Publié le Dimanche 6 septembre 2009 à 08h49.

Slam au soleil...Université d'été du NPA.

Cette année, le slam a fait son entrée à l’université d’été. Avec Sylvie Combe de l’association Energie Slam, les militants ont été invités à manipuler les mots.

 

 

Jouer avec les mots est un exercice difficile. Faire rimer quelques phrases demande aussi une bonne dose d’imagination. Pourtant, lorsque Silvi Combe lance ses ateliers slam à l’Université d’été du NPA, pour tous les participants, c’est une révélation. Si durant deux fois une heure, les militantes et les militants se sont creusés la tête pour inventer des textes parfois drôles, parfois graves, pour chacun l’évidence est là : les mots sont une incroyable source de plaisir. Et pour le prolonger, lundi, une scène slam était ouverte à tous le temps d’une soirée.

Après avoir offert des mots en pagaille, Sylvie Combe suscite l’envie : un texte dit, c’est un verre offert ! De quoi motiver les plumes de toutes celles et de tous ceux qui étaient présents. Tandis que les participants de l’atelier slam montent tour à tour sur scène, au coin des tables, seuls ou en groupes, des chercheurs de rimes s’activent joyeusement. Lorsque Cynthia Siffer, surnommée Syn-Cha, prend le micro, une avalanche de mots transperce nos tympans. Des rimes percutantes rythment les slams de cette rappeuse à l’énergie incroyable. Après avoir enflammé la scène, en animatrice de talent, elle laisse le micro à ceux qui souhaitent offrir leur texte, tantôt avec malice, tantôt avec appréhension.

Finalement, par le biais de ces ateliers et de cette soirée, Sylvie Combe nous a rappelé à quel point échanger avec les autres ses émotions et son vécu est un acte incroyablement enrichissant.

Coralie Wawrzyniak 

Entretien « Le slam est un excellent outil de prise de parole »

Sylvie Combe, cofondatrice de l’association Energie Slam, nous expose son parcours et ses interventions comme slameuse...

Energie Slam intervient dans diverses structures pour animer des ateliers et des scènes ouvertes. Comment est née cette envie de t’investir pour cette association ? 

Sylvie : Je menais déjà des ateliers d’écriture dans des associations de quartiers auprès d’un public marginalisé et en grande précarité, au sein de ma propre association l’Ecrit Plume. Il s’est vite avéré qu’écrire n’était pas un enjeu en soi, mais qu’il fallait donner cette matière à voir, à entendre, à partager. D’où divers évènementiels que j’ai créés : lecture à voix haute, exposition, happening, etc. J’ai rencontré Muriel Gébelin, cofondatrice avec moi d’Energie Slam, lors d’une mini-scène slam en 2005. Nous avons discuté et, deux ans plus tard, elle m’a proposé d’assister à une scène slam sur Marseille. Nous y avons rencontré les slameurs marseillais de Slam Marseille, et de cette rencontre est né le projet de créer des scènes slam sur Toulon… et la nécessité de se monter en association.

Le slam a investi les établissements scolaires, institutionnels et culturels français comme les bibliothèques ou les écoles. Ton association intervient aussi dans ces lieux. Quel bilan tires-tu de ces interventions en milieu scolaire auprès des jeunes ? 

Sylvie : Ecrit Plume et Energie Slam interviennent effectivement dans ces différents lieux. Pour les scolaires, le bilan est largement positif puisque cela mobilise durablement des jeunes en difficulté (notamment ceux des lycées professionnels), tant sur l’expression de leurs ressentis au quotidien que dans des matières essentielles comme le français et le maniement de la langue (et tout ce qui touche la culture générale, la vie politique, la presse).
Tu as aussi un projet en direction des prisons, qu’est-ce que le slam peut apporter à des détenus privés de liberté et, de quelle manière vas-tu intervenir auprès d’eux ? 

Sylvie : Je suis effectivement en train de monter un projet pour la prison de La Farlède (à 10 km de Toulon). J’interviens sur la prison depuis janvier et les participants ont concouru au Printemps des poètes via l’hôpital de Fréjus (lecture/expo de leurs textes), ainsi que pour le 8 mars (journée internationale de la femme). C’est valorisant pour eux, et cela leur permet dans un premier temps de s’ « évader » par l’écriture, puis de communiquer entre eux par les lectures de leurs productions et, enfin, de démontrer à l’extérieur, que même s’ils ont commis des actes délictueux, ils n’en restent pas moins des êtres humains à part entière. 

Lors de cette première université d’été du NPA, un atelier que tu animais a permis aux militants de s’initier au slam, que penses-tu de cette initiative ?  

Sylvie : Super ! Le slam est un excellent outil de prise de parole (et de position dans l’espace). Le slam est écriture, lecture, interprétation. Il a aussi l’avantage de travailler sur les mots, leurs liens et leur unité, de jouer avec sans perdre le sens, d’aborder aussi la poésie par le cœur et non plus l’intellect.

Propos recueillis par C.W.