisations ont eu lieu, qui témoignent d’une prise de conscience et d’un refus, notamment dans la jeunesse, de l’offensive liberticide. 

Dans le même temps, le climat islamophobe continue d’être entretenu. Pour lutter contre tous les racismes (y compris l’antisémitisme), notamment contre la stigmatisation et la répression des immigrés, des musulmans, de la jeunesse des quartiers, nous devons combiner la construction de cadres de mobilisations antiracistes et le combat pour l’unité du camp des travailleurs.

Des luttes comme celle contre l’expulsion d’Alaa dans le 92 et pour sa régularisation, de même que la victoire récente des MIE qui ont obtenu l’engagement de scolarisation des jeunes et leur relogement, sont des points d’appui, ainsi que des luttes comme celle du 57 bd de Strasbourg à Paris. Lutter de manière conséquente contre le racisme c’est aussi se construire dans les secteurs ouvriers/d’exécution, et viser les secteurs les plus exploités qui recoupent en grande partie les secteurs immigrés ou descendants d’immigrés.

 

11) Notre travail pour développer notre intervention au sein du monde du travail est indissociable de celui de notre intervention dans la jeunesse. Les effets de la crise capitaliste touchent une large fraction de la jeunesse qui, même si elle ne se reconnaît pas dans les partis institutionnels, si elle est rétive à la politique telle qu'elle lui apparaît soit à travers les professionnels de la politique soit sous la forme de partis embrigadant leurs adhérents et usant du moralisme, se soucie de son avenir, de celui de la société et de la planète.

Nous avons besoin d’avancer dans la discussion sur la façon dont nous mettons en pratique un point qui faisait un large accord au congrès, le travail d'implantation dans la jeunesse est de la responsabilité de l'ensemble de l'organisation. Avec le secteur jeune, nous avons besoin de nous donner les moyens de confronter les expériences sur la façon de développer notre propagande dans la jeunesse sur les explications des effets et mécanismes de la crise de la société dominée par le capitalisme, pour faire connaître nos perspectives de transformation révolutionnaire, l'actualité du socialisme et du communisme.

 

12) Dans ce contexte, l’activité du parti doit combiner plusieurs axes d’intervention : 

- Une dénonciation et opposition radicales au gouvernement et à sa politique, ainsi qu'à la droite qui pour l'essentiel se situe sur le même terrain néolibéral, et une agitation sur la nécessité d’un mouvement d’ensemble en défense des salaires, de l'emploi, des conditions de travail, plus généralement des contestations des politiques dominantes, comme sur le terrain de l'écologie. À chaque fois que l’occasion se présente, le parti intervient dans les luttes en cours pour favoriser leur développement et la convergence avec d’autres secteurs. Cela implique une politique de front unique avec les autres organisations du mouvement ouvrier, sans que cela justifie la moindre adaptation au programme et à la politique de ces organisations.

- Une politique pour mobiliser, dans l'unité la plus large, en défense des droits et libertés démocratiques. Il est nécessaire de faire converger les mouvements et actions engagés sur ce plan, notamment face à la loi sur le renseignement, en défense de Gaëtan et de tous les condamnés, ou contre la révocation de Yann à La Poste. Le NPA s’efforce d’être un facteur d'unité et d'élargissement du front qui se construit sur ce terrain, tout en mettant en avant un programme qui, en défendant les droits et libertés actuels et en exigeant leur approfondissement, dénonce aussi la « démocratie » des riches et des capitalistes.

- Une politique d'explication et la construction de cadres de mobilisation face au danger que représente le FN, et contre les idées réactionnaires, xénophobes et racistes.

- Une politique pour informer et mobiliser autour des questions liées au changement climatique. Nous nous investissons dans la campagne de mobilisation à l’occasion de la COP21, échéance centrale quant aux problématiques écologiques, en articulant construction d’un front large, participation aux initiatives intermédiaires (week-end des 30-31 mai, rassemblement à Notre-Dame Des Landes les 11 et 12 juillet), et défense de nos propositions et solutions anticapitalistes.

- Une apparition politique propre, autour de nos idées et notre programme anticapitalistes et révolutionnaires, aussi bien sur le terrain électoral que sur celui de la propagande et de la construction. La question clé est de combiner la mise en avant de revendications transitoires, l’objectif d’un gouvernement des travailleurs et la perspective d’une société sans exploitation ni oppression.