Publié le Mercredi 4 décembre 2019 à 21h46.

Les textes adoptés par le CPN du NPA

Résolution sur la situation sociale et politique et la lutte sur les retraites

(52% des voix exprimées)

A une semaine de la journée de grève interprofessionnelle du 5 décembre, le climat social est de plus en plus tendu, signe certain d’une crainte au niveau du pouvoir autour de ce qui peut se nouer ces prochaines semaines. En effet, après la séquence des Gilets jaunes, la perspective d’une convergence des colères sous de multiples formes (grèves sectorielles, blocages, manifestations de masse) fragilise un gouvernement qui tente chaque jour de désamorcer la situation.

Dans ce contexte, nous devons prendre toute notre place dans le développement d’un mouvement massif et radical (en particulier autour de la question de la grève reconductible), dans l’expression du caractère politique du mouvement (au-delà de la seule question des retraites, le rejet du macronisme dans toutes ses dimensions antisociale, liberticide et autoritaire, raciste et islamophobe…), et dans la construction de l’unité nécessaire (travailleurEs en activité, retraitéEs et privéEs d’emploi, organisations de la gauche sociale et politique, Gilets jaunes et quartiers populaires...).

 

Deux mois de contestation tout-terrain

Les deux mois écoulés n’ont pas été de tout repos pour le gouvernement, tant mieux. Il commence à payer le prix de sa politique de guerre sociale qu’il mène depuis son arrivée au pouvoir, et sa politique est contestée sur de multiples fronts. Mobilisation historique du 20 au 27 septembre pour la justice climatique (plus de 7,5 millions de manifestantEs dans 185 pays) ; mobilisation contre la précarité étudiante suite à l’immolation à Lyon d’un jeune étudiant privé de bourse ; un droit de retrait devenu une grève spontanée massive à la SNCF en octobre ; des milliers d’hospitalierEs dans la rue le jeudi 14 novembre contre la casse de l’hôpital public, ainsi que d’autres secteurs comme les Finances publiques pour le maintien de leur service de proximité, le monde enseignant... ; premier anniversaire du mouvement des Gilets Jaunes qui, même numériquement affaibli, incarne la continuité d’une contestation de Macron, président des riches, sur l’ensemble du territoire ; manifestation antiraciste importante contre l’islamophobie le 10 novembre ; manifestation historique du 23 novembre contre les violences faites aux femmes (150 000 dans tout le pays, dont 50 000 à Paris)…

C’est un calendrier qui raisonne comme un ramassé de la situation, avec ses aspects positifs (une contestation portée à ébullition dans différents secteurs de la société) et ses limites (un éclatement qui peine à trouver la centralisation nécessaire à l’affrontement avec le pouvoir).

 

Macron n’arrive pas à éteindre les mécontentements

Afin que la convergence des luttes et les mouvements spontanés ne se développent pas à partir du 5, le gouvernement essaye ici où là d’éteindre l’embrasement naissant. Après la journée de grève et de manifestation historique des soignantEs, Macron a annoncé à grand bruit un « plan d’urgence » car il avait soi-disant « entendu » la colère du monde hospitalier. C’est pourtant l’image d’un gouvernement sourd et aveugle que donne ce troisième plan de sauvetage de l’hôpital annoncé en 6 mois. Pas plus que les précédents il n’apporte de réponse à la crise du secteur. Le gouvernement multiplie les effets d’annonce, mais sans répondre à l’essentiel, le manque d’effectifs et de lits, les salaires trop bas, les heures supplémentaires non payées, la dégradation incessante des conditions de travail. Après une nouvelle journée de mobilisation le 30 novembre, la question du 5 décembre reste posée dans ce secteur, avec des débats et des désaccords au sein du mouvement sur la place de la santé dans ce calendrier de la mobilisation.

Face à la précarité grandissante des étudiantEs, là encore la seule réponse de la part du gouvernement est clairement à côté de la plaque puisqu’il s’agit simplement de mettre en place un numéro d’appel d’urgence et d’annoncer que les bourses ne seront pas augmentées. Pour ce gouvernement, les jeunes peuvent donc continuer à « crever » !

 

Les retraites, question pivot de l’offensive contre le monde du travail

Alors que le gouvernement avait tenté de faire croire que le 5 décembre n’était qu’un appel de la RATP et de la SNCF pour « sauvegarder leurs régimes spéciaux », on peut mesurer autour de nous que de plus en plus de salariéEs du privé et du public comprennent que la réforme des retraites en cours est une réforme où touTEs les salariéEs de tous les secteurs d’activité seraient perdants. Face aux possibilités de plus en plus importantes de convergences, le gouvernement a multiplié les signaux pour désamorcer la contestation. 

Il a d’abord repoussé la réforme au-delà des élections municipales de mars 2020, puis a fait mine d’abandonner la notion d’âge-pivot à 64 ans. Il est prêt à jouer à fond le jeu de la division au sein du monde du travail, ciblant les régimes spéciaux, stigmatisant les « privilégiés », affirmant même que les grévistes du 5 décembre veulent « défendre les inégalités ».

Il a aussi tenté l’opposition entre travailleurEs de différentes classes d’âge, mettant en discussion la « clause du grand-père » qui consiste à n’appliquer la réforme, c’est-à-dire les reculs, qu’aux nouveaux entrants sur le marché du travail, renvoyant ainsi l’entrée en vigueur des retraites à points en 2060… En remballant aujourd’hui cette proposition (comme le montre les récentes déclarations de Darmanin et d’Édouard Philippe), il donne ainsi le signal de la confrontation qu’il prépare avec notre camp social.

Et dans le même temps, le fameux Conseil d’orientation des retraites (COR) dégaine un nouveau rapport jouant sur trois niveaux (niveau des pensions, des cotisations, âge de départ), en particulier en défendant la mise en place d’un « âge minimum du taux plein » : le retour au fameux « âge-pivot » parait-il abandonné…

Enfin, dans ce tableau, il faut aussi faire le lien avec la question des droits des femmes et la lutte pour gagner l’égalité réelle : gagner le retrait de la réforme est une priorité pour que les femmes, qui touchent déjà une pension inférieure de 39 % à celle des hommes, ne soient pas davantage pénalisées.

 

Convergence des colères et « grève politique »

Après la séquence des Gilets jaunes, la perspective d’une convergence des colères devient chaque jour un peu plus concrète : sur différents terrains et sous de multiples formes (grèves sectorielles, manifestations de masse, occupations et blocages). Le tout s’amalgamant dans un mouvement authentiquement politique de rejet de « Macron et son monde », le mot d’ordre de « Macron dégage ! », mais aussi celui d’un capitalisme toujours plus libéral et autoritaire.

La convergence de ces différentes colères, leur possible coagulation, trace les contours d’une opposition à ce pouvoir qui ne soit pas seulement sociale, revendicative, mais d’une véritable « grève politique » contre le macronisme. Dans la suite du départ de Macron exigé par les Gilets jaunes, la dénonciation d’un pouvoir de moins en moins démocratique (comme le montre la répression de masse de toutes les contestations) fait pleinement partie du mouvement. Le sentiment que Macron et sa politique devraient dégager est largement partagé, même si l’alternative à celui-ci n’existe pas. Dans un large champ, cela ouvre la voie à différents types de réponse institutionnelle, d’une Marine Le Pen qui attend tranquillement de récolter les fruits pourris d’une alternance inscrite dans les mécanos institutionnels de la cinquième République à un Mélenchon qui ne manquera pas de défendre… la dissolution de l’Assemblée nationale comme réponse à une possible crise de régime. Pourtant, l’instabilité de la période peut entraîner des accélérations inattendues, qui en tout cas n’attendront pas 2022…

Cela exige des anticapitalistes, que dans les cadres les plus larges, nous ouvrions aussi une série de discussions fondamentales. Comment sortir des institutions capitalistes, au service des classes dirigeantes ? Quelle démocratie, quel pouvoir pour les classes populaires ? Pour quelle société, écosocialiste, communiste, autogestionnaire ? Tous ces débats peuvent émerger dans une grève politique de masse, qui pose la question de l’affrontement entre ceux d’en haut et ceux/celles d’en bas, reposant les vieilles questions comme la Constituante, le double pouvoir…

 

Œuvrer à l’unité du mouvement

La question de l’unité est centrale dans le bras de fer qui commence. Dans une période d’atomisation du monde du travail, de dilution des solidarités collectives, que n’ont pas manqué d’entraîner les coups de boutoirs contre les législations protectrices et les droits des salariéEs public comme privé, la conscience d’appartenir à une même classe sociale ayant des intérêts communs a connu un recul historique.

Petit à petit, avec les Bonnets rouges, Nuit debout et maintenant le mouvement des Gilets jaunes, d’autres formes d’action, d’autres lieux d’intervention, sur une base plus géographique que d’entreprises, dans la rue ou sur les rond-points, ont émergé…

Les prochaines semaines doivent aider à résorber l’écart entre ces formes de lutte en articulant dans l’action ces différentes dimensions, et aider à reconstruire les contours du prolétariat en tant que classe pour soi.

La construction du mouvement doit se nourrir d’abord de revendications unifiantes mettant en avant des revendications communes pour notre camp, malgré sa grande hétérogénéité. Tailler en pièces les prétendus arguments de Macron, de ses sbires gouvernementaux et relais médiatiques ; ouvrir le mouvement à l’ensemble des revendications répondant aux urgences : de la question des retraites à l’ensemble de la protection sociale (en posant aussi des reculs sur l’assurance chômage, autre attaque majeure récente ciblant les privéEs d’emploi), des pensions misérables des retraitéEs à une lutte contre la vie chère, pour une autre répartition des richesses (où la question des augmentations de salaires est centrale, les fameux 10 % de PIB perdu depuis près de 40 ans par les revenus du travail au détriment du capital)...

Enfin, au cœur de la mobilisation, il s’agit aussi de multiplier les modalités d’action, de faire feu de tout bois. Bien sûr, pour gagner, il faut une grève de masse, s’appuyant sur les secteurs qui se profilent aujourd’hui comme possibles moteurs - les cheminotEs, la RATP, les enseignantEs... - entraînant le reste de la fonction publique, les grandes entreprises et plus largement si possible. Mais dans la suite de Nuit debout et du récent mouvement des Gilets jaunes, cette grève de masse va sans doute se combiner avec des formes d’action plus radicales, des manifestations sauvages, des actions, des blocages et autres occupations en dehors des lieux de travail. De même, l’auto-organisation ne peut se limiter à des AG d’entreprises : il faut que le mouvement trouve les moyens pour organiser, à la base, les travailleurs/ses de petites structures, du privé, les intérimaires, les auto-entrepreneurs/ses, etc.

La conjugaison de ces différents niveaux, s’appuyant sur différents secteurs du monde du travail, de la jeunesse, etc. constitue sans nul doute un des enjeux centraux de la période qui s’ouvre, résorbant en particulier la tension née des rendez-vous manqués successifs entre Gilets jaunes et mouvement ouvrier « traditionnel » depuis un an.

 

Construire la mobilisation, une question de fond

Le premier élément est toujours le fond sur lequel on mobilise. Le secteur public est le plus touché par la réforme, puisqu’elle fait tomber le calcul sur les 6 derniers mois, ainsi que les régimes spéciaux. C’est un socle sur lequel il faut construire, en montrant les ravages réalisés par la réforme, avec des pertes d’environ un tiers pour de nombreux fonctionnaires.

Dans le privé, les réformes ont déjà fortement réduit les pensions, mais la réforme actuelle aggrave encore les choses, avec des pertes de 10 à 15 % dans de nombreux cas (voir https://reformedesretraites.fr/dossier/), sans parler du fait que ces calculs se font à une valeur de point constante. Comme la réforme prévoit que les pensions ne doivent pas peser plus de 14 % du PIB, les baisses seront encore plus fortes.

La question clé est de savoir si un mouvement unifié, des cheminotEs à des secteurs importants du privé en passant par la fonction publique, va se construire et gagner. Pour cela, il faut des revendications unifiantes : le retrait de la réforme, le retour à l’égalité public-privé par le haut, l’augmentation des salaires sont des éléments, dans le contexte des luttes sectorielles qui existent déjà. L’opposition au gouvernement, dans la lignée du départ de Macron demandé par les Gilets jaunes, ou de la dénonciation d’un pouvoir de moins en moins démocratique comme le montre la répression de masse actuelle, en sont d’autres, à tester.

 

Au cœur de la construction de la lutte

Pour gagner, il faut une grève de masse, appuyée sur les secteurs qui se profilent actuellement comme moteurs : les cheminotEs, la RATP, les enseignantEs, et entraînant les autres fonctionnaires, les grandes entreprises et plus largement si possible. Cette grève de masse, à la suite de Nuit debout et des Gilets jaunes, se combinera sans doute avec des formes d’action plus radicales et en dehors des lieux de travail.

Mais les appareils syndicaux vont tenter de limiter la mobilisation à un coup de colère couvrant quelques jours de décembre (les 5 la grève, le 6 des reconductions, le 7 les manifestations contre le chômage... puis commencer à replier les troupes) et reporter la lutte à plus tard. Il n’y aura pas de grève interprofessionnelle majoritaire les 6, 9 et 10 décembre, mais une grève importante qu’il faut renforcer pour déstabiliser le pouvoir et donner confiance aux salariéEs, en particulier du privé. La question est de savoir si le 5 et la grève qui se poursuivra dans les jours suivants constituera une force d’entraînement suffisante pour déclencher une grève de masse, avec des temps forts de grève et de manifestation, susceptible de s’approcher d’une grève générale.

La question de l’auto-organisation est centrale pour le développement du mouvement. Sur l’action, nous bénéficions de points d’appuis, avec le positionnement d’une série de secteurs syndicaux (Solidaires, fédérations ou UD CGT) sur les nécessaires suites à la journée du 5 décembre, en particulier la question de la reconduction. Mais l’essentiel dépendra de la mobilisation réelle des secteurs. De plus, on voit déjà se dessiner le tableau d’une mobilisation très inégale entre le public (avec en son sein des secteurs discutant sérieusement de reconduire et d’autres non) et le privé, les entreprises (où la participation à la journée du 5 décembre est déjà un enjeu en soi). 

- Là où nous le pouvons, il faut appuyer la mise en place d’AG de secteurs professionnels sur les lieux de travail, dans les services publics et dans les entreprises. Ces AG précédant ou suivant la journée du 5 décembre doivent au plus près permettre à la fois de mobiliser pour cette journée et d’ouvrir la discussion sur les suites. Ce n’est pas un tout ou rien : on sait que la reconduction ne va (malheureusement) pas être possible partout pour le 6 décembre et trouver les formes les plus adaptés au rapport de forces locaux est un enjeu important, par exemple en proposant des grèves ajoutant des revendications sectorielles dans la semaine qui suit le 5 décembre. Lors de cette semaine, des grèves massives, même minoritaires, joueront un rôle important pour la suite.

- Tenir des AG centrales au niveau des villes, quartiers ou arrondissements, là où c’est possible. Mais notre objectif n’est pas le regroupement des secteurs radicalisés, mais que ces AG soient l’émanation de secteurs mobilisés et auto-organisés, que ce soit dans le cadre d’AG interpro locales ou d’AG professionnelles. Plus l’auto-organisation est construite à la base, plus elle a un poids et une possibilité de coordination réellement démocratique. L’auto-organisation se construit souvent sur des tâches pratiques : aller à la manif ensemble, distribuer des tracts dans les centres commerciaux, résister à la répression policière, etc.

- Pousser au positionnement des instances syndicales dont on est partie prenante : en faveur de la reconduction de la grève, de revendications unifiantes pour notre camp social (retrait du projet de loi, retraite à 60 ans / 55 ans avec 35 annuités, 75 % du meilleur salaire, pension minimum de 1800 euros...), pour l’auto-organisation...

- Constituer des collectifs locaux contre la réforme (qui sont parfois les seuls cadres dans lesquels des salariéEs du privés peuvent se mobiliser). De plus, contre la campagne que lancent déjà le gouvernement et la droite sur la « prise d’otage » des usagerEs des transports (« services minimums », etc.), il peut y avoir, en fonction des possibilités : des collectifs locaux d’usagerEs solidaires des grévistes, des prises de position d’organisations (syndicats, associations, partis) en soutien aux grévistes, etc. Ces contacts sont à prendre dès maintenant.

- Le 5 décembre et après, nous devons contribuer à trouver les moyens d’exprimer et de réunir l’aile marchante du mouvement. Quelques pistes : le jeudi 5 décembre en proposant de continuer symboliquement les manifestations vers les lieux de pouvoir, le 6 par des meetings de rue (secteurs en grève et soutien), le 7 par de nouvelles manifestations en convergence à la fois avec les Gilets jaunes et les marches de chômeurEs… Tout cela dépend largement de la dynamique autour du 5, des partenaires et configurations locales, etc.

 

Pour un NPA utile à la mobilisation

La colère est forte, déborde de partout : la disponibilité pour l’exprimer n’a jamais semblé aussi importante. Le jeudi 5 décembre marque le début du mouvement de grève reconductible à la RATP et à la SNCF et dans de nombreux secteurs pour obtenir le retrait de la réforme des retraites. Un peu partout, y compris hors du monde du travail, cette date fait sens pour enclencher une grande mobilisation pour faire enfin reculer ce gouvernement, en rassemblant toutes les colères. Mais nous le savons pertinemment, une seule journée de grève ne sera pas suffisante, il faudra continuer le 6 mais aussi le 7… et les jours qui suivront.

Le combat contre cette réforme n’est pas un combat pour défendre quelques acquis ici ou là mais un combat de fond, politique, « contre Macron et son monde », qui doit mettre en avant une question centrale : quelle société voulons-nous ?

Le NPA doit avancer ses réponses et aider à la construction d’un mouvement de grève massif et dans la durée. 

- Dans la suite de la feuille de route adoptée lors du dernier CPN, le NPA a proposé une tribune essentiellement de syndicalistes et de personnalités du mouvement social intitulée « En décembre, c’est tous ensemble ! Tous et toutes en grève reconductible à partir du 5/12 ! »

- En tant que parti, nous sommes signataires d’une tribune commune de représentantEs politiques (dont nos trois porte-parole) « Retraites : contre l’individualisme, nous choisissons la solidarité ». Si elle n’est pas parfaite, c’est un point d’appui pour constituer des collectifs locaux contre la réforme et pour faire entendre à la fois notre refus de la contre-réforme du pouvoir et le soutien politique et unitaire des partis de gauche aux « mobilisations syndicales annoncées pour le mettre en échec le 5 décembre, ainsi que les appels à la grève reconductible » (dixit la tribune).

- Dans notre expression propre, il ne faut pas hésiter à s’appuyer sur notre matériel : le journal, qui tentera au maximum de se faire l’écho de la mobilisation, affiche, 4 pages , autocollants autour des revendications que nous portons et de la nécessaire construction d’un « TouTEs ensemble » autour d’une grève générale pour bloquer l’économie…

- Pour centraliser les informations et coordonner notre activité, nous nous dotons d’une « direction quotidienne » composée des membres du CE et de militantEs de différents secteurs investis dans la construction du mouvement

- Enfin, bien sûr, il faut faire assurer la circulation des informations sur la mobilisation : appels syndicaux, compte-rendu d’AG, tracts unitaires ou de collectifs militants, etc.

 

Feuille de route

Entre 82% et 100% des voix exprimées selon le décompte

Nous sommes à la veille d’une mobilisation exceptionnelle qui s’inscrit dans une situation politique marquée par l’instabilité du système capitaliste, la vague de mouvements de masse contre les gouvernements libéraux et régimes autoritaires dans un nombre de plus en plus important de pays, mais aussi de l’émergence de mouvements à l’échelle international sur les droits des femmes et pour la justice climatique. 

L’enjeu est de tenter de renverser la vapeur, de construire un affrontement avec le gouvernement, d’infliger une défaite aux classes dominantes, et d’ouvrir les possibilités d’une contre-offensive face au capitalisme. Pour cela, nous avons besoin d’un mouvement d’ensemble, s’appuyant sur une grève de masse qui se généralise.

La question des retraites est un profond unifiant pour le prolétariat : elle a permis de donner corps aux colères sectorielles. La possibilité de gagner le retrait de cette réforme sera un enjeu majeur pour le rapport de forces entre les classes. Si elle est durable et d’autant plus si elle est victorieuse, la mobilisation va provoquer une crise politique, encore plus forte que celle provoquée par le mouvement des Gilets jaunes.

En tant que parti, le NPA peut jouer un rôle dans cette situation pour aider le mouvement à gagner et proposer des perspectives politiques : par l’action de ses militantEs dans le monde du travail et dans les syndicats et de tous ses membres, dans son expression via ses publications et ses porte-parole, en lien avec les milieux qui nous entourent et les secteurs combatifs.

Catalyseur du rejet du macronisme, la grève du 5 décembre va marquer de son empreinte la situation politique. Avec des taux de grève qui s’annoncent très forts dans le secteur des transports (SNCF, RATP…), dans l’Éducation nationale, La Poste et plus globalement dans la fonction publique… La force de la grève reste plus incertaine dans le privé, mais sera néanmoins d’une importance remarquable. Un succès du 5 ouvrirait la possibilité d’une convergence public-privé sur cette journée comme nous n’avons pas vu depuis un certain temps. Les choses semblent néanmoins plus compliquées à ce stade pour ce qui est de la reconduction de la grève.

Les directions syndicales confédérales veulent éviter l’affrontement avec le pouvoir, le limiter autant que possible ou diviser. Des fédérations cherchent aussi des compromis branche par branche avec le pouvoir. Mais cela nourrit des contradictions, en particulier sous la pression des salariéEs qui se mobilisent, et le calendrier des appareils a été bousculé. En s’appuyant sur cette pression, sur les prises de position de structures, il faut pousser à la reconduction dans le maximum de secteurs dès le 6 décembre, mais ce ne sera pas le cas partout. Nous devons donc utiliser tous les leviers pour construire cette grève dans la durée et en premier lieu en étant en grève dans un maximum d’endroits le 6.

Dans certains secteurs, la grève ne sera reconduite que la semaine suivante, sur un ou plusieurs jours. C’est un enjeu pour tout le public, mais aussi, malgré des difficultés plus importantes, dans le privé.

La construction de la grève doit se faire pied à pied, service par service, en convainquant les collègues d’une grève active et en s’appuyant sur la réussite annoncée du 5 pour construire le mouvement. Nous devons pousser à des assemblées générales sur tous les lieux de travail, si possible avant le 5, pour discuter des revendications, des suites du mouvement, de sa structuration et de son extension. 

Le développement de liens interprofessionnels est un outil capital, pour organiser les salariéEs qui ne peuvent pas s’organiser à l’échelle de leur entreprise, mais aussi pour aider les grévistes à prendre en main leur propre mouvement, et de lancer des éléments de coordination. Nous devons aussi nous battre pour un soutien de l’ensemble des organisations du mouvement ouvrier à la mobilisation pour le retrait de la réforme. Nous ne concevons pas les interpros ou les coordinations comme des substituts à la mobilisation à la base, qui ne regrouperaient que les éléments radicaux. La direction de la grève se construit au plus près des formes d’auto-organisation des grévistes dans les secteurs ou sur une base territoriale : assemblées générales, comités de grève, coordination des AG professionnelles, si possible avec des mandats, jusqu’au comité national de grève.

Ainsi, traçant les contours d’une direction du mouvement par les grévistes eux-mêmes, celui-ci doit se doter de son agenda de mobilisation, mettre sous pression les appareils syndicaux, locaux comme nationaux, pour de nouvelles de dates de grèves, de manifestations, d’actions, permettant de rythmer la construction du mouvement dans la durée. 

Nous devons aussi nous battre pour un soutien de l’ensemble des organisations du mouvement ouvrier à la mobilisation pour le retrait de la réforme. Dans ce cadre, nous poussons à des prises de position, locale comme nationale, des forces politiques en soutien à la grève du 5 et à sa reconduction. 

Dans ce contexte, la tribune « En décembre, c’est tous ensemble » peut servir de point d’appui. Publiée avant le 5, cette tribune continuera à être popularisée, nous servant d’outil de regroupement d’un large secteur militant (syndicalistes, politiques, intellectuels, etc.) en appui à la grève reconductible. 

Ce mouvement n’en restera pas à la question des retraites, il porte en lui le rejet de « Macron et son monde », de sa politique. Le NPA doit être identifié, dans l’ensemble de son intervention, sur quelques points :

- La bataille pour le retrait de la loi, mais aussi pour la retraite à 60 ans (55 pour les métiers pénibles) à 75% du meilleur salaire, pas une pension sous le SMIC, l’augmentation des salaires et le partage du temps de travail.

- La construction d’une grève générale, de la reconductible, s’appuyant sur l’auto-organisation des travailleurs/ses en toute indépendance de la politique des directions syndicales.

- La dimension politique du mouvement, la volonté largement exprimée de « dégager Macron ». Il s’agit d’orienter le mouvement contre le pouvoir politique, en faisant le lien avec les différents terrains sur lesquels sa politique est contestée (précarité dans la jeunesse, racisme, égalité des droits, justice climatique...) et la question démocratique, notamment face à la répression, et de l’illégitimité du pouvoir. Nous travaillons aussi à faire le lien entre la remise en cause de Macron, président des riches, dont la réforme est au service du patronat, et la remise en cause globale du système capitaliste dont il est un des meilleurs représentants. 

Pour centraliser les informations et coordonner notre activité, nous nous dotons d’une « direction quotidienne » composée des membres du CE et de militantEs de différents secteurs investis dans la construction du mouvement.

 

Motion antifasciste 

96% des voix exprimées

 

Les élections municipales qui s’approchent sont un enjeu central pour le RN qui comptent en faire un tremplin pour les régionales et les présidentielles. Elles doivent nous permettre de semer les premiers jalons de la reconstruction d’une riposte antifasciste de masse.

 

Le NPA

Lors de cette campagne mais aussi le reste du temps les comités font remonter à la CNAF les informations concernant l’activité de l’extrême droite (liste présenté, réunion publique…). Là ou nous menons campagne, le NPA fait de la lutte contre l’extrême droite, et en particulier le RN, est un des axes centraux.

 

De façon unitaire

Dans la continuité de la dernière réunion nationale de juin dernier, la CNAF organise une prochaine réunion unitaire en janvier avec nos partenaires traditionnelles. Cette réunion que nous cherchons la plus large possible est à l’origine une réunion de travail pour échanger sur l’état de l’extrême droite et mutualiser nos pratiques. Mais nous cherchons aussi à proposer des perspectives d’action. Lors de cette réunion, nous proposons de se saisir des municipales pour réactiver une activité unitaire antifasciste.

Nous proposons de ressortir avec une déclaration dénonçant le danger mortel que représente l’extrême droite tout en ciblant la responsabilité des politiques antisociales et réactionnaire, notamment racistes, mené par le gouvernement actuel et les précédents. Il ne s’agit pas pour nous de limiter la réponse à l’extrême droite aux campagnes électorales. Comme mesure concrète nous proposerons à chacun :

  • de se doter d’un matériel unitaire national (tract, 4 pages, affiches, autocollant) sur cette base politique,
  • de construire des initiatives contre l’extrême droite visant à lutter contre son influence partout ou c’est possible mais notamment dans les villes ou elle entend s’implanter et en premier lieu à Perpignan,
  • que des réunions unitaires aient lieu localement pour décliner ces perspectives,
  • de faire le bilan à l’issu de cette séquence afin d’envisager le maintien dans la durée d’une telle riposte antifasciste.

 

Motion pour la gratuité des transports en commun

100% des voix exprimées

 

Le NPA engage une campagne nationale pour la gratuité des transports en commun publics utilisés : bus, TER intercités, RER, métro, Tram… qui représentent les trajets du quotidien.

Le NPA décide de :

  1. - défendre la gratuité et le développement des transports en commun publics, sur les lieux d’intervention, par une campagne d’affiches, autocollants, brochures ou 4 pages. 
  2. - s’engager dans la campagne unitaire pour la gratuité des transports, sans casse sociale pour le personnel employé à la billetterie et au contrôle, et de signer l’appel * 
  3. - être à l’offensive sur la question de la gratuité des transports en commun pour que cette revendication devienne un point central du débat public, en particulier à l’occasion des municipales. 
  4. - populariser la gratuité pour la satisfaction des besoins vitaux : par exemple les premiers kWh et les premiers m3 d’eau doivent être gratuits. 

* Réseau national des collectifs agissant pour la gratuité des transports publics urbains-Liberté, Égalité, Gratuité ! http://reseau-transports.org